Dennis Ross reporte sa nouvelle tournée Coup d'arrêt aux efforts de paix

Pour le président américain, Palestiniens et Israéliens sont appelés à faire preuve d’une «détermination plus profonde à rechercher la paix». Il n’en demeure pas moins que le double attentat de mercredi à Jérusalem aura eu pour effet de balayer les maigres espoirs de reprise du dialogue entre les deux camps. Quelques instants plus tard, un responsable US annonçait le report de la nouvelle tournée régionale que devait effectuer Dennis Ross, «pendant que les Israéliens sont en deuil», ainsi que l’a affirmé le porte-parole de la Maison-Blanche Anne Luzzato.
La réaction de M. Bill Clinton à la double explosion sur le marché de Jérusalem a été immédiate. Il a dénoncé les deux attentats «barbares» et a appelé l’Autorité palestinienne à prendre «des mesures concrètes» pour renforcer la sécurité.
«Il n’y a aucune justification et il ne doit y avoir aucune tolérance pour ce genre d’acte inhumain», a affirmé le président américain lors d’une brève allocution télévisée à la Maison-Blanche.
M. Clinton a estimé que le double attentat ne visait pas seulement «des Israéliens innocents» mais plus généralement «la majorité des Israéliens, Palestiniens et Arabes qui veulent une paix juste et durable».
«La seule réponse peut et doit être des mesures concrètes par l’Autorité palestinienne pour renforcer les opérations de sécurité», ainsi que «le renforcement de la coopération en matière de sécurité entre Palestiniens et Israéliens», a ajouté M. Clinton.
«C’est seulement lorsqu’une paix sûre et durable sera obtenue que les ennemis de la paix seront vaincus», a-t-il ajouté, assurant qu’il entendait rester personnellement impliqué dans le processus de paix de manière «suivie et intense».
Pour sa part, le secrétaire d’Etat Madeleine Albright a indiqué avoir «demandé instamment» par téléphone au président de l’Autorité palestinienne de redoubler d’efforts pour assurer la sécurité.
Mme Albright, qui s’exprimait dans l’avion la ramenant de Singapour à Washington via Hawaii, a dit «avoir fait comprendre très clairement au président Arafat sa conviction que sans la sécurité, la paix est un slogan qui n’a ni signification ni valeur».

Des précédents

Pour des responsables palestiniens et de l’opposition israélienne, ce n’est pas une coïncidence si les extrémistes palestiniens ont agi juste au moment où le processus donnait quelques signes d’une possible reprise. Déjà dans le passé, les ennemis du processus de paix avaient frappé à coups redoublés à chaque fois qu’une avancée se profilait.
«Ceux qui veulent détruire le processus de paix ont frappé à nouveau comme à chaque fois qu’on entrevoit une lueur de paix», a déclaré à la presse le ministre palestinien de la Coopération internationale Nabil Chaath.
«Le seul moyen de mettre fin à de tels actes est de reprendre le processus de paix avec l’intention d’aboutir sérieusement à un accord», a affirmé pour sa part le porte-parole de M. Arafat, Marouane Kanafani.
«Cet attentat intervient juste au moment où Ross était attendu en Israël et il vise sans nul doute à empêcher sa mission de réussir. A l’encontre de la volonté de ses auteurs, il faut que les pourparlers reprennent sérieusement», a affirmé le dirigeant du parti d’opposition de gauche Meretz Yossi Sarid.
En confiant mardi soir la nouvelle tournée de M. Ross, la Maison-Blanche avait précisé que son émissaire serait porteur d’«idées américaines», ajoutant: «Ces dernières semaines, les États-Unis, en étroite coopération avec l’Egypte, ont œuvré avec les Israéliens et les Palestiniens pour trouver les moyens de relancer le processus de paix».
«La reprise récente des discussions entre Israéliens et Palestiniens sur les questions liées à l’accord intérimaire est un pas dans la bonne direction», s’était félicitée la Maison-Blanche, qui assurait que les Etats-Unis «sont prêts à faire tout ce qu’ils peuvent pour assurer que le processus de paix se poursuit sur une base saine et durable».
Auparavant, M. Ross lui-même avait annoncé sur la chaîne de télévision CNN qu’il retournait au Proche-Orient.
«Je vais retourner dans la région mercredi pour un bref déplacement», avait-il dit.
Interrogé par ailleurs sur les déclarations, mardi, du président syrien Hafez el-Assad estimant qu’il n’y a pas d’espoir actuellement pour la paix avec Israël, M. Ross avait affirmé qu’il fallait «trouver le moyen de rétablir les négociations directes» entre les deux pays. (AFP).