Sfeir dénonce ceux qui tentent d'empêcher la population de Jezzine d'exprimer ses inquiétudes

Le drame vécu par la population de Jezzine dans le cadre des derniers développements de la situation au Liban-Sud, a été au centre de l’homélie prononcée hier par le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, au cours de la messe dominicale qu’il a célébrée dans la matinée à la résidence d’été du patriarcat maronite, à Dimane.

Déplorant les pertes en vies humaines survenues aussi bien à Saïda que dans la région de Jezzine, lundi dernier, le cardinal Sfeir a exprimé sa vive inquiétude au sujet de la situation à Jezzine. «Les habitants de cette région, a souligné le patriarche maronite, sont tués sans savoir pourquoi. Leur patriotisme est, d’autre part, mis en doute, et lorsqu’ils élèvent la voix pour mettre l’accent sur la situation dans laquelle ils se trouvent, certaines parties dénoncent leur prise de position».
«Il semble que l’on cherche à empêcher les habitants de Jezzine d’exprimer leurs inquiétudes et leurs appréhensions, a poursuivi le patriarche maronite. Certaines fractions paraissent vouloir empêcher les habitants de Jezzine de se concerter entre eux afin de soulever le problème de l’exode de la population de la région. Un tel exode est perçu par de nombreux observateurs comme un prélude à l’implantation qui risquerait d’ébranler l’entité libanaise et de mettre son existence en péril».
A l’issue de l’Office divin, le cardinal Sfeir a reçu M. Sleiman Kanaan, député de Jezzine et membre du bloc parlementaire du chef du Législatif Nabih Berry. L’entretien a été axé sur la situation à Jezzine et sur la position de M. Berry sur ce plan (M. Berry, rappelle-t-on, a mené campagne contre le «rassemblement de Mar Roukoz» qui groupe les principaux notables et leaders de Jezzine).
Après sa rencontre avec le patriarche maronite, M. Kanaan a souligné que l’attitude du bloc parlementaire présidé par M. Berry n’est nullement mue par un esprit confessionnel. «Le président Berry, a notamment déclaré M. Kanaan, a présenté ses condoléances aux familles des victimes de Jezzine, comme il l’a fait pour l’ensemble du Liban-Sud. Nous œuvrons ensemble en vue de l’unité nationale. Nous sommes en faveur de l’unité nationale, a ajouté M. Kanaan, et notre seule autorité de référence est le patriarche maronite, de qui nous prenons nos instructions».
En réponse à une question, M. Kanaan a souligné qu’il ne boycotte nullement les réunions des notables de Jezzine.
Signalons, par ailleurs, que le cardinal Sfeir a également reçu dans la matinée d’hier le député Fayez Ghosn, ainsi que MM. Saïd Tok et Abdallah Chéhab.

Hindi: Des accusations
inopportunes

Dans la journée de samedi, le patriarche maronite avait conféré avec le nonce apostolique, Mgr Pablo Puente, venu lui faire ses adieux, à l’occasion de son départ définitif du Liban.
Le cardinal Sfeir a également reçu, samedi, le consul du Liban au Canada, M. Wadih Farès, qui a souligné, au cours de l’entrevue, que la communauté libanaise du Canada attend avec impatience la visite du patriarche maronite.
Le cardinal Sfeir a conféré, en outre, successivement, avec l’ancien ministre Elias Saba ainsi qu’avec MM. Toufic Hindi et Wadih el-Khazen. A l’issue de sa rencontre avec Mgr Sfeir, M. Hindi a déclaré: «Compte tenu de la gravité de la situation au Liban-Sud, il est totalement inopportun de lancer des accusations déplacées contre certaines personnes ou de dénoncer, sous le couvert d’une unité nationale de façade, la tenue de certaines rencontres. Si l’on désire faire face à la gravité de la situation, il faudrait concrétiser une entente nationale véritable par le biais de la formation d’un gouvernement d’union qui regrouperait, d’une manière équilibrée, les véritables représentants de toutes les communautés».