On n’emporte pas, Cunégonde, sa patrie à la semelle de son soulier. Une raison, s’il en fallait une, pour ne pas la fouler aux pieds quand on y repose le pied pour se reposer, juste une semaine ou deux, le temps du congé d’été.
Ce n’est pas votre faute, la nôtre non plus, s’il y a eu la guerre. Vous êtes partie, Cunégonde. Nous étions là, contraints et forcés c’est vrai, mais enfin nous sommes restés... Et tant des nôtres y sont restés. Voyez Jezzine, voyez Saïda, voyez comme nous sommes gâtés...
Beaucoup de ceux qui comme vous, Cunégonde, avaient pu fuir sont revenus. Parfois nous n’en sommes pas revenus: nombre de ces braves battants que la souffrance a épargnés, charognards à leur insu, ne songent qu’aux plaisirs, aux honneurs et à leurs revenus. Mais on pardonne tout au fils prodigue...
En revanche, contre vos incessantes, jacassantes philippiques de quasi-étrangère, cette digue: si vous devez tout critiquer — depuis la chaleur qu’il fait le jour jusqu’aux frais de votre séjour — avec tant d’acrimonie, qu’est-ce que vous nous laissez à nous, martyrs de la hariromanie...
Ne soyez plus, Cunégonde, acariâtre, maugréeuse et ne faites plus la tête.
Nous avons ici même à demeure notre content de trouble-fêtes.
J.I.
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