Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Retrait-surprise de l'ALS de sept villages de Jezzine Craignant un piège, le gouvernement fait preuve de circonspection Le Hezbollah ete Amal s'engagent à ne pas investir la zone évacuée

Contre toute attente, l’«Armée du Liban-Sud» s’est retirée de la position stratégique qu’elle occupait à Saydoune, au sud-ouest de la ville de Jezzine, libérant du coup sept villages et hameaux qui étaient placés sous son contrôle: Saydoune, Rimate, Chkadif, Haytoura, Snaya, Maknouniyé et Kattine, tangents au massif de l’Iqlim el-Touffah. Le village d’Aytoulé pourrait figurer parmi les localités évacuées mais cette information n’a pas pu être confirmée. L’initiative de l’ALS a soulevé une série d’interrogations dans les milieux politiques qui n’étaient pas en mesure d’apporter une explication précise: s’agit-il d’un redéploiement, d’un retrait, d’un ballon d’essai ou d’un piège? Les questions posées sont nombreuses mais restent sans réponse.

A Le seul élément certain c’est que le repli inopiné de l’ALS ne devrait pas conduire à des troubles redoutés par les habitants chrétiens des localités évacuées, s’accorde-t-on à affirmer dans ces cercles. Premier à réagir, le Hezbollah a assuré «solennellement» par la voix de son secrétaire général que les habitants de ce secteur «libéré» de Jezzine n’ont pas à redouter des vexations. «Il n’y a pas lieu d’avoir peur ou d’être inquiets. Nous avons combattu et continuons de le faire pour leur liberté et leur dignité. Ils doivent être entièrement rassurés de rejoindre le giron de la patrie, nous nous y engageons solennellement», a déclaré cheikh Hassan Nasrallah.

Pour l’heure, les autorités politiques et militaires s’emploient à recueillir les informations susceptibles de les éclairer sur la nature de la démarche de l’ALS, avant de prendre position. Les responsables politiques s’attendent à ce qu’ils puissent avoir dans les prochaines 48 heures suffisamment de données leur permettant d’avoir le cœur net et, par conséquent, de prendre les décisions qui s’imposent. Ces données doivent leur être notamment fournies par la FINUL et l’armée en poste dans la région jouxtant le secteur de Jezzine.
Evacuation dans la nuit

Les informations disponibles jusqu’à présent sont plutôt maigres et se rapportent seulement aux modalités du retrait: à partir de 23h dans la nuit de lundi à mardi, une dizaine de véhicules militaires de l’ALS, des chars et des transports de troupes de type VTT, ont évacué la position de Saydoune, considérée comme l’une des plus importantes de l’«Armée du Liban-Sud». Une trentaine de miliciens occupaient en permanence cette position surplombant l’Iqlim el-Touffah où le Hezbollah est prédominant.
Le retrait s’est déroulé sous la supervision d’officiers israéliens. La présence des militaires israéliens soulève également des interrogations dans la mesure où les forces de l’Etat hébreu ne sont pas présentes dans la région de Jezzine placée entièrement sous le contrôle de l’ALS. La radio de l’armée du général Antoine Lahd n’a pas fait état du repli. Interrogé à ce sujet par l’AFP, un responsable de l’ALS à Marjeyoun s’est contenté de déclarer que «l’Armée du Liban-Sud ne donne pas d’informations sur ses mouvements militaires». On ignore jusqu’où l’ALS s’est retirée, si son repli est définitif et si les Israéliens ont maintenu une présence dans la région.

Appréhensions
des villageois

Quoi qu’il en soit, les habitants des villages évacués ont accueilli avec appréhension le retrait de l’ALS qui les laisse livrés à eux-mêmes et sans défense en l’absence de forces régulières. Ce qu’ils redoutent essentiellement, ce sont des vexations, des rafles dans leurs rangs ou encore la mainmise du Hezbollah sur leurs villages qui deviendront ainsi la cible de bombardements israéliens. Ces craintes ont été communiquées aux députés de la région qui les ont répercutées lors des contacts qu’ils ont entrepris, tôt le matin, avec le président de la Chambre, le chef du gouvernement et les services de sécurité concernés. M. Nabih Berry devait tout de suite prendre contact avec le commandant en chef de l’armée, le général Emile Lahoud, qui, selon des sources informées, a dit se méfier de l’initiative de l’ALS. M. Berry a aussi pris contact avec l’ambassadeur des Etats-Unis, M. Richard Jones, puis avec le secrétaire général du Hezbollah avec qui il s’est entendu pour que SUITE DE LA PAGE 1

