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Actualités - ANALYSE

La balance interne plus déséquilibrée que jamais...

Mieux vaut tard que jamais: la quasi-totalité des loyalistes venant de l’Est avouent maintenant que le système les déçoit fortement et les marginalise... systématiquement. Ils font en effet ce constat statistique: aucune, mais vraiment aucune, des propositions faites par le président Hraoui ou par d’autres pôles pour atténuer les déséquilibres rompus au détriment du camp chrétien ne passe et chaque idée qui va dans ce sens est combattue à mort, comme si elle émanait du diable.

On l’a vu récemment pour Jezzine où les plaintes d’une population opprimée n’ont suscité que des réactions hostiles, émaillées des pires accusations.
On le voit également tout le temps pour ce qui est de Taëf, de son application complète, revendication on ne peut plus légitime et pourtant taxée de «suspecte», la moindre évocation de la souveraineté nationale se trouvant assimilée à de la «haute trahison»! En pratique, comme nul ne l’ignore, les clauses de Taëf qui ont été concrétisées (bien mal d’ailleurs) jouent en faveur d’une seule fraction, tout ce qui peut intéresser l’autre camp restant lettre morte, d’où la dislocation de cette entente nationale que le pacte en question devait initier.
Le barrage est si fort qu’il intercepte même les suggestions ou les demandes qui ont un caractère purement national et non partisan. On se rappelle de la sorte le «non» véhément opposé aux amendements constitutionnels proposés il y a quelques mois par le président Hraoui. Ces retouches, de toute évidence, n’allaient pas redonner à la présidence de la République les prérogatives que Taëf lui a arrachées. Elles n’allaient pas non plus modifier les rapports de force politique sur la scène locale. Tout ce qu’elles visaient c’était de gommer certaines bévues illogiques du texte constitutionnel entraînant automatiquement des dysfonctionnements institutionnels, apparus à la pratique. Le chef de l’Etat a eu beau insister, ses partenaires au sein du pouvoir ont freiné des quatre fers, enterrant le dossier sous l’extraordinaire et fallacieux prétexte qu’il valait mieux «ne pas ouvrir un débat pouvant provoquer un conflit», (!) alors que les suggestions présidentielles, marquées au coin du bon sens, ne donnaient prise à aucune contestation technique...

Mauvaise volonté

En effet ces propositions se limitaient à la question des délais et n’abordaient même pas des lacunes graves — mais pouvant donner lieu à des polémiques — de la Constitution, comme l’inexistence de toute solution quand le chef de l’Etat et le premier ministre désigné ne sont pas d’accord sur la formation d’un nouveau gouvernement...
Le projet d’unification des statuts personnels et de mariage civil facultatif également défendu par le chef de l’Etat, qui cite l’exemple de nombreux Etats arabes, a subi le même sort de relégation. Mais là, il faut le reconnaître, ce sont surtout les instances spirituelles, inquiètes pour leurs privilèges qui sont montées au créneau...
Aujourd’hui le projet contesté c’est la nationalité libanaise qu’à l’occasion de son voyage au Brésil M. Hraoui veut faire redonner aux émigrés. Il en avait été question durant le Conseil des ministres qui a précédé le départ du chef de l’Etat et il y avait eu, sans vote, approbation tacite du projet de loi qui devait donc être adressé ensuite à la Chambre des députés. Mais dès le lendemain il y a eu une terrible levée de boucliers contre et certains ministres se sont rétractés, MM. Walid Joumblatt, Mohammed Abou Hamdane et surtout M. Mohsen Dalloul se déchaînant contre «ce projet de discorde...» aux dires du ministre de la Défense. Les objecteurs posent des conditions qui ne leur étaient pas venues à l’esprit lorsqu’il s’était agi en 1994 de naturaliser quelque 200.000 étrangers. Ainsi on veut que les émigrés soient installés au Liban et que leur filiation n’entre pas en ligne de compte, double contradiction aussi absurde que visiblement obstructionniste. Selon les parties hostiles au projet «le droit du sol doit primer le droit du sang», ce qui en matière de nationalité est une première universelle...

Controverse

Une controverse regrettable et dont le pays politique aurait pu faire sans peine l’économie car en pratique il y aura très peu de Libanais d’origine qui voudront reprendre la nationalité libanaise car la plupart des pays-hôtes où ils sont installés, souvent depuis des générations, n’admettent pas la double nationalité. Tout le monde le sait et il semble donc que si l’on a fait tant d’histoires autour du cadeau symbolique que M. Hraoui voulait offrir aux quelque six millions de Brésiliens d’origine libanaise, c’est surtout pour faire échouer sa visite dans ce vaste pays et pour le bisquer... Sans se rendre compte du fâcheux effet que cela produit sur l’image de marque du pays et sur les investisseurs potentiels installés au Brésil... Ou ailleurs.

E.K.
Mieux vaut tard que jamais: la quasi-totalité des loyalistes venant de l’Est avouent maintenant que le système les déçoit fortement et les marginalise... systématiquement. Ils font en effet ce constat statistique: aucune, mais vraiment aucune, des propositions faites par le président Hraoui ou par d’autres pôles pour atténuer les déséquilibres rompus au détriment du camp...