Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

La tournée d'Albright au Proche-Orient : une grande inconnue

On s’inquiète à Damas de la tournure que prendra la prochaine visite dans la région du secrétaire d’Etat américain, Madeleine Albright.
C’est du moins l’impression des responsables libanais qui se sont rendus récemment dans la capitale syrienne. Quelles nouvelles idées Mme Albright pourrait-elle apporter en vue d’un règlement de la crise proche-orientale? L’approche de Washington dans ce cadre rejoindra-t-elle enfin les prises de position syriennes maintes fois réitérées, à savoir: un retour aux principes énoncés lors de la conférence de Madrid et aux résolutions internationales de l’ONU? En un mot, reviendra-t-on à la formule des «territoires contre la paix» pour relancer les négociations, ou continuera-t-on à privilégier l’aspect sécuritaire dans le seul but de rassurer l’Etat hébreu? Dans un tel contexte, il est évident que Mme Albright demandera à Damas de calmer le jeu au Liban-Sud avant de discuter des fondements de la paix.

La guerre et la paix

Que répondra la Syrie à de telles propositions? Si elle affirme au secrétaire d’Etat américain que la sécurité est tributaire de la paix globale dans la région et que la résistance libanaise à l’occupation israélienne est un droit légitime, Mme Albright devra sans doute rétorquer que la violence n’aboutit pas nécessairement à la libération d’un territoire. Preuve en est, ajoutera-t-elle, qu’aucune des guerres israélo-arabes n’a abouti à la paix. Il a fallu que les pays ennemis acceptent de négocier pour parvenir à une paix entre Israël, d’une part, l’Egypte, l’OLP et la Jordanie, d’autre part. En toute logique, Washington estime ainsi que seuls des pourparlers syro-israéliens et libano-israéliens permettront d’aboutir à une paix globale dans la région.
Selon le département d’Etat, la résistance libanaise au Sud n’a guère permis de réaliser des progrès au niveau d’un règlement de la crise ou d’un retrait des Israéliens de la zone occupée. Les Israéliens sont, plus que jamais, déterminés à demeurer au Liban et malgré toutes les pertes qu’elle a subie, l’«Armée du Liban-Sud» n’envisage pas non plus d’évacuer les territoires sous son contrôle.

Préparatifs syriens

Les responsables à Damas passent en revue toutes les possibilités et tous les scénarios en prévision des pourparlers qu’entamera dans la région le secrétaire d’Etat américain. Mais peut-on attendre de ces négociations autre chose qu’un dialogue de sourds, dans la mesure où Mme Albright insistera sur la sécurité avant toute restitution de terres?
Les observateurs politiques se demandent d’ailleurs pourquoi Madeleine Albright a décidé d’englober la Syrie dans sa tournée proche-orientale, alors que celle-ci n’y était pas incluse au départ. Est-ce pour relancer les négociations syro-israéliennes et apaiser la situation au Liban-Sud? Mais, une fois réglé le litige palestino-israélien, Mme Albright ne risque-t-elle pas de donner carte blanche à l’Etat hébreu pour agir à sa guise par rapport au Liban et à la Syrie?
En réalité, les observateurs semblent exclure une telle éventualité du fait que Mme Albright est, elle-même, convaincue de l’inanité de la guerre qui ne peut conduire qu’au chaos.
Il reste que cette tournée est cruciale pour la région puisque l’avenir est pratiquement tributaire de son succès ou de son échec...
E.K.
On s’inquiète à Damas de la tournure que prendra la prochaine visite dans la région du secrétaire d’Etat américain, Madeleine Albright.C’est du moins l’impression des responsables libanais qui se sont rendus récemment dans la capitale syrienne. Quelles nouvelles idées Mme Albright pourrait-elle apporter en vue d’un règlement de la crise proche-orientale? L’approche...