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Actualités - CHRONOLOGIE

Une fois de plus, la population civile paye le prix de la folie meurtrière (10 tués, 40 blessés) Grave dérapage militaire au sud L'ALS pilonne Saïda au canon de 155mm et s'attire une riposte énergique de l'armée (photos)

Une escalade meurtrière s’est produite, hier, au Liban-Sud. C’est en effet un véritable carnage que l’Armée du Liban-Sud a perpétré, en bombardant Saïda par surprise, au canon de 155mm à une heure de grande affluence, faisant 6 morts, dont un bébé de trois mois, et une quarantaine de blessés. Ce bombardement est intervenu à la suite d’un attentat dans la bande frontalière, qui a provoqué la mort de trois personnes. L’armée a riposté au bombardement du chef-lieu du Liban-Sud, prenant pour cible la position d’artillerie de l’ALS à Aïn Toghra, surplombant Jezzine. Ce bombardement a fait une nouvelle victime. Le bilan de la journée meurtrière d’hier s’élève donc à dix tués et à plusieurs dizaines de blessés.

Le chef de l’Etat, M. Elias Hraoui, et le président de l’Assemblée nationale, M. Nabih Berry, se sont concertés, hier soir, au sujet de ce dérapage militaire. Ils ont convenu qu’il s’agissait d’un «développement grave», mais M. Berry, s’exprimant à l’issue de l’entretien, a exclu la possibilité d’une escalade de grande envergure. Il a estimé que «l’un des objectifs de cette escalade est de torpiller l’arrangement d’avril 96» et jugé, par ailleurs, que le recours à une plainte au Conseil de Sécurité de l’ONU a prouvé son inefficacité, «les Etats-Unis n’ayant pas modifié leur position à ce sujet».
Washington, pour sa part, a appelé au calme, au Liban-Sud, tandis que le secrétaire général de l’ONU Koffi Annan exprimait son inquiétude.
Le mufti de Saïda, cheikh Mohammed Sélim Jalaleddine, a appelé à l’observation d’une journée de deuil, aujourd’hui, dans la ville, en signe de réprobation.
Qui a posé la bombe sur la route Aïchiyé-Kfarhouna, l’étincelle qui semble avoir mis le feu aux poudres? Il y a là un mystère dont la résolution donnera, à n’en pas douter, la clef de l’escalade de violence. Israël et le Hezbollah se sont rejeté la responsabilité de cet attentat, qui a coûté la vie à Jean Assaad Nasr (16 ans) et sa sœur Rima (15 ans), ainsi qu’à une troisième personne. Le Hezbollah a nié toute implication dans cet attentat et accusé en retour Israël de chercher, par ce type d’attentat, à «creuser un fossé entre la population civile et la Résistance».
Mais quel rapport entre cet attentat et le bombardement de Saïda? Faut-il donc croire à une machination diabolique d’Israël? Cela n’est pas exclu par des spécialistes, qui notent la multiplication, ces dernières semaines, des attentats «anonymes», dont Israël et le Hezbollah se rejettent la responsabilité. Pour ces observateurs, Israël poursuit, ce faisant, deux objectifs: embarrasser le Hezbollah et accentuer le mouvement d’exode des chrétiens de la bande frontalière, dans le cadre d’un plan visant à «l’implantation» des Palestiniens.
Commentant la situation, à la suite de son entrevue avec le président de la République, M. Berry a estimé qu’Israël «joue sur la corde confessionnelle». Après avoir tenté de «provoquer la discorde» entre les chrétiens et les chiites, à travers le cas de Jezzine, l’Etat hébreu tente de créer une nouvelle discorde entre chiites et sunnites, à travers le bombardement de Saïda, a déclaré en substance M. Berry, qui s’est rendu à Baabda, à l’issue d’une tournée au cours de laquelle il a visité les blessés, à Saïda, et inspecté les dégâts provoqués par les bombardements à Joun.
Le «Rassemblement de Jezzine», pour sa part, qui comprend notamment le ministre de l’Industrie, M. Nadim Salem, l’ancien ministre Edmond Rizk et l’ancien ambassadeur du Liban à Washington, M. Simon Karam, a demandé une fois de plus, hier, que l’on dissocie le cas de Jezzine du reste de la bande frontalière occupée, soulignant que l’armée israélienne n’est pas directement présente dans cette enclave, et que la résolution 425 ne la concerne donc pas.
