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Actualités - ANALYSE

Mairouba, version et versant est de Baalbeck...

Le Kesrouan région déshéritée (ou plutôt discriminée, car il ne faut rien exagérer), qui l’eût dit du temps de Chéhab ou des F.L... Mais les temps chantent, la roue tourne et aujourd’hui Roucheid el-Khazen, tout en s’en défendant, s’inspire de Toufayli, pour organiser une contestation appelée à connaître son premier moment fort au meeting populaire de Maïrouba, dimanche prochain 27 juillet.

Naturellement, le député n’a pas manqué de tenter d’obtenir la bénédiction de Bkerké. Il a donc longuement exposé au patriarche Sfeir ses motivations comme ses objectifs, affirmant que le meeting de dimanche a surtout valeur d’avertissement sans frais à l’Etat.
M. el-Khazen tient beaucoup à ce que l’on ne confonde pas sa démarche avec le mