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Actualités - ANALYSE

Sud : certains misent sur Albright

Autant en profiter: du moment que Madeleine Albright se pointe enfin dans la région, qu’elle prenne la peine d’imposer un système mettant le Sud-Liban a l’abri des secousses qu’il ne cesse de subir… C’est ce que souhaite un ministre libanais pour qui les pressions américaines ponctuelles ne constituent pas une garantie suffisante pour rétablir un calme durable. Ce responsable remarque au passage qu’il n’est pas logique que les Etats-Unis s’obligent à jouer tous les quinze jours un rôle de pompier pour éteindre l’incendie avant qu’il ne s’étende, en intervenant auprès d’Israël pour réfréner son agressivité et l’empêcher de mener la région à la guerre. «Il est clair, ajoute ce ministre, que les accords d’avril sont viciés à la base: ils n’interdisent pas les heurts mais prétendent en régler le volume, pour épargner les civils, comme si la violence peut être contrôlable une fois qu’elle se déchaîne…» Remarque pertinente mais qui cache mal une contradiction de base: un calme durable serait synonyme de trêve, terme que l’on évite d’employer parce que la résistance ne veut pas, ne peut pas en entendre parler. Et c’est normal puisque par définition même, une résistance doit poursuivre sans répit la lutte armée contre l’occupant tant qu’il ne s’est pas retiré. Du côté de l’Etat libanais, on se retrouve ainsi dans une position ambiguë: tout en répétant qu’on ne peut qu’approuver une résistance légitime, on souhaite qu’elle mette une sourdine à ses opérations pour un bon bout de temps…
Ainsi le ministre cité espère que le secrétaire d’Etat américain développe des contacts «avec les trois parties concernées (il oublie le Hezbollah…) Israël, la Syrie et le Liban pour un arrangement en béton sur le Sud. Comme Ezer Weizman, chef de l’Etat israélien, l’a souligné au cours d’une tournée en Galilée, on ne peut arriver à rien sans mettre Damas dans le bain, ainsi qu’on l’avait d’ailleurs fait pour les accords d’avril et le comité de surveillance».
Weizman, inspectant les dégâts causés par les Katioucha, a en effet déclaré: «On nous demande de faire montre de sang-froid et de retenue. Mais une telle ligne a forcément des limites et il faut dès lors chercher une voie permettant d’éviter la guerre par le biais d’un accord avec la Syrie».
Le ministre libanais cité craint que «la diplomatie américaine ne se focalise exclusivement sur le dossier palestinien, délaissant le Sud et le double volet syro-libanais. La situation à la frontière resterait trouble, explosive alors qu’il est grand temps d’y apporter une solution pour de bon parce qu’un jour ou l’autre, les pressions U.S. cycliques destinées à calmer le jeu pourraient échouer et ce serait la guerre…».
Ce ministre se dit convaincu que «les Etats-Unis, s’ils le veulent vraiment, sont en mesure d’imposer à Israël un arrangement raisonnable donnant satisfaction à toutes les parties. L’équilibre de la terreur entre Israël et la résistance faciliterait une telle mission de médiation. En effet l’Etat hébreu ne peut pas aller jusqu’à la guerre régionale, car c’est interdit par l’Amérique et ne peut donc pas détruire la résistance, et celle-ci de son côté n’a pas les moyens de déloger l’occupant et plus exactement, elle est obligée de graduer ses actions en fonction de représailles israéliennes ultérieures qui pourraient être trop dévastatrices… Les accords d’avril sont maintenant manifestement dépassés. Dans le cycle attaques-ripostes, il est difficile d’épargner les civils qui peuvent être atteints soit exprès soit accidentellement. Dès lors, comme on l’a vu tout récemment au Sud, il est impossible de juguler les escalades sur le terrain en se servant de ces accords d’avril. Pour prévenir vraiment une flambée aux conséquences incalculables, il faut donc un règlement solide et cela, seuls les Américains peuvent en assurer la gestation puis la gestion à travers un protocole que leur secrétaire d’Etat Madeleine Albright proposerait lors de sa prochaine tournée dans la région».
Il n’est pas interdit d’espérer, mais en pratique sur le plan régional, le Sud n’est pas actuellement une priorité. Du moins pour les Américains vers lesquels certains officiels locaux tournent le regard… Ce qui, soit dit en passant, n’est sans doute pas du goût d’autres responsables, tout aussi locaux…

E.K.
Autant en profiter: du moment que Madeleine Albright se pointe enfin dans la région, qu’elle prenne la peine d’imposer un système mettant le Sud-Liban a l’abri des secousses qu’il ne cesse de subir… C’est ce que souhaite un ministre libanais pour qui les pressions américaines ponctuelles ne constituent pas une garantie suffisante pour rétablir un calme durable. Ce...