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Actualités - ANALYSE

Le cas Lahd pose problème aux dirigeants ...

Un postulat sur lequel les dirigeants sont d’accord et que tous les Libanais savent: l’armée est fin prête pour se déployer au Sud et dans la Békaa-Ouest une fois qu’ils seront libérés. Bien entendu, la résistance, Hezbollah en tête, admet cette perspective qui va de soi et ne prétend pas concurrencer l’Etat dans le contrôle futur de l’ordre sur le terrain.
Cependant un problème et pas des moindres se pose: comment traiter le cas d’Antoine Lahd et de son «Armée du Liban-Sud». On pourrait rétorquer en soulignant qu’il ne faut pas tirer des plan sur la comète, que chaque chose en son temps etc...
Mais ce genre d’argument ne tient pas dans la situation présente, un retrait pouvant intervenir rapidement ou subitement, soit par le fruit des efforts d’arrangement déployés par les Américains, soit par suite d’une décision-piège de Netanyahu.
De plus, Lahd pose déjà des conditions: il ne rendra Jezzine, indique-t-il, qu’à l’issue des négociations que l’Etat libanais doit engager avec lui. Et il précise que son récent repli de Saïdoun n’est pas un début de retrait mais un simple redéploiement tactique.
Le cas Lahd pose donc problème aux dirigeants qui, comme toujours, ne sont pas d’accord sur la solution à envisager:
— Certains pensent qu’on peut assimiler les forces de Lahd à une milice et discuter avec lui en vue de la dissolution comme on l’avait fait en 90 avec les F.L., «Amal», le PSP ou autres formations armées. On sait que l’arrangement conclu alors permettait d’intégrer les miliciens qui le souhaitaient aux forces régulières libanaises, l’armée ou les FSI. Selon ce courant, «il est possible de faire de même avec les hommes de Lahd. Après tout une certaine partie, déjà du temps de Saad Haddad, était à l’origine des militaires de carrière. Les autres ont été pour la plupart enrôlés de force ou presque... Et en tout cas, rien ne nous empêche de procéder à une sélection, de ne prendre que les éléments qui ne sont pas trop sionisés. Rien ne nous empêche non plus de les verser dans un corps qui ne soit pas l’armée, la gendarmerie par exemple...» Bien entendu ces sources sont favorables «à une amnistie préalable absolvant les jeunes gens qui ont été à un moment donné obligés s’embrigader dans l’ALS et qui ne doivent pas être poursuivis pour intelligence avec l’ennemi. A condition bien sûr qu’ils quittent Lahd».
«Ce dernier, poursuivent les mêmes responsables, et ses lieutenants collaborationnistes, qui ont volontairement travaillé pour Israël seraient chassés du territoire national et s’installeraient où ils voudraient dans un pays qui accepterait de leur donner refuge».

Antithèse

Les partisans de cette thèse soulignent en conclusion qu’un compromis avec Lahd faciliterait sans aucun doute la reprise en charge, sans accroc, par l’armée libanaise du territoire que l’ALS et les Israéliens auront rendu, pour le plus grand bien et la plus grande sécurité de la population. «Si l’on ne veut pas que le retrait se transforme en piège et mette les gens en péril d’instabilité ou d’anarchie, il faut en passer par un règlement raisonnable...» concluent-ils.
— Mais il y a évidemment en face le camp des légalistes irréductibles pour qui «à défaut de voir Lahd, ancien officier, passé par les armes pour haute trahison et ses lieutenants pendus haut et court, il faut au moins refuser de parler avec lui et de lui tendre la main. C’est en effet indigne d’un Etat de dialoguer avec un traître qui a causé la mort de résistants et d’innocents appartenant à son propre pays, pour servir l’ennemi. C’est encore pire de parler avec un homme qui prétend poser des conditions. Il n’y a d’ailleurs pas de raison qu’on lui concède ce que par principe, conformément à la 425, ont refuse à son propre patron, Israël, dont le retrait doit être inconditionnel. En outre, comment peut-on mettre sur un même pied d’égalité les milices intérieures, qui se combattaient les unes les autres et l’ALS qui combat le Liban aux côtés d’Israël. Sans compter que même les miliciens de l’intérieur, l’armée et les FSI en ont très peu pris, les autres redevenant des civils ou quittant le pays.» Ces «durs» concèdent cependant qu’on pourra «envisager une amnistie pour les pauvres bougres enrôlés dans l’ALS par la force des choses, mais seulement après le retrait et donc sans que cela soit une condition préliminaire à un départ des Israéliens comme de Lahd. Pour le reste, il faut certes un mécanisme de relève, afin d’éviter la répétition de l’expérience de Kawkaba. On peut le mettre au point par des pourparlers techniques qui n’auraient aucune valeur d’accord de paix ou de normalisation. Nous devons éviter tous les pièges et c’est pourquoi nous ne nous sommes pas précipités à Saïdoun où les Israéliens n’auraient pas tardé à matraquer nos unités, pour provoquer un vaste exode et torpiller définitivement les accords d’avril» concluent ces sources.

E.K.
Un postulat sur lequel les dirigeants sont d’accord et que tous les Libanais savent: l’armée est fin prête pour se déployer au Sud et dans la Békaa-Ouest une fois qu’ils seront libérés. Bien entendu, la résistance, Hezbollah en tête, admet cette perspective qui va de soi et ne prétend pas concurrencer l’Etat dans le contrôle futur de l’ordre sur le terrain.Cependant...