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Actualités - CONFERENCES DE PRESSE

S'insurgeant contre les propos injurieux et confessionnels tenus en conseil des ministres Nasrallah tire à boulets rouges sur l'état Pour le leader du Hezbollah, les mesures gouvernementales font partie d'un marché conclu avec les Etats-Unis

Si les décisions adoptées par l’Etat pour mater tout mouvement d’insubordination ont été accueillies avec hostilité dans certains milieux politiques, notamment opposants, elles ont été littéralement rejetées par le Hezbollah, qui a mis en garde les autorités contre toute tentative de museler la population.

Le secrétaire général du Hezbollah, cheikh Hassan Nasrallah, a tiré à boulets rouges contre le gouvernement qu’il a accusé de prendre pour prétexte les mouvements de protestation populaire pour affermir sa présence dans la Békaa et dans la banlieue-sud de Beyrouth. Ce que le responsable du Hezbollah reproche toutefois à l’Exécutif, ce n’est pas tant de déployer ses forces dans ces deux régions, mais de présenter celles-ci comme étant «hors-la-loi». Cheikh Nasrallah, qui a considéré les décisions du Conseil des ministres comme une injure pour les habitants de ces régions, s’est en outre insurgé, à coups d’allusions à peine compréhensibles, contre le «dénigrement de la communauté chiite».
Le langage tenu par le responsable du Hezbollah, au cours d’une conférence de presse hier, était lourd de menaces, au point qu’il est possible dès à présent de parler d’une nouvelle épreuve de force entre le Hezbollah et l’Etat. «Considérer que la Békaa et la banlieue-sud vivent dans un état d’urgence ou sont des zones militaires ou encore qu’elles sont hors-la-loi est une décision dangereuse que nous ne pouvons pas accepter. Nous l’annonçons haut et clair: nous rejetons cette décision», a insisté cheikh Nasrallah qui a stigmatisé «l’insulte infligée aux habitants de la Békaa et de la banlieue-sud». «S’il faut que toute région à travers laquelle des voitures volées sont acheminées ou que toute zone dans laquelle des voitures volées sont découvertes devienne une zone militaire, je crois que c’est tout le Liban qu’il faut transformer en zone militaire. Ce sont aussi tous les services de sécurité qui doivent être placés sous l’autorité de l’armée», a-t-il déclaré. «Nous refusons cette injure qu’on nous fait», a répété cheikh Nasrallah qui a rappelé le rôle joué par la Résistance pour faire reculer les forces israéliennes lors de l’invasion de 1982, avant de demander des excuses à l’Etat. «Il est vrai que l’Etat n’est pas un exutoire, mais les habitants de la banlieue et de la Békaa ne le sont pas non plus», a-t-il ajouté.

Hommage à l’armée

Le responsable du Hezbollah n’a pas dit quelle attitude il adoptera lorsque les forces de l’ordre commenceront à se déployer dans les zones déterminées par le gouvernement pour empêcher les rassemblements et les constructions sans permis. Il a toutefois laissé entendre qu’il n’est pas question d’une confrontation avec l’armée à qui il a par ailleurs rendu un vibrant hommage. «Nos demeures sont ouvertes à l’armée et je tiens à dire à ceux qui ont parié et qui parient toujours sur des accrochages entre l’armée et les habitants de la Békaa et la banlieue qu’ils se font encore une fois des illusions», a-t-il dit.
A en croire le responsable du Hezbollah, les décisions du Conseil des ministres n’ont rien à voir avec l’appel à la désobéissance civile lancé par cheikh Sobhi Toufayli: «En apparence, le but des mesures adoptées mercredi et d’interdire les rassemblements et les appels à la révolte mais la réalité est tout autre: nous détenons des informations que nous divulguerons en temps voulu et selon lesquelles ces décisions et notamment celles qui ont trait à la banlieue-sud font partie des arrangements prévus dans le cadre du marché douteux conclu avec l’Administration américaine préalablement à la levée des restrictions qui étaient imposées au voyage des Américains au Liban».
Le responsable du Hezbollah a jugé que ce marché ne s’arrête pas à ce stade-là, faisant état d’une série d’arrangements secrets conclus dans le domaine de la sécurité entre le Liban et les Etats-Unis. «Nous refusons que la banlieue-sud et ses habitants deviennent une matière à négociation», a-t-il encore fait valoir.

Appel à Toufayli

Le chef de la formation intégriste s’est ensuite adressé à cheikh Toufayli pour lui demander d’«ôter à l’Etat tout prétexte pour mettre en application ses projets douteux», tout en exprimant son appui aux «revendications légitimes d’une population victime de l’injustice».
Poursuivant sa diatribe contre le gouvernement, cheikh Nasrallah a annoncé qu’il s’attendait à ce que le Conseil des ministres de mercredi planche sur la situation au Liban-Sud, étant donné, a-t-il dit, les menaces qui pèsent sur cette région. Après avoir exprimé en des termes très durs, voire même insultants, sa déception face aux décisions prises, le responsable du Hezbollah s’est arrêté sur «le langage tenu durant la réunion et qu’on peut qualifier de dangereux». «Que signifie le langage confessionnel tenu par l’un des présidents contre une des communautés qui offre le plus grand nombre de martyrs et assume la charge de défendre le pays»? s’est-il interrogé faisant allusion à la dernière séance du Conseil des ministres, mais ne donnant pas plus de précisions. «En toute franchise, a-t-il poursuivi, nous disons que ces propos sont beaucoup plus dangereux que tous les appels à la désobéissance civile, pour la paix civile, la coexistence et le projet d’édification de l’Etat et des institutions».

Des affrontements
confessionnels

Selon lui, si les leaderships de la communauté en question «n’avaient pas un sens poussé des responsabilités et du nationalisme, ils auraient pu réagir de manière qui aurait fait réapparaître les affrontements à caractère confessionnel dans le pays». «Lesquels sont plus dangereux, ces propos tenus par un président ou le discours d’un homme de religion ou d’un député au sujet des victimes de l’injustice?», a fulminé cheikh Nasrallah.
Il convient d’indiquer qu’à l’ouverture de la réunion du Conseil des ministres, qui s’était tenu à Baabda, le chef de l’Etat, M. Elias Hraoui, avait affirmé que l’Etat n’est pas un exécutoire pour personne et qu’il ne «permettra à personne d’exploiter la résistance à des fins anarchiques».
Si les décisions adoptées par l’Etat pour mater tout mouvement d’insubordination ont été accueillies avec hostilité dans certains milieux politiques, notamment opposants, elles ont été littéralement rejetées par le Hezbollah, qui a mis en garde les autorités contre toute tentative de museler la population.Le secrétaire général du Hezbollah, cheikh Hassan Nasrallah, a...