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Actualités - ANALYSE

Un mal rampant très mal traité : le confessionnalisme dit politique...


Tout le monde le reconnaît sans peine: par la mauvaise application de Taëf, au lieu de s’acheminer vers une abolition de la mentalité confessionnaliste on n’a fait que l’aggraver. Mais jusque-là le phénomène semblait contenu dans le parc où les communautés, par leaders interposés, se partagent les avantages, les postes, les marchés de la République. Actuellement, par la maladresse d’un gouvernement qui provoque un nouveau conflit tous les deux jours, les clivages confessionnels ont débordé le champ de la politique politicienne pour frapper en même temps les médias audiovisuels et les instances religieuses elles-mêmes. Une nouvelle césure, une nouvelle division et bientôt, si on n’y prend garde, le mal pourrait contaminer la rue...
Le risque est si évident que le président du Conseil M. Rafic Hariri, prenant son bâton de pèlerin — c’est le cas de le dire — a fait la tournée des instances spirituelles pour discuter de l’affaire des radios religieuses. Dar el-Fatwa lance comme on sait une «Radio du Coran» et de son côté le Conseil supérieur chiite, refusant l’idée d’une seule station pour les mahométans comme il y en a une seule pour les chrétiens, veut se doter d’une antenne bien à lui, sans tenir compte de ce qui a déjà été accordé au Hezbollah.
Une position que le président du Conseil (supérieur chiite) a confirmée au président du Conseil (des ministres) lors de leur entrevue. Cheikh Chamseddine ajoute, pour faire bonne mesure, qu’il ne voit pas pourquoi il n’y aurait pas également une télévision chiite bien à lui, pour lui servir de tribune «comme d’autres en ont obtenu le droit», allusion à peine voilée au Hezbollah mais aussi à M. Nabih Berry qui parraine une télé (et une radio) qui n’existe même pas ou pas encore...
M. Hariri a également fait chou blanc du côté de sa propre communauté, le mufti, cheikh Mohammed Rachid Kabbani, lui affirmant qu’il ne fermera jamais la «Radio du Coran» parce qu’il n’accepte pas que les sunnites soient marginalisés sur le plan médiatique, ce qui soit dit entre parenthèses, n’est pas très flatteur pour la «Future»...
Après Toufayli, les plus grands dignitaires religieux, cheikh Kabbani comme cheikh Chamseddine, défient la loi et le Conseil du ministre, pour la bonne raison que les décisions du pouvoir sont encore une fois déséquilibrées. Et à dire vrai les intéressés, tout comme Toufayli, profitent du déséquilibre de base pour adopter cette attitude si peu respectueuse à l’égard d’un pouvoir qui n’aurait pas manqué de mettre au pas toute instance osant lever, ou relever, la tête à l’Est... On peut estimer qu’ils ont bien raison de profiter de l’occasion puisque c’est avec complaisance qu’on traite leur réaction illégale, au nom d’un esprit de dialogue qui vient trop tard et au mépris de l’autorité de l’Etat comme de la souveraineté de la loi. Les responsables, encore une fois, tentent de couvrir une faute de base (en l’occurrence, l’octroi des licences réservées à la partie mahométane, à cheikh Hassan Fadlallah et au Hezbollah) par une erreur de traitement, à savoir chercher le compromis avec les auteurs d’une évidente infraction à la loi. Un ministre qui appartient à un parti souligne ainsi que «les protestations de Dar el-Fatwa et du CSC étant légitimes, le gouvernement n’avait qu’à rapporter les mesures prises mais M. Hariri dérape quand il va négocier avec cheikh Kabbani et cheikh Chamseddine qui, en passant outre au décret d’application du Code de l’audiovisuel, se mettent dans l’illégalité. L’erreur gouvernementale peut être lourde de conséquences: non seulement les Libanais sont moins que jamais portés à respecter l’Etat mais aussi ils se retrouvent jaloux les uns des autres confessionnellement, voire au sein de chaque confession... Au départ, pourquoi faire un tri forcément contestable... Le Conseil des ministres n’aurait pas dû désigner lui-même les bénéficiaires des licences, mais se contenter de poser des critères précis: quiconque pourrait s’y conformer aurait le droit d’opérer sur les ondes, qui supportent en réalité beaucoup plus que ce qui a été accordé».
Ph. A-A.
Tout le monde le reconnaît sans peine: par la mauvaise application de Taëf, au lieu de s’acheminer vers une abolition de la mentalité confessionnaliste on n’a fait que l’aggraver. Mais jusque-là le phénomène semblait contenu dans le parc où les communautés, par leaders interposés, se partagent les avantages, les postes, les marchés de la République. Actuellement, par...