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Actualités - REPORTAGE

A Chtaura , une maison hantée par un esprit.. malin

A Chtaura, un immeuble abandonné défraye — depuis 18 ans — la chronique. Le bâtiment a été occupé à une certaine période par des armées étrangères mais il n’a jamais été habité. Sauf par des «djins», a longtemps prétendu la rumeur. Qui, pernicieuse et tenace, a enflé au point d’atteindre la capitale. Le flou a été savamment entretenu par la télé qui a cité le cas, il y a quelques mois, dans une émission sur les mystères.

Rayé brique et jaune moutarde, le large bloc de quatre étages se dresse en bordure d’un terrain vague, à proximité de deux constructions inachevées. Les entrées ont été murées. Mais, en contournant le bâtiment, on peut se faufiler à l’intérieur par un trou creusé dans un des murs. Dedans, tout est ravagé. La cage d’escalier est ensevelie sous les décombres. Les pièces sanitaires et les équipements des cuisines ont été arrachés, le carrelage est brisé. Sur les murs des «tags» d’insultes obscènes et , parmi les débris jonchant le sol, des seringues, une paire de chaussettes, une boîte d’allumettes vide. Des indices qui attestent d’une présence certaine à un moment donné.
Le «quartier» aujourd’hui est plutôt désert. Peu de personnes s’y hasardent. Un jeune homme ayant percuté en fin d’après-midi un camion dans les parages préféra paraît-il abandonner sa voiture plutôt que d’attendre, après le coucher du soleil, l’arrivée de l’expert et du remorqueur…
Quel effrayant secret cache donc ce lieu? Les villageois interrogés racontent ce qu’ils ont ouï dire. A savoir que durant la guerre, on y entendait régulièrement la nuit des bruits bizarres. Personne n’osait s’y aventurer et depuis, par superstition tout le monde évite de s’y rendre. Quant aux voisins, leur attitude est assez ambiguë. Dès que l’on aborde le sujet, ils prennent des airs de conspirateurs, se murent dans un silence hostile, vous adressent à une autre personne…. C’est ainsi que par rebondissements on arrive chez l’avocat-gérant, Me Zein Araji, les propriétaires résidant à Tripoli.
Là, le suspense se dissout d’un coup. Le mystère s’évapore, pour laisser place à une réalité des plus prosaïques. Jugez-en plutôt. Au début des événements, l’immeuble, encore flambant neuf, avait été réquisitionné par des unités étrangères. Qui avaient sali les lieux… Après leur départ, Me Araji avait installé un vieil homme comme gardien et l’avait chargé de jouer… les fantômes, afin d’éloigner de nouveaux occupants. Le bonhomme que le rôle amusait avait mis au point toute une série d’astuces: jeu de torches, bruits et hurlements nocturnes… Réussissant au-delà de toute espérance, il a littéralement semé la panique dans les environs. Mais le mieux est souvent l’ennemi du bien: le stratagème avait si bien marché qu’une fois la paix revenue, il n’a plus été possible de revendre l’immeuble. Personne n’en voulait! «La maison comme l’homme peut devenir cadavre. Il suffit qu’une superstition la tue», écrivait Victor Hugo dans les Travailleurs de la mer. Une superstition qui a pour meilleure alliée la rumeur….

Z.Z.
A Chtaura, un immeuble abandonné défraye — depuis 18 ans — la chronique. Le bâtiment a été occupé à une certaine période par des armées étrangères mais il n’a jamais été habité. Sauf par des «djins», a longtemps prétendu la rumeur. Qui, pernicieuse et tenace, a enflé au point d’atteindre la capitale. Le flou a été savamment entretenu par la télé qui a...