Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Aïchiyé, Saïda et Bourj Ach-Chamali ont enterré leurs morts dans la colère (photos)

Une journée de deuil a enveloppé hier le Liban-Sud que ce soit dans la zone occupée où les habitants de Aïchiyé ont enterré les deux jeunes victimes, Jean et Rima Nasr, 16 et 15 ans, ou encore à Saïda et à Bourj Ach-Chamali, près de Tyr, où ont été inhumés six autres victimes, dont une maman Hanan Bachir et son nourrisson de 3 mois, Rabih, et un enfant de 8 ans Rami Hattab, tuées lors du bombardement de lundi dernier.

Aïchiyé, village où les malheurs n’ont pas manqué depuis 1976, année où les habitants ont été déplacés par l’avancée palestinienne qui avait fait aussi une quarantaine de victimes parmi eux, a enterré dans les cris et les douleurs deux des siens: un jeune de 16 ans et sa sœur, Jean et Rima Nasr.
La maman de Jean et de Rima, qui n’a pas encore quitté sa robe noire de veuve qu’elle a portée à la mort de son mari en 1994, tué par un engin piégé car membre de l’ALS, a focalisé sur elle l’attention de tous ceux qui sont venus, nombreux malgré les appréhensions et les peurs, lui apporter leur soutien dans cette dure épreuve. Aïchiyé fait partie du caza de Jezzine par le caprice du découpage électoral et de la «zone de sécurité» tombant sous le contrôle de l’armée israélienne par le caprice de la géographie.
Autre accident de la réalité libanaise, le village de Aïchiyé relève du diocèse maronite de Tyr et non de celui de Jezzine comme les autres villages du caza et, à ce titre, c’est Mgr Maroun Sader, archevêque maronite de Tyr, qui a présidé la cérémonie funéraire et prononcé l’homélie de circonstance.
Devant les cercueils blancs des deux jeunes tués lundi dans leur voiture sur la route, réputée dangereuse, qui relie leur village à Jezzine, chef-lieu du caza, Mgr Sader a notamment parlé d’«espoir» et a rappelé le sens chrétien de la «résurrection» évitant par là d’aborder des questions épineuses.
C’est à bout de bras que les habitants de Aïchiyé ont porté les cercueils des deux victimes jusqu’au caveau familial, situé, troisième ironie du sort, non loin d’une très importante caserne de l’armée israélienne.

Ressentiments politiques

A Saïda, cette grande agglomération de presque 200.000 âmes, même ambiance de désolation avec une différence majeure: les gens ont donné libre cours à leurs ressentiments politiques.
Dans la ville, la vie s’est arrêtée lors du passage du cortège funéraire qui a traversé une des principales artères, rythmé par les cris de vengeance, contre «les juifs, ennemis de Dieu», scandés par des milliers de jeunes et de moins jeunes.
Enveloppés du drapeau vert de l’islam, les quatre cercueils des victimes qui seront mis en terre à Saïda étaient précédés par des hommes de religion chrétiens et musulmans, par les hommes politiques venus nombreux pour participer aux obsèques et suivis par les parents et les milliers d’habitants de la ville.
L’ambiance de désolation de la ville, accentuée par les cris et les lamentations des pleureuses qui suivaient le cortège funéraire, était omniprésente à travers les taches de sang encore visibles sur les trottoirs, à travers les branches des arbres qui jonchent la chaussée et les devantures des magasins qu’on n’a pas encore eu le temps de réparer après le bombardement de Saïda lundi.
Le point culminant de cette marche a été l’arrêt à la Place de l’Etoile, la place la plus importante de la ville, où les jeunes du cortège ont brûlé le drapeau israélien au cri de «Il n’y a de Dieu que Dieu, les juifs sont les ennemis de Dieu».
Dans une allocution, M. Mohammad Raad, député du Hezbollah, a affirmé qu’«Israël paiera cher le prix de ses crimes» et a accusé l’Etat hébreu de «vouloir dénoncer l’accord d’avril».
A Bourj Ach-Chamali camp de réfugiés, palestiniens, la cérémonie a été aussi émouvante à part le fait que les officiels ne s’y sont pas fait remarquer.
Sur le plan politique, une réunion élargie s’est tenue hier à Saïda au siège de Dar el-Fatwa.
Le communiqué publié à la suie de la réunion a notamment appelé à «l’unité des rangs, à la défense de notre unité nationale contre toutes les tentatives de division provoquées par Israël et au soutien à la résistance».
Etaient présents à cette réunion qui s’est tenue à l’appel du mufti de Saïda et du Sud cheikh Mohammad Sélim Jalal’Eddine, les députés Bahia Hariri, Michel Moussa, Aki Khrais, le mohafez du Sud Fayçal al-Sayegh, un représentant du mufti de la république, l’évêque grec-orthodoxe de Saïda et de Marjeyoun Mgr Elias Kfoury, l’évêque maronite de Saïda et de Deir el-Kamar Mgr Tanios el-Khoury, le juge chérié jaafari de Saïda, sayed Mohammad Hassan el-Amin, l’ancien ministre et député Nazih Bizri, le vice-président d parti nassérien Oussama Saad, le président du conseil municipal de la ville Ahmad Kalache, le président du bureau politique de la Jamaa islamia Ali el-Cheikh Ammar, le président de la Chambre de commerce et d’industrie de la ville Mohammad al-Zaatari, ainsi que de nombreux notables de la ville et de ses alentours.
Le ministre de l’Industrie, M. Nadim Salem, qui a reçu une invitation officielle à participer à cette réunion, n’a pu s’y rendre se trouvant, à Damas, et a appelé cheikh Jalal’Eddine pour s’excuser.
Enfin, les télévision libanaises ont communément suspendu hier leurs émissions pour trois minutes en signe de deuil.
Une journée de deuil a enveloppé hier le Liban-Sud que ce soit dans la zone occupée où les habitants de Aïchiyé ont enterré les deux jeunes victimes, Jean et Rima Nasr, 16 et 15 ans, ou encore à Saïda et à Bourj Ach-Chamali, près de Tyr, où ont été inhumés six autres victimes, dont une maman Hanan Bachir et son nourrisson de 3 mois, Rabih, et un enfant de 8 ans Rami...