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Actualités - CHRONOLOGIE

Le comité de surveillance poursuit ses travaux dans un climat tendu Israël exclut une opération aventureuse de grande envergure au Liban Nouvel attentat anonyme à Jezzine et pilonnage de plusieurs secteurs sudistes (photos)

La politique du bord du gouffre suivie par Israël, et d’une certaine façon, par le Hezbollah, au Liban-Sud, se poursuit, avec son cortège de victimes souvent innocentes. Le comité de surveillance de l’arrangement d’avril 96 parviendra-t-il à contenir cette guerre dans les limites qui lui ont été assignées, au sortir de l’opération «Raisins de la colère», ou bien la population civile sera-t-elle de nouveau utilisée comme moyen de pression, par les uns et les autres, pour paralyser l’adversaire? La question se pose, quand on constate la tournure prise par les opérations militaires depuis l’arrivée au pouvoir de Benjamin Netanyahu.
Attentats-fantômes, bombardement de Saïda, destruction d’objectifs économiques, on dirait une opération «Raisins de la colère» «à froid», distillée au compte-gouttes. La responsabilité de l’Etat, dans cette situation, est réduite à son minimum. Celle de passivement compter les coups, en continuant à faire confiance au comité de surveillance et aux contacts diplomatiques effectués par Washington, pour exclure une explosion. Entre-temps, la peur et l’insécurité s’installe, dans certaines parties du Sud, qui commencent à être touchées par un mouvement d’exode significatif. Car en l’absence d’une stratégie cohérente et globale de résistance, c’est la confiance des Libanais dans leur Etat qui est petit à petit minée. Les Libanais seraient-ils donc condamnés à chercher leurs assurances dans les déclarations du ministre israélien de la Défense excluant toute «opération aventureuse» au Liban?
Un nouvel attentat-fantôme s’est produit, hier, au Liban-Sud, et plus précisément dans la région de Jezzine. Cette fois, c’est un druze qui en a été victime. Kamal Abou Ghangé (45 ans), un druze originaire du village de Bater, qui conduisait une camionnette chargée de sable, sur la route Jezzine-Dahr el-Ramlé, a été tué par une charge explosive qui a sauté, vers 9 heures du matin, au passage de son véhicule. Israël et le Hezbollah se sont rejetés mutuellement la responsabilité de cet attentat apparemment gratuit, qui a soulevé la colère de la population. Placé dans un cercueil blanc, le corps de la victime a été transporté à pied, par la population de Jezzine, vers le village de Bater. La famille de Kamal Abou Ghangé a pris livraison de la dépouille mortelle au poste de l’armée de Bater, qui sépare la région de Jezzine, contrôlée par l’Armée du Liban-Sud (ALS), et celle du Chouf.
Le porte-parole du Hezbollah, M. Nayef Krayem, a rejeté toute responsabilité de la formation intégriste dans cet attentat. Il a estimé qu’il s’agissait d’une «violation par Israël des accords d’avril 1996» et affirmé que «le gouvernement devrait porter plainte devant le comité international de surveillance».
«C’est Israël et ses collaborateurs de l’Armée du Liban-Sud qui sont responsables des attentats à l’explosif qui visent depuis deux mois des civils innocents sur les routes du Liban-Sud», a-t-il indiqué. «L’objectif est de monter la population contre la résistance et de semer la discorde entre Libanais», a-t-il ajouté.
Pour leur part, des responsables de sécurité israéliens ont «exprimé leur stupeur et leur colère» au sujet de cet attentat qu’ils estiment avoir été commis par le Hezbollah.
«L’action de ce matin est une violation très grave des accords» de cessez-le-feu d’avril 1996, aux termes desquels Israël et le Hezbollah s’engageaient à ne pas porter atteinte aux civils, a précisé un porte-parole militaire israélien cité par les agences.
«Les actes du Hezbollah sont en contradiction avec (ses) promesses de modérer ses actions», a précisé la source.
De son côté, le chef de l’ALS a imputé au «gouvernement libanais la responsabilité de l’attentat».
Dans une déclaration à sa radio, la Voix du Sud, le général Antoine Lahd a affirmé que l’«attentat a eu lieu dans une région qui fait face à un secteur sous contrôle du gouvernement libanais».
Il a ajouté que sa milice «prendrait les mesures adéquates pour faire face à cette situation au moment opportun».
Par ailleurs, la journée d’hier a été marquée, sur le plan militaire, par une embuscade tendue par la Résistance islamique à une patrouille israélienne qui circulait, à pied, près du village de Blatt, à une trentaine de kilomètres au sud de Tyr, à l’intérieur même de la bande frontalière. L’accrochage, commencé vers 18h15, s’est poursuivi près d’une heure durant, aux armes automatiques et à la roquette RPG. Parallèlement, un second commando de la résistance a bombardé de 18 obus de mortier la position de l’armée israélienne à Blatt. Selon le Hezbollah, des hélicoptères israéliens ont tenté de se poser durant les combats, mais des tirs de missiles sol-air Sam-7 les en ont empêchés, dans un premier temps. Selon les services de sécurité libanais, l’armée israélienne aurait eu un blessé. Le Hezbollah a affirmé avoir attaqué la patrouille israélienne alors qu’elle n’était qu’à «quelques mètres» de lui, et assure qu’il a mis hors de combat les sept militaires qui en faisaient partie. Une source en Israël a assuré, pour sa part, que le militaire a été accidentellement, et légèrement blessé à l’épaule par des tirs d’autres militaires israéliens au cours de l’opération.
En représailles, l’armée israélienne a tiré une centaine d’obus sur les environs de trois villages faisant face à Blatt, et ratissé à la mitrailleuse lourde, une demi-heure durant, les vallons de Zibqine.
Sept obus d’artillerie s’étaient auparavant abattus sur ce secteur, constamment survolé par des appareils israéliens de reconnaissance sans pilote, a indiqué la police.
Dans le même temps, la chasse israélienne simulait des raids sur le massif de l’Iqlim el-Touffah, près de Saïda. L’armée libanaise, postée dans cette région, a dirigé les tirs de ses batteries antiaériennes en direction des appareils israéliens pour les contraindre à prendre de l’altitude, a-t-on ajouté de même source.
Peu après, l’artillerie israélienne a pilonné pendant une demi-heure un autre fief du Hezbollah, des bois et des collines jouxtant le secteur oriental de la zone occupée, dans le sud de la plaine de la Békaa, où les obus s’abattaient parfois au rythme de deux projectiles à la minute, a-t-on ajouté.
Un intense survol israélien avait été enregistré au-dessus du Liban-Sud, jusqu’à Beyrouth, dans la nuit de mercredi à jeudi.
Evoquant tous ces développements, le ministre israélien de la Défense Yitzhak Mordehaï a exclu hier une «opération aventureuse» de grande envergure au Liban comme le suggérait le chef de file des durs de la droite, Ariel Sharon.
«Nous ne lancerons pas d’opération aventureuse, mais des attaques sur des objectifs soigneusement définis pour frapper le Hezbollah et assurer la sécurité des localités du nord d’Israël», a affirmé M. Mordehaï à la radio publique.
Le ministre de la Défense a également souligné qu’il refusait des «opérations qui anéantiraient les arrangements et toucheraient les populations civiles des deux côtés de la frontière».
Mardi, M. Sharon détenteur actuel du portefeuille des Infrastructures, qui était ministre de la Défense à l’époque de l’invasion israélienne au Liban en 1982, avait proposé de lancer des attaques aériennes en profondeur au Liban pour riposter aux tirs de roquettes du Hezbollah contre le territoire israélien, a révélé le quotidien Maariv.
Cette proposition s’est heurtée à l’opposition de M. Mordehaï et du ministre des Affaires étrangères David Lévy, a précisé le Maariv.
Les deux ministres, soutenus par l’armée, ont fait valoir qu’une telle opération entraïnerait une escalade dangereuse sans produire de résultat. Le premier ministre Benjamin Netanyahu s’est rangé à leur avis.
M. Sharon a réagi à l’information du Maariv en s’élevant «contre des fuites tendancieuses et dangereuses» provenant de la réunion du cabinet.