Selon ce rassemblement, les attentats à l’explosif devraient cesser, dans cette partie du Sud, dans le cadre d’un arrangement qui prévoirait un retrait de l’ALS, et sa prise en charge par l’Etat libanais.
M. Karam a en effet révélé hier que le commandant de l’ALS, le général à la retraite Antoine Lahd, lui a rendu visite de façon impromptue, voici quelques semaines, et lui avait demandé d’informer les responsables de son intention de se retirer de Jezzine. M. Karam a ajouté qu’il avait prié l’officier de trouver d’autres canaux pour se mettre en contact avec les autorités libanaises.
Le bombardement-surprise de Saïda a commencé à 14h25 et s’est achevé une heure plus tard, les obus, six au total, se sont abattus devant le siège de la Banque centrale, sur un quartier résidentiel, une zone industrielle, un quartier commercial et enfin sur l’artère principale de Saïda, soit à Dallaha, Sitt Nafisé, sur la corniche du front de mer, rue du Sérail et près de la caserne des pompiers, a précisé la police.
Six civils, dont trois enfants et deux vendeurs ambulants de galettes, ont été tués dans un quartier populeux, près de la mer. Leurs corps ont été déchiquetés.
Parmi les blessés figurent trois malades d’un hôpital du centre de Saïda, touchés par des éclats des vitres de l’établissement, brisées par l’explosion proche de projectiles.
Ce bombardement, le premier sur le centre de Saïda depuis plusieurs années, a causé un mouvement de panique dans la ville portuaire, et provoqué des dégâts dans les immeubles d’habitation.
Dans le même temps, des dizaines d’obus, également tirés depuis la zone occupée, se sont abattus sur le massif de l’Iqlim el-Touffah, fief du Hezbollah à l’est de Saïda, notamment les villages de Kfar Hatta et Kfar Melki, où une femme a été blessée, selon la police.
Des projectiles ont aussi visé le village de Joun, a annoncé la police, sans faire état de victime.
Ce pilonnage est intervenu après la mort de deux adolescents, Jean Assaad Nasr, 16 ans, et sa sœur Rima, 15 ans, tués par l’explosion d’une bombe dans la zone occupée par Israël, selon l’Armée du Liban-Sud. Une troisième personne avait été tuée et une quatrième blessée par l’explosion de la bombe placée au bord de la route reliant Kfarhouna à Aïchiyé, dans le nord du secteur central de la zone occupée, a indiqué la radio de l’ALS, la «Voix du Sud», sans préciser si les deux autres victimes étaient des civils ou des miliciens de l’ALS.
Les adolescents tués par l’explosion étaient les enfants d’un officier de l’ALS tué il y a quatre ans lors d’une attaque du Hezbollah, selon l’ALS.
L’armée libanaise a annoncé hier soir avoir bombardé une position de l’Armée du Liban-Sud, après le pilonnage de la ville de Saïda et de plusieurs villages voisins.
L’artillerie de l’armée libanaise a bombardé la position de l’ALS à AÏn Toghra, une colline qui surplombe la ville de Jezzine, précise un communiqué du commandement de l’armée.
«L’armée libanaise a situé la source des tirs sur Saïda et ses environs et a bombardé la position d’artillerie entre 17h20 et 18h20 locales, la touchant de plein fouet», précise le communiqué militaire.
«Des avions israéliens ont survolé la région durant toute la durée des tirs».
Plusieurs obus sont tombés sur la ville, selon des habitants de Jezzine. L’ALS a annoncé, pour sa part, qu’un civil a été tué et deux autres blessés lors du bombardement.
Gergès Beydoun, 36 ans, a été tué et deux femmes, Wardiyé Beydoun et Laudy Salloum, âgées d’une trentaine d’années, ont été blessées, a précisé la radio de l’Armée du Liban-Sud.
La radio de l’ALS n’a pas fourni de précision sur l’endroit précis où étaient tombées les victimes.
Par ailleurs, une dizaine de roquettes de type Katioucha se sont abattues hier après-midi autour du quartier général de l’armée israélienne à Marjeyoun, dans la zone occupée par l’Etat hébreu au Liban-Sud.
Les roquettes n’ont pas fait de victime, selon les informations disponibles.
Ces tirs, intervenus après le bombardement de Saïda, n’ont pas été immédiatement revendiqués.

