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Actualités - DISCOURS

L'armée a fêté hier son 52e anniversaire Hraoui : nous avons besoin de héros capables de régler les problèmes et non pas de gardiens de crises (photos)

Ce n’est pas un discours de circonstance que le chef de l’Etat, M. Elias Hraoui, a prononcé hier pour le 52e anniversaire de l’armée. Seul à prendre la parole à la cérémonie organisée pour l’occasion à Fayadieh, le président de la République s’est adressé à la Nation, ainsi qu’au gouvernement et au Parlement pour réaffirmer les constantes qui, selon lui, doivent servir de base à l’édification de l’Etat. Pour la deuxième fois en une semaine, M. Hraoui a dénoncé la dilapidation de fonds dans les administrations publiques, critiqué le clientélisme et la pléthore de fonctionnaires.

Il s’est insurgé contre le fait que les Libanais, toutes tendances confondues, se désintéressent des sujets cruciaux pour le Liban et se distraient par des questions secondaires. C’est ce qui l’a poussé à souligner qu’aussi bien les loyalistes que les opposants «tournent dans un cercle vicieux» et que le Liban «a besoin de héros pour régler ses problèmes et non pas de gardiens de crises».
Car, pour le chef de l’Etat, même si le Liban a réalisé d’énormes progrès au niveau du développement, cela ne signifie pas que les Libanais «vivent dans un paradis». Et, à partir de la tribune de Fayadieh, le président de la République a réaffirmé son attachement au projet de réformes constitutionnelles qu’il a lancé depuis quelques mois.
C’est à 9h que la cérémonie a commencé à la caserne Chucri Ghanem de Fayadieh, avec l’arrivée du président de la République. Les chefs du Parlement et du gouvernement, MM. Nabih Berry et Rafic Hariri, étaient arrivés successivement quelques minutes plus tôt. Quant aux nombreux officiels conviés pour l’occasion, ils avaient commencé à affluer à partir de 7h30 à Fayadieh.
Aussitôt arrivé, le président Hraoui devait déposer une couronne de fleurs au pied du monument au Soldat inconnu. Il devait ensuite passer en revue les forces militaires, en compagnie du ministre de la Défense, M. Mohsen Dalloul, du commandant en chef de l’armée, le général Emile Lahoud, et du chef d’état-major, le brigadier Samir Kadi.
Tout de suite après, M. Hraoui a prononcé son discours qu’il a commencé en rendant un vibrant hommage aux militaires. «Vous avez su prouver que votre institution est un modèle» à suivre, a-t-il déclaré avant de souligner l’intérêt que l’Etat accorde à l’armée. «A mesure que vous vous éloignez de la politique et des politiciens, vous vous rapprochez de toute la patrie et à mesure que vous vous libérez de tout confessionnalisme, le sens de citoyenneté se développe en vous», a ajouté le président Hraoui avant de s’adresser aux Libanais pour exprimer sa surprise devant «la campagne menée par les médias pour présenter le pays comme s’il était mort et les Libanais comme s’ils ne méritaient pas la vie».

L’admiration des
étrangers

Il a mis l’accent dans ce cadre sur «l’admiration que les personnalités étrangères en visite au Liban expriment devant les progrès réalisés à tous les niveaux», puis il a déclaré: «J’ai moi-même visité plusieurs régions et constaté l’animation qui les caractérise et qui reflète la vitalité du Liban. Cela ne veut pas dire pour autant que nous vivons dans un paradis: cela signifie que nos problèmes doivent représenter un mobile supplémentaire pour nous solidariser aux fins de les surmonter».
Soulignant que l’Europe avait élaboré un plan général pour son redressement après la Deuxième Guerre mondiale, le président Hraoui a poursuivi: «Au lieu de nous amuser en prenant chacun l’autre pour cible, présentons un plan pour l’édification de l’Etat et de la société. Dans le passé, notre débat tournait autour de l’arabité du Liban, de la gauche et de la droite et nous oubliions le pays qui a fini par devenir une scène pour les conflits externes. Aujourd’hui, nous en avons fini avec ce genre de débat. Et si nous en avons fini, ce n’est pas pour plonger dans un autre autour du clientélisme et du confessionnalisme. Aujourd’hui, le Liban a besoin de héros pour résoudre ses problèmes et non pas de gardiens de crises. Les loyalistes et les opposants tournent dans un cercle vicieux. Débattre du confessionnalisme, du désenchantement et de la peur ne développe pas la citoyenneté, la confiance et la sécurité. Débattre d’accaparation (du Pouvoir) ou d’intérêts personnels ne favorise pas la participation (au Pouvoir), la justice et l’Etat civil. Nous avons instauré la paix et nous vous invitons à édifier l’Etat. Je ne serai pas rassuré sur le sort du processus de pacification avant que nous n’achevions l’édification de l’Etat. Nous n’avons pas mis un terme à la guerre pour laisser l’Etat la cible d’attaques. Telle est notre bataille. L’Etat a besoin de plus que la réforme et la restauration: d’une reconstruction radicale. Il a besoin d’une édification de ses administrations et de ses services, d’une organisation des rapports entre ses administrations et ses services et d’une complémentarité entre les deux secteurs public et privé».

Réformes
constitutionnelles

Poursuivant sur sa lancée, le chef de l’Etat a invité les Libanais à «trancher pour pouvoir élaborer les lois sur la décentralisation administrative, les élections municipales et parlementaires et pour pouvoir opérer les réformes administratives qui sont de nature à consolider l’action et le rôle de l’Etat». Il a rappelé qu’il «possède des idées pour développer la loi sur l’état civil de manière à aboutir à l’Etat séculier». Il convient de rappeler que le projet de réformes constitutionnelles auquel le chef de l’Etat demeure attaché avait été la principale cause de sa brouille, il y a quelques mois, avec M. Nabih Berry. Quant au projet d’amendement de la loi sur l’état civil de manière à autoriser essentiellement le mariage civil au Liban, il a été accueilli avec hostilité dans les milieux religieux, notamment mahométans. Les chefs des différentes communautés musulmanes s’étaient opposés catégoriquement à ce projet.
Le président Hraoui a affirmé ensuite: «Comment peut-on bâtir l’Etat si tout le monde ne paie pas son dû au Trésor et se vante de se dérober à cette responsabilité», en allusion à une vieille déclaration du ministre des Déplacés, M. Walid Joumblatt. M. Hraoui s’est ensuite arrêté sur la dilapidation de fonds dans les administrations publiques. «Comment peut-on bâtir l’Etat si tout le monde ne s’accorde pas à investir les fonds du Trésor dans l’intérêt public et à mettre un terme au gaspillage dans les dépenses? Comment peut-on bâtir l’Etat si le citoyen et le responsable n’ont pas le même respect pour les lois, si tout le monde ne s’entraide pas pour alléger l’administration de ses fardeaux et des chômeurs qui y sont en vue d’un meilleur rendement», a-t-il dit.
Le chef de l’Etat a affirmé «refuser une administration qui tyrannise la population» avant d’inviter le gouvernement et le Parlement à établir un plan pour la réforme de l’administration.
Le président Hraoui a, par ailleurs, accusé Israël de vouloir porter atteinte à la stabilité au Liban parce que son occupation du pays lui coûte beaucoup. Tout en soulignant le droit du pays à la résistance, le chef de l’Etat a réaffirmé la capacité de l’armée à «protéger la souveraineté libanaise et à maintenir la sécurité dans le pays» ainsi que l’attachement du Liban à une paix «juste et globale».
Un défilé militaire a suivi l’allocution du chef de l’Etat puis au terme de la cérémonie, les trois pôles du Pouvoir se sont rendus au Club des officiers où un cocktail était organisé.
Ce n’est pas un discours de circonstance que le chef de l’Etat, M. Elias Hraoui, a prononcé hier pour le 52e anniversaire de l’armée. Seul à prendre la parole à la cérémonie organisée pour l’occasion à Fayadieh, le président de la République s’est adressé à la Nation, ainsi qu’au gouvernement et au Parlement pour réaffirmer les constantes qui, selon lui,...