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Actualités - CHRONOLOGIE

Les habitants d'Alger prennent leur défense en main

Haches, couteaux, barres de fer, cocktails Molotov, sirènes d’alarme: les habitants d’Alger continuaient à prendre leur défense en main et à s’armer hier, dans un climat de psychose sans précédent.
Le massacre de 63 habitants de la banlieue proche d’Alger de Béni Messous vendredi dernier a encore accéléré la mobilisation des Algérois, alors que les autorités gardaient le silence et que les rumeurs les plus folles et les mouvements de panique se multiplient. D’ailleurs, les journaux algérois annonçaient hier un nouveau massacre de sept civils perpétrés dans la nuit de dimanche à lundi par les islamistes (VOIR AUSSI PAGE 7).

D’abord limitée aux quartiers périphériques, proches de la plaine de la Mitidja, où se concentraient les massacres, la psychose s’est étendue à la plupart des quartiers d’Alger (plus de 3 millions d’habitants).
Elle s’est encore accrue après le massacre dans des conditions horribles, d’au moins 63 personnes à Béni Messous.
Le quotidien arabe «Al-Hayat» a affirmé hier que l’armée avait été placée en «état d’alerte maximum» et que des pressions avaient commencé d’être exercées sur le président Liamine Zéroual pour qu’il décrète l’état d’exception et instaure le couvre-feu.
Le quotidien cite un «haut responsable» non identifié.
Dans les quartiers qui surplombent Bab el-Oued, comme Beaufraisier, Beauséjour, Zghara, Notre-Dame d’Afrique et la banlieue ouest, les habitants ont stocké des cocktails Molotov, des haches, des pioches, des marteaux, des barres de fer.
«J’ai fait le tour des magasins, hier, impossible de trouver une seule hache», a raconté un employé.
Ces groupes d’autodéfense improvisés montent la garde la nuit. La journée, la situation apparaît, en apparence, presque normale.
A Béni Messous, des hommes armés de haches étaient visibles hier matin sur les lieux de la tuerie, en partie désertés.
D’autres ont acheté des projecteurs, des sirènes, pour donner l’alerte en cas d’attaque. Des tours de garde sont organisés dans les quartiers, y compris ceux résidentiels, comme Bouzaréah.
Les voitures sont fouillées, les passagers contrôlés. Même des enfants de dix ans participent à la protection des quartiers. Dans des quartiers périphériques, les buissons ont été brûlés pour dégager la vue.
Certains quartiers, près de l’Oued de Béni Messous ont été désertés, de même que des villages à flanc de colline, proches de la forêt de Baïnem, par endroits, certaines familles ont fait partir les femmes et les enfants, tandis que les hommes sont restés.

Pouces coupés

Certains affirment ne plus aller à leur travail. «Comment peut-on aller à son travail et laisser sa famille au risque de la retrouver égorgée», explique un homme cité par le quotidien «Liberté».
Des fausses alertes sont fréquemment signalées. Symbole de la psychose qui gagnes du terrain, une rumeur enfle, reprise par la presse.
Elle prétend que les dernières attaques ont été menées par des assaillants à l’aspect terrifiant: crâne rasé, les sourcils brûlés, la barbe teinte au henné et l’index coupé pour ne pas prononcer la profession de foi islamique.
Ces hommes portent parfois un bandeau avec l’inscription en arabe: «Les révoltés contre Dieu». Ils hurlent comme des loups.
«Ils est normal que dans un souci de se protéger inconsciemment de l’horreur qui l’entoure, le simple citoyen tend à se construire sa propre image de l’assassin. Lui ôter sa qualité d’être humain pour l’assimiler à une bête sauvage(...)», commentait le quotidien (pro-gouvernemental) l’Authentique.
Les journaux d’Alger titraient hier sur cette psychose et rapportaient la mort de 7 nouveaux civils à travers le pays et l’enlèvement d’un maire. «La peur et les rumeurs», selon «Liberté», «Les habitants de la périphérie d’Alger» se soulèvent contre le terrorisme», selon «El-Khabar», «les citoyens en alerte», pour «El-Watan», les «Algérois se mobilisent», selon l’Autentique.
De nombreux habitants mettent ouvertement en cause l’incapacité des forces de sécurité à les défendre, voire leur «passivité».
«C’est honteux, la télévision d’Etat a passé sous silence le massacre de Béni Messous, et nous a montré les obsèques de Diana. Sommes-nous des chiens?», expliquait hier un homme.(AFP, Reuter)
Haches, couteaux, barres de fer, cocktails Molotov, sirènes d’alarme: les habitants d’Alger continuaient à prendre leur défense en main et à s’armer hier, dans un climat de psychose sans précédent.Le massacre de 63 habitants de la banlieue proche d’Alger de Béni Messous vendredi dernier a encore accéléré la mobilisation des Algérois, alors que les autorités...