Le Hezbollah accuse

Le Hezbollah a rendu Israël responsable du bombardement de Saïda, et a menacé l’Etat hébreu d’une riposte «douloureuse» et «dissuasive».
«Ce massacre honteux a été perpétré par l’ennemi en application d’une décision du Conseil des ministres israélien», a déclaré à la presse cheikh Nabil Qaouq, responsable de la formation pour le Liban-Sud.
Selon lui, l’Armée du Liban-Sud «n’est pas à même de prendre une telle décision».
Pour cheikh Qaouq, qui visitait des blessés dans un hôpital de Saïda, «Israël assume la responsabilité de ce qui s’est passé (et) doit savoir que nous ne pouvons accepter que la sécurité soit le fait d’une seule partie».
Il a rappelé que la Résistance islamique, branche armée du Hezbollah, s’était «engagée à assurer la protection des civils».
«Nous n’hésiterons pas à remplir nos devoirs. Nous ne nous tairons pas sur ce qui s’est passé. Notre réponse sera dure et douloureuse afin de dissuader l’ennemi», a-t-il déclaré.
«L’ennemi s’est rapproché des lignes rouges et nous répondrons de même», a-t-il encore ajouté.

Israël déplore...

Le ministre israélien de la Défense Yitzhak Mordehaï a déploré la mort de civils libanais dans le bombardement de Saïda et en a rejeté la responsabilité sur l’ALS.
«Nous regrettons profondément la mort des civils dans ce bombardement qui contredit complètement notre politique», a déclaré le ministre dans un communiqué.
Il a affirmé que des «consignes explicites» avaient été données à l’Armée du Liban-Sud (ALS) pour qu’elle évite de frapper des civils.
«Les obus n’ont pas été tirés par l’armée israélienne mais par les troupes du général Antoine Lahd, le chef de l’ALS, à partir de la région de Jezzine», a déclaré un porte-parole de l’armée, le général Oded Ben Ami.
«Le général Lahd a réagi à des attaques de civils dans la zone qu’il contrôle. Nous sommes contre ce type de réaction mais il n’en reste pas moins qu’il s’agit là d’une affaire libanaise», a poursuivi le porte-parole.
A signaler enfin qu’Israël a déposé une plainte auprès du Comité international de surveillance «à la suite de la mort de trois civils dans l’explosion d’une bombe dans la région de Jezzine».
Israël a accusé le Hezbollah d’avoir perpétré cette attaque et d’avoir ainsi violé les arrangements d’avril 1996, parrainés par Paris et Washington, aux termes desquels les belligérants se sont engagés à épargner la population civile.
Le Comité, qui regroupe des représentants du Liban, de la Syrie, d’Israël, des Etats-Unis et de la France, se réunit régulièrement à la suite de plaintes des deux parties.
Le 13 août, le comité avait accusé Israël d’avoir violé les accords en bombardant à l’artillerie le 7 août des villages du Liban-Sud (un civil tué, cinq blessés et plusieurs maisons endommagées) et en menant un raid aérien au Liban-Sud (deux civils tués et sept autres blessés) le 5 août.
Il avait également condamné le tir de roquettes Katioucha vendredi sur le nord d’Israël et deux attentats à la bombe qui avaient fait quatre morts civils la semaine dernière à l’intérieur de la zone occupée par Israël au Liban-Sud.
Une escalade meurtrière s’est produite, hier, au Liban-Sud. C’est en effet un véritable carnage que l’Armée du Liban-Sud a perpétré, en bombardant Saïda par surprise, au canon de 155mm à une heure de grande affluence, faisant 6 morts, dont un bébé de trois mois, et une quarantaine de blessés. Ce bombardement est intervenu à la suite d’un attentat dans la bande...