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Actualités - CONFERENCES DE PRESSE

Dans un réquisitoire contre la politique socio-économique du gouvernement Lahoud s'insurge contre le projet d'emprunt d'un milliard de dollars

Dans un réquisitoire contre la politique
socio-économique du gouvernement
M. Nassib Lahoud, député du Metn, s’est insurgé hier contre le plan du gouvernement d’emprunter un milliard de dollars pour les investir dans des projets urgents de développement des régions déshéritées, pour relancer le processus de retour des déplacés et pour améliorer certaines prestations sociales.
Dans une conférence de presse qui a pris la forme d’un véritable réquisitoire contre les orientations socio-économiques du Cabinet, M. Lahoud a estimé que le projet d’emprunt d’un milliard de dollars, qu’il a qualifié d’«annexe au budget, vise à gagner du temps et à faire avorter les mouvements revendicatifs comme la révolte des affamés».
Selon le député, le projet du gouvernement se divise en trois parties: emprunter un milliard de dollars, les dépenser et imposer de nouvelles taxes indirectes, comme l’augmentation du prix de l’essence.
«Cela s’inscrit parfaitement dans le cadre des orientations erronées que le gouvernement met en œuvre dans les domaines économique et social, a-t-il dit. Ces orientations sont caractérisées par un manque de vision. Elles amplifient les problèmes au lieu de les régler et épuisent les ressources nationales. Elles sont basées sur une hausse arbitraire des impôts, dont les pauvres et les classes aux revenus limités sont les premières victimes».
M. Lahoud a indiqué que la valeur et la répartition de l’emprunt que le gouvernement compte contracter ont été fixées au hasard, sans que soient prises en considération les priorités. «Pourquoi le Cabinet a-t-il choisi d’emprunter cette somme (un milliard) et non pas davantage ou peu moins? s’est-il interrogé. Conformément à quelle échelle des priorités a-t-il décidé de les investir? Qui a dit que la somme de 250 millions de dollars est suffisante pour régler le problème des régions déshéritées, ou celui des déplacés? Comment ces montants seront-ils dépensés?».

Sous la pression

M. Lahoud a déclaré que le gouvernement «ne possède pas de vision ou de programme de développement». «Il réagit uniquement lorsqu’il est soumis à des pressions et nous craignons que le projet d’emprunt d’un milliard de dollars vise seulement à gagner du temps et à faire avorter les mouvements revendicatifs comme la révolte des affamés, a ajouté le député du Metn. Nous craignons aussi que les sommes soient réparties conformément à des critères de loyauté politique ou sectaire comme nous a habitué ce pouvoir depuis des années. A moins que les prétendus projets de développement ne soient qu’un prétexte pour contracter de nouveaux emprunts et pour imposer de nouvelles taxes».
M. Lahoud a rejeté les arguments invoqués par le gouvernement pour emprunter un milliard de dollars, évoquant notamment «l’urgence» des projets de développement dans les régions déshéritées. «Ni le retour des déplacés, ni les besoins des régions pauvres, ni l’insuffisance du nombre des écoles ne sont des problèmes apparus soudainement, a précisé le député. Seuls des événements imprévus au Liban-Sud, comme une agression israélienne, peuvent revêtir un caractère d’urgence. On se demande alors pourquoi le gouvernement a subitement décidé d’emprunter un milliard de dollars».
«Le Cabinet ne sait pas prévoir les besoins élémentaires du pays, notamment dans le domaine social (...), a poursuivi M. Lahoud. Le projet d’emprunt d’un milliard de dollars est en fait une annexe au budget. Dans les Etats qui se respectent il n’est pas permis que le gouvernement propose un tel projet sept mois après l’approbation de la loi de finances. Et le Parlement ne doit pas autoriser des dépenses de cette importance, ni l’imposition de nouvelles taxes si elles ne s’inscrivent dans le cadre général de la politique fiscale de l’Etat».

La dette publique

M. Lahoud a encore dit: «La dette publique de la République était de 12,5 milliards de dollars au 15 août 1997, selon les chiffres officiels, dont 10,3 milliards de dette interne et 2,2 milliards de dette externe. Jusqu’au mois de juin dernier, le Conseil du développement et de la reconstruction avait signé des contrats pour 3,8 milliards, dont 3,1 milliards ont déjà été trouvés. Il faut ajouter à cela les 800 millions d’euro-obligations. Ce qui veut dire que la dette externe du Liban est de l’ordre de 4 milliards de dollars. La question qui se pose aujourd’hui est de savoir si le Liban peut supporter une dette supplémentaire d’un milliard de dollars. Si l’argent emprunté est investi dans des domaines productifs susceptibles de permettre son remboursement, nous aurions sans hésiter accepté le principe du nouvel emprunt. Mais c’est dans des secteurs improductifs que le gouvernement compte dépenser cet argent».
M. Lahoud a souligné que le dénominateur commun des nouvelles taxes indirectes que le Cabinet projette d’imposer, comme l’augmentation des prix de l’essence, réside dans le fait qu’elles sont «injustes parce qu’elles traitent sur un même pied les riches et les pauvres, alors que leurs revenus ne sont pas similaires. Résultat de cette situation: les riches vont s’enrichir davantage, les personnes aux revenus moyens vont s’appauvrir et les démunis vont devenir encore plus pauvres. Cela ne sert pas la stabilité et la prospérité du pays».
«Comment le gouvernement ose-t-il demander aux citoyens de consentir de nouveaux sacrifices, alors que le gaspillage des deniers publics est à son apogée et que tous les jours de nouveaux scandales éclatent», s’est interrogé le député.
M. Lahoud a déclaré qu’il ne donnera pas son aval à l’imposition de nouvelles taxes tant que la perception des impôts n’est pas étendue à toutes les régions du pays, soulignant dans ce cadre que de nombreuses personnes ne s’acquittent pas de leurs taxes. Il a appelé à la réforme du système fiscal, dont dépend, selon lui, l’avenir du Liban.


Dans un réquisitoire contre la politique socio-économique du gouvernementM. Nassib Lahoud, député du Metn, s’est insurgé hier contre le plan du gouvernement d’emprunter un milliard de dollars pour les investir dans des projets urgents de développement des régions déshéritées, pour relancer le processus de retour des déplacés et pour améliorer certaines prestations...