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Actualités - CHRONOLOGIE

Bataille juridique autour de la fortune de Mobutu

La mort en exil de Mobutu Sese Seko, décédé dimanche d’un cancer à Rabat où d’ailleurs il va être inhumé «provisoirement», aura probablement pour suite des démêlés juridiques centrés sur sa fortune, placée dans de nombreux comptes bancaires et des propriétés en divers points du monde, déclaraient hier des responsables helvétiques (VOIR AUSSI PAGE 8).
Les avoirs de l’ex-président zaïrois laissent prévoir une bataille contre les divers membres de sa famille et le nouveau gouvernement de Kinshasa, résolu à récupérer des fonds publics détournés en 32 ans de régime personnel.
«S’il y a vraiment beaucoup de millions en Suisse, il y aura des appels pour leur restitution», note un responsable suisse en demandant à conserver l’anonymat.
D’après les médias helvétiques, la fortune de Mobutu s’est élevée autrefois à quatre milliards de dollars, mais les banquiers suisses doutent que le pays en abrite encore une part substantielle et certains experts estiment ces fonds dépensés ou prélevés de longue date.Le gouvernement suisse a gelé les avoirs de Mobutu, y compris sa luxueuse maison de 30 pièces des environs de Lausanne estimée à 5,5 millions de dollars, après son renversement par les rebelles de Laurent Kabila en mai. Des recherches menées auprès des banques n’ont fait émerger jusqu’ici «que» quelques millions de dollars.

Complications

En juillet, la Belgique a aussi bloqué les avoirs de l’ex-dictateur à la demande de Kinshasa.
Selon des responsables suisses, le décès de Mobutu est de nature à prolonger le recensement des avoirs.
«La mort de Mobutu va compliquer la procédure. On ne peut pas engager de procédure pénale contre un mort», a dit un porte-parole du département (ministère) de police et justice. «La procédure continuera. Une fois que nous aurons plus de précisions (de Kinshasa) au sujet des fonds, nous déciderons de ce qu’il y a lieu de faire».
Un porte-parole du département fédéral (affaires étrangères) a dit que les membres de la famille de Mobutu — indésirables depuis mars dans le pays où ils séjournaient souvent naguère — se verraient refuser des visas s’ils en réclamaient.
D’après la presse, un fils de Mobutu éduqué en Suisse, Kongolo, avait créé une société à Martigny pour transférer sur des comptes bancaires de la famille des fonds provenant de l’exploitation minière de l’ex-Zaïre.
Mais les banquiers suisses estiment que les recherches se révéleraient plus fructueuses aujourd’hui hors de la Confédération. «Il serait plus intéressant de savoir ce qui se passe dans d’autres pays qui n’ont pas gelé les avoirs de Mobutu», note Michel Derobert, secrétaire général de l’association des banques privées suisses.
Les biens immobiliers de Mobutu sont disséminés en Afrique et en Europe. A Goma, dans l’est de son pays, il possédait un palais «kitsch» avec chandeliers de plastique et faux marbres. On lui connaît un luxueux appartement parisien, commodément situé près du fabricant de ses toques en peau léopard, et une villa sur la Côte d’Azur.
Mobutu passait pour avoir fait construire hôtels et propriétés en Afrique du Sud, au Sénégal en Côte d’Ivoire et au Maroc et il était propriétaire d’un domaine en Algarve (Portugal) doté d’une cave de 14.000 bouteilles ainsi que d’une villa et d’un hôtel en Espagne.
Même si d’autres avoirs de Mobutu sont découverts en Suisse, ils pourraient être pris en compte dans les procédures judiciaires, aussi le gouvernement de Kinshasa devra-t-il patienter avant d’en voir la couleur. On s’escrime encore devant les tribunaux suisses autour des fortunes du dictateur philippin Ferdinand Marcos ou du Haïtien Jean-Claud «Bébé Doc» Duvalier (Reuter, AFP)
La mort en exil de Mobutu Sese Seko, décédé dimanche d’un cancer à Rabat où d’ailleurs il va être inhumé «provisoirement», aura probablement pour suite des démêlés juridiques centrés sur sa fortune, placée dans de nombreux comptes bancaires et des propriétés en divers points du monde, déclaraient hier des responsables helvétiques (VOIR AUSSI PAGE 8).Les avoirs de...