Amal et le Hezbollah ne s’avancent pas vers les secteurs évacués. Les deux formations chiites se sont d’ailleurs empressées de publier des communiqués rassurant les habitants des sept villages, tous chrétiens.
Cheikh Nasrallah a considéré que «tout retrait du territoire occupé sous les coups portés par la Résistance islamique, branche armée du parti intégriste, est une victoire».
Evoquant implicitement les rumeurs sur l’éruption de conflits intercommunautaires, il a tenu à rassurer les habitants chrétiens de Jezzine.
«Nous espérons qu’ils ne prêteront pas attention aux éternels mensonges des agents stipendiés, il n’y a pas lieu d’avoir peur ou d’être inquiets. Nous avons combattu et continuons de le faire pour leur liberté et leur dignité. Nous sommes soucieux de leur sécurité et de leur bonheur. Ils doivent être entièrement rassurés de rejoindre le giron de la patrie, nous nous y engageons solennellement», a-t-il dit dans une déclaration à la presse.`

Une nouvelle
victoire

Le mouvement Amal a, de son côté, annoncé en soirée que «le Liban a réalisé une nouvelle victoire en obligeant l’ennemi et ses agents stipendiés à faire un nouveau pas en arrière et se retirer de sept villages occupés».
«Amal félicite les Libanais de cette victoire, réalisée grâce aux sacrifices des moudjahidine, à l’attachement du peuple à sa terre et à l’unité nationale recouvrée», a ajouté le communiqué qui appelle au déploiement de l’armée dans ce secteur.

Le déploiement
de l’armée

De sources militaires, on n’exclut pas un déploiement des forces régulières dans les régions évacuées, s’il s’avère qu’il s’agit bien d’un retrait et non pas d’un redéploiement de l’ALS. On rappelle dans ce cadre que l’ALS avait opéré au printemps dernier un redéploiement dans le secteur de Kfarfalous. De mêmes sources, on précise que l’armée ne peut pas intervenir si elle n’a pas au préalable le feu vert de l’autorité politique, d’autant qu’elle n’est pas représentée dans le secteur en question. La question sera soulevée aujourd’hui en Conseil des ministres sans qu’une décision ne soit toutefois prise, en l’absence de données complètes, selon des sources politiques informées. Le gouvernement pourrait se contenter d’examiner le mécanisme d’un éventuel déploiement de la troupe. Celle-ci, précise-t-on, devrait selon toute vraisemblance faire son entrée dans le secteur de Jezzine, à partir de la région limitrophe de Nabatiyé. Car, s’il faut qu’elles accèdent aux sept bourgs par la voie de Kfarfalous, les unités militaires seront contraintes de passer par la ville de Jezzine, ce qui est impossible au stade actuel en raison de la présence de l’ALS. De mêmes sources, on précise qu’il n’y a pas de liaison routière directe entre Kfarfalous et ces sept localités. Mais on n’en est pas encore là.

Piège
israélien

Et si les autorités patientent avant de crier victoire ou de se féliciter de la démarche de l’ALS, c’est pour ne pas tomber dans un piège qui serait tendu par les Israéliens pour vider Jezzine de ses habitants ou créer des conflits intercommunautaires dans la région, aux fins de faire assumer la responsabilité de ces événements au pouvoir ou de le contraindre à s’engager dans des pourparlers avec l’Etat hébreu.
Selon des sources politiques, en agissant de la sorte, les Israéliens veulent mettre l’Etat libanais devant une épreuve, d’autant que la situation à Jezzine et les problèmes soulevés par ses habitants ont défrayé la chronique il y a quelque temps. On rappelle dans ce cadre que lorsque l’Etat avait décidé de rouvrir la voie de passage de Kfarfalous pour faciliter le déplacement ses habitants de Jezzine en direction des régions sous contrôle de l’Etat, l’ALS avait réagi en posant une série de conditions (VOIR AUSSI PAGE 3). Le jeudi 17 juillet, le général Lahd soulignait qu’il était favorable à la réouverture de la voie de Kfarfalous à condition que la route puisse être pratiquée par tous les Libanais (qu’ils soient ou non originaires du Liban-Sud) et qu’«aucune force militaire», en l’occurrence l’armée, ne se déploie dans le no man’s land séparant les positions de l’ALS de celles de l’armée. Ces conditions avaient été rejetées par les autorités et si les événements qui ont secoué le pays au cours du mois passé ont relégué au second plan l’affaire de Jezzine, aujourd’hui le problème que pose cette région est de nouveau sous les feux de la rampe.
Contre toute attente, l’«Armée du Liban-Sud» s’est retirée de la position stratégique qu’elle occupait à Saydoune, au sud-ouest de la ville de Jezzine, libérant du coup sept villages et hameaux qui étaient placés sous son contrôle: Saydoune, Rimate, Chkadif, Haytoura, Snaya, Maknouniyé et Kattine, tangents au massif de l’Iqlim el-Touffah. Le village d’Aytoulé...