Le comité de surveillance

Le comité international de surveillance du cessez-le-feu au Liban-Sud était toujours réuni hier, tard en soirée, pour examiner dix plaintes présentées par le Liban et Israël, a-t-on appris de source proche des participants.
Le comité avait entamé sa réunion mercredi vers 15h00 au siège de la FINUL à Naqoura, pour examiner trois plaintes déposées par le Liban et trois autres par Israël, après une flambée de violence qui a fait depuis lundi onze morts et 47 blessés civils au Liban, et un blessé dans le nord d’Israël.
Beyrouth a depuis déposé deux nouvelles plaintes pour protester contre le bombardement aérien israélien, mercredi, d’une installation électrique à Jiyé et celui du village de Nabi Chit, dans la Békaa, où quatre civils, dont deux enfants, ont été blessés.
Le Liban estime que ces bombardements constituent une violation des arrangements d’avril 1996, parrainés par Paris et Washington, aux termes desquels les belligérants se sont engagés à épargner les civils.
Israël a également déposé deux nouvelles plaintes depuis l’ouverture de la réunion. La première concerne la mort hier d’un civil dans l’explosion d’un engin piégé dans la région de Jezzine.
La deuxième concerne le bombardement lundi soir par l’armée libanaise d’une position de l’ALS près de Jezzine, au cours duquel un civil libanais avait été tué et deux autres blessés, a-t-on précisé de même source.
Les représentants des cinq pays membres du comité (Etats-Unis, France, Liban, Syrie, Israël) travaillent dans un climat tendu et ne se sont accordés qu’une pause de trois heures durant les dernières 24 heures, a-t-on appris auprès de la délégation libanaise.
L’ambassadeur des Etats-Unis au Liban Richard Jones a déclaré espérer que le comité, actuellement présidé par un représentant de son pays, «réussira à restaurer le calme» au Liban-Sud (VOIR AUSSI PAGE 3).
Le chef de l’Etat et le président du Conseil se sont réunis, hier soir, pour examiner la situation. M. Hraoui a également reçu hier soir le ministre de l’Intérieur. Sur le plan humanitaire, le Conseil du Sud a annoncé que ses équipes se sont rendues à Jezzine et ont effectué un recensement des dégâts que le bombardement de lundi, consécutif au pilonnage de Saïda, y a provoqué. Des indemnités en liquide seront incessamment payées aux ayants droit. C’est la première fois que le Conseil du Sud entreprend une pareille action à Jezzine.

La politique du bord du gouffre suivie par Israël, et d’une certaine façon, par le Hezbollah, au Liban-Sud, se poursuit, avec son cortège de victimes souvent innocentes. Le comité de surveillance de l’arrangement d’avril 96 parviendra-t-il à contenir cette guerre dans les limites qui lui ont été assignées, au sortir de l’opération «Raisins de la colère», ou bien la...