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Actualités - ANALYSE

Résultat de la mésentente entre taëfistes : pas de cadeau aux originaires...

Le Brésil compte, semble-t-il, huit millions de résidents d’origine libanaise. A ces semi ou simili-compatriotes, le président de la République qui se rend dans cet immense continent à la tête d’une délégation «à la hauteur» (pas moins de sept ministres et leurs collaborateurs, sans compter les gardes du corps et les journalistes) compte offrir un cadeau de choix: pouvoir récupérer facilement, s’ils le souhaitent, la nationalité libanaise.
Une décision avait été prise dans ce sens, comme on sait, par le Conseil des ministres qui a précédé le voyage du président... Mais, à l’étonnement des loyalistes pour qui tout cela est trop gentil pour qu’on y trouve matière à redire, la décision a soulevé beaucoup de remous dans les cercles politiques, provoquant des déclarations variées de ministres, de parlementaires et de pôles d’influence divers. Ce qui amène le chef du gouvernement lui-même à entamer une rétractation en laissant entendre que la question serait réexaminée.
En fait, comme Taëf (ou plutôt sa mauvaise application systématique) suscite automatiquement des conflits, les protestations émanent de cercles non chrétiens, mahométans et progressistes, les critiques les plus remarquées ayant été développées par les ministres Walid Joumblatt, Mohsen Dalloul et Mahmoud Abou Hamdane.
«La preuve, si besoin en était, qu’on s’éloigne de plus en plus de l’entente nationale et qu’on continue les menées qui visent à annihiler complètement notre présence politique», affirme un ancien ministre de l’Est. Il relève que «même les dirigeants chrétiens au service du système, quel que soit leur rang, s’aperçoivent ces derniers temps que les haririens, avec le secret contentement (pour ne pas dire le consentement) des décideurs, veulent raser le champ chrétien pour en occuper l’espace. Des attaques sont ainsi systématiquement lancées contre ces «représentants des chrétiens», dont certains ont d’ailleurs la décence de reconnaître que le camp chrétien est très peu et très mal représenté».
«Mais en attendant que cette «liquidation» en règle soit parachevée, l’Etat libanais se retrouve affaibli par ses contradictions, par les tiraillements entre ses figures de proue, incapable de prendre une décision, bonne ou mauvaise. Ainsi, si on peut se féliciter que la flambée de l’essence ait été bloquée, ou à tout le moins retardée et éventuellement atténuée, on ne peut que regretter l’annulation de la réintégration des Libanais d’outre-mer. Il y a là un énorme manque à gagner sur le plan national. Parce qu’il faut bien comprendre une chose: ces Libanais d’origine ne vont certainement pas, dans leur quasi totalité, revenir vraiment vivre ici ni surtout y faire de la politique. Par contre, s’ils ont un passeport libanais, ce qui est toujours agréable, ils seraient beaucoup plus tentés de passer les vacances ici et aussi d’y investir, d’y soutenir les associations caritatives ou culturelles de leurs villages d’origine etc. Alors, si on proteste soi-disant au nom des équilibres on a tort: ils ne seront pas rompus par le retour des membres de la diaspora dans la nationalité libanaise... ni même rétablis, car cette fameuse balance est définitivement déstabilisée tant par les pratiques répressives qui ont exclu le camp chrétien que par les décrets de naturalisation de 1994 qui ont rallongé de plus de 200.000 noms la liste des autres communautés».
«On peut s’étonner d’autre part, poursuit cet opposant, qu’une fois de plus des ministres, voire leur chef, se démarquent de la position officielle et dénoncent en public une décision prise par le Conseil des ministres que sur l’heure, d’après ce que nous apprenons, ils n’avaient même pas discutée! M. Dalloul veut poser aujourd’hui des conditions — pour contrer un «projet de discorde» — qu’on aurait bien aimé lui voir formuler lors des décrets de 94. S’il devait être conséquent avec les idées qu’il développe, il aurait dû les avancer alors et il aurait été le premier des opposants à ces mêmes décrets qui n’avaient suscité de sa part aucune réticence. Les oublis du ministre Dalloul sont d’autant plus étonnants qu’aujourd’hui il ne s’agit pas de naturaliser quelqu’un mais de reconnaître le cas échéant que c’est à tort qu’il a été déchu de sa nationalité libanaise. On sait en effet que c’était un simple problème de communication: quand l’Empire turc est tombé, les peuples concernés ont dû se déclarer sur leur nationalité, en 1924, et les émigrés n’en avaient pas été avisés... Ce n’est en tout cas pas avec des propos démagogiques et confessionnalistes qu’on gère sainement un pays. Plus grave encore, les dirigeants trahissent leur mission essentielle en ne se mettant pas d’accord sur des principes aussi vitaux sur le plan national que l’indépendance, les libertés, l’autonomie de décision et la souveraineté...», conclut cet opposant.

Ph. A.-A.
Le Brésil compte, semble-t-il, huit millions de résidents d’origine libanaise. A ces semi ou simili-compatriotes, le président de la République qui se rend dans cet immense continent à la tête d’une délégation «à la hauteur» (pas moins de sept ministres et leurs collaborateurs, sans compter les gardes du corps et les journalistes) compte offrir un cadeau de choix:...