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Actualités - ANALYSE

Jezzine : la polémique se poursuit de plus belle...

Une fois de plus, les réalités incidentes montrent combien peu le pouvoir a prise sur l’événement. Mercredi le Conseil des ministres a décrété urbi et orbi que l’affaire de Jezzine on n’en discute plus, du moment que ni l’Etat ni les habitants ne veulent faire le jeu d’Israël et de son plan appelé «Jezzine d’abord…».
Eh bien, la polémique se poursuit de plus belle. Et hier les loyalistes, contre-ripostant aux arguments de la plaidoirie serrée des Jezziniotes qui s’en prenaient à M. Nabih Berry, ont développé en substance les arguments suivants:
— «S’il y a eu tension sur le terrain c’est à cause, il ne faut pas l’oublier, de la présence à Jezzine de Lahd et des conditions qu’il pose… Les incidences de ces derniers temps ont fait des morts et des blessés. Mais on peut tout autant en regretter un autre effet redoutable: ces développements ont produit un clivage aussi confessionnel que politique. La responsabilité des notables de la ville est à cet égard évidente. Ils nous ont entraînés dans un débat où les détails occultent l’important. En effet ils ont voulu faire de Jezzine un cas spécial, à traiter à part, ce qui porte atteinte au dossier et à la cause du Sud frontalier occupé. Si ces notables avaient mené campagne uniquement pour le retrait de Lahd qui, dans leur région, représente l’occupant sioniste, ils auraient au contraire servi la cause nationale. Mais ils n’en ont rien fait et au contraire ils ont dirigé leurs récriminations vers la résistance, se plaignant des bombes qu’on l’accuse d’avoir posées dans leur région. Or dans la conjoncture régionale actuelle, marquée par le blocage du processus et aussi par les tensions dans les relations syro-américaines, il n’est pas du tout question de s’en prendre au Hezbollah en ce qui concerne son action sudiste qui tombe dans le domaine régional où la décision est réservée aux frères, comme M. Berry l’a laissé entendre il y a quelques jours. Donc les Jezziniotes ont commis une erreur grave. Ils n’ont pas compris qu’on ne peut pas se réunir à Mar Roukoz sans l’assentiment des décideurs et ils savent très bien qu’il ne sert à rien de tenter de jeter de la poudre aux yeux en affirmant que le but poursuivi est uniquement d’ordre socio-humanitaire. Dans leur région et au Sud tout est en effet commandé par les impératifs politiques. Et quand on n’est pas dans un camp, on est fatalement dans l’autre. Or les notables de Jezzine ne sont pas avec nous… Quiconque prétend se mettre en quête d’une «troisième voie» fait directement le jeu d’Israël car ce dernier cherche justement à multiplier les éléments «distinctifs» pour disloquer l’axe libano-syrien et nous amener, affaire après affaire, zone après zone, à conclure finalement avec lui un arrangement séparé dissociant le Sud du Golan, ce qui nous est interdit. La ficelle est grossière et il est regrettable que les notables de Jezzine ne se rappellent pas que «Jezzine d’abord» n’est dans le vocabulaire de Netanyahu que l’entrée en matière de «Liban d’abord», qui signifie la signature d’un traité de paix séparé, laissant de côté la Syrie. Si les habitants de Jezzine avaient voulu qu’on s’occupe positivement d’eux, ils auraient dû s’efforcer d’initier un rassemblement élargi à tous les pôles du Sud, à toutes les communautés comme à toutes les régions de cette partie du pays pour discuter de leurs problèmes et tenter de les régler. Ils n’auraient pas dû se replier sur eux-mêmes, se mobiliser au sein d’un regroupement manifestement sectariste puisqu’il a symboliquement choisi pour se réunir Mar Roukoz, ancienne capitale pour ainsi dire de feu le «Front libanais». Nous sommes du reste étonnés par le manque de réalisme des politiciens qui dirigent ce mouvement: comment peuvent-ils espérer quoi que ce soit s’ils agissent en marge de l’orbite du pouvoir, de la troïka et surtout des décideurs...».
C’est étonnant en effet. A cette nuance près que question orbite, il est déjà extraordinaire que les Jezziniotes ne gravitent pas dans celle de Lahd qui après tout occupe leur terre et se retrouvent à Mar Roukoz, loin de son emprise.
Le jour où les loyalistes voudront admettre qu’il y a là une preuve de résistance, le jour où ils comprendront que le vrai courage c’est de n’être le vassal de personne, ni de ceux-ci ni de ceux-là, on ne sera sans doute plus loin d’une solution pour Jezzine. Voire pour le Liban tout entier.
Ph. A-A.
Une fois de plus, les réalités incidentes montrent combien peu le pouvoir a prise sur l’événement. Mercredi le Conseil des ministres a décrété urbi et orbi que l’affaire de Jezzine on n’en discute plus, du moment que ni l’Etat ni les habitants ne veulent faire le jeu d’Israël et de son plan appelé «Jezzine d’abord…».Eh bien, la polémique se poursuit de plus...