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Actualités - CHRONOLOGIE

Réunion d'urgence à la Maison-Blanche Clinton juge appropriée la condamnation par Arafat du double attentat

Dans un souci évident de calmer les esprits, Bill Clinton a jugé «appropriée» la condamnation par Yasser Arafat du double attentat meurtrier commis la veille sur un marché de Jérusalem par deux kamikazes arabes. Il s’est empressé toutefois d’appeler dans le même temps l’Autorité palestinienne à imposer des mesures de sécurité accrues, tout comme la veille il avait réclamé des «mesures concrètes».

Cette prise de position a été rendue publique alors que la Maison-Blanche venait de convoquer une réunion d’urgence sur la situation dans la région.
Etaient présents à la réunion: le secrétaire d’Etat Madeleine Albright, de retour d’Asie, ainsi que le conseiller du président américain pour la sécurité nationale Sandy Berger et le coordinateur pour le Proche-Orient Dennis Ross.
«Le président estime que la déclaration publique hier (mercredi) du président (de l’Autorité palestinienne) était appropriée mais il continue à penser, comme il l’a dit hier, que des efforts sont nécessaires afin de renforcer la coopération en matière de sécurité», a déclaré le porte-parole de la présidence américaine, Michael McCurry.
Mme Albright avait estimé mercredi qu’il fallait laisser du temps à Israël avant d’envisager la reprise des discussions avec les Palestiniens. Et la Maison-Blanche se refusait jeudi à dire si Washington allait renvoyer le médiateur Dennis Ross au Proche-Orient. La visite de M. Ross avait été reportée sine die mercredi afin de respecter le «deuil» du peuple israélien.
«On ne peut pas dans ce genre de situation conduire les affaires comme si de rien n’était mais nous allons chercher la meilleure occasion pour renvoyer les négociateurs dans la région», a toutefois déclaré un responsable américain sous le couvert de l’anonymat. Dans la soirée, la chaîne de télévision CNN déclarait que Mme Albright se rendrait probablement en personne au P.-O. dès la semaine prochaine.
Autre question: la possibilité pour le gouvernement Clinton d’obtenir du Congrès la poursuite de l’aide américaine aux Palestiniens en «certifiant» qu’ils font le maximum d’efforts pour empêcher les attaques contre Israël depuis les territoires qu’ils contrôlent et qu’ils gèrent efficacement l’argent reçu.
Plusieurs membres de la Chambre ont averti que le Congrès couperait les fonds à l’Autorité palestiniennes, à moins qu’elle ne s’engage «à 100%» dans la lutte contre le terrorisme.

Israël «amer»

En Israël même, et alors que se multipliaient les commentaires et les prises de position en faveur d’une reprise du dialogue de paix, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Freddy Eytan s’est déclaré «amer» après la publication du communiqué de l’Union européenne. «Ce texte, a-t-il dit, est choquant et nous remplit d’amertume car il appelle le gouvernement et le peuple israéliens à ne pas «céder aux provocations de ceux qui veulent torpiller la paix» et exonère l’Autorité palestinienne de toute responsabilité».
M. Eytan a relevé que tout en condamnant «avec la plus grande fermeté le lâche attentat» de Jérusalem, M. Jacques Poos, chef de la diplomatie luxembourgeoise — dont le pays assume la présidence tournante de l’UE — «a fait preuve d’insensibilité au sujet des victimes innocentes et a préféré s’apitoyer sur le processus de paix».
Enfin, M. Eytan s’est indigné de la formulation du communiqué précisant que le double attentat avait été perpétré à Jérusalem-Ouest. Israël considère l’ensemble de Jérusalem comme sa capitale, contre l’avis de la communauté internationale et des Palestiniens qui entendent faire de Jérusalem-Est la capitale de l’Etat indépendant auquel ils aspirent.
Hier, l’envoyé spécial de l’Union européenne Miguel Angel Moratinos a rencontré à Amman le chef de la diplomatie jordanienne Fayez Tarwneh. Les deux parties ont estimé à cette occasion qu’il était nécessaire de poursuivre le processus de paix et qu’«un progrès soit enregistré dans les discussions palestino-israéliennes». M. Morationos a déjà rencontré les responsables israéliens, palestiniens et syriens.
C’est également un appel à sauver la paix qu’a lancé le ministre égyptien des Affaires étrangères Amr Moussa, lors d’un entretien téléphonique avec le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. M. Moussa a transmis ses condoléances à ce dernier et a également souligné auprès de son homologue israélien David Lévy et de responsables palestiniens «l’importance de sauver le processus de paix dans le but d’apporter la paix et la sécurité à tous les peuples de la région».
M. Moussa a estimé que le président de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat, ne pouvait être tenu pour responsable de l’attentat.
«Le président Arafat et son peuple ont un intérêt évident à parvenir à une solution juste», a déclaré M. Moussa, cité par les officiels. Israéliens et Palestiniens ont un «engagement et un intérêt à maintenir la sécurité», a-t-il ajouté.
Pour Paris, les deux attentats de mercredi sont «clairement dirigés contre le processus de paix». Le porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères Yves Doutriaux a souligné que ces attentats avaient «porté un grave coup» à ce processus, ajoutant qu’il ne fallait pas «perdre espoir».
«La réponse à ces attentats passe, certes, par une lutte impitoyable contre les extrémistes qui veulent tuer le processus d’Oslo. Chacun sait toutefois que seuls des progrès rapides dans la mise en œuvre de ces accords sont susceptibles de combattre efficacement le désespoir et la misère d’où germe le terrorisme, au Proche-Orient, comme ailleurs», a-t-il poursuivi.
A Rome, le président de la République Oscar Luigi Scalfaro a estimé que les implantations israéliennes dans la partie arabe de Jérusalem ont été «un acte de guerre à la paix».
L’attentat de mercredi a été «une bombe contre les espérances de paix» mais Israël a également accompli «un acte de guerre à la paix» qui «n’a pas été tâché de sang» en décidant de construire de nouvelles implantations juives dans le secteur arabe de la ville, a dit le chef de l’Etat italien au cours d’un discours devant la presse parlementaire à Rome.
«L’amitié exige la franchise», a dit M. Scalfaro, qui a rappelé avoir été président de l’Association pour l’amitié entre l’Italie et Israël dans des temps où cela était «à contre-courant».
M. Scalfaro a annoncé qu’il irait «prochainement» en Israël. «L’amitié me permettra de parler librement», a-t-il dit. «J’ai la responsabilité de dire en homme libre une parole libre pour la paix», a ajouté M. Scalfaro.
Enfin le ministère russe des affaires étrangères a condamné le double attentat. Lors d’une conférence de presse, le porte-parole du ministère, Guennadi Tarassov, s’est dit «indigné et inquiet de cet acte terroriste». Il a enjoint aux autorités palestiniennes et israéliennes d’accentuer «leurs efforts pour relancer le plus rapidement possible le processus de paix».
«Les extrémistes (qui ont commis cet attentat) ne pouvaient pas ne pas savoir que la réponse à cet acte serait le blocus des territoires palestiniens», a estimé M. Tarassov.
Dans un souci évident de calmer les esprits, Bill Clinton a jugé «appropriée» la condamnation par Yasser Arafat du double attentat meurtrier commis la veille sur un marché de Jérusalem par deux kamikazes arabes. Il s’est empressé toutefois d’appeler dans le même temps l’Autorité palestinienne à imposer des mesures de sécurité accrues, tout comme la veille il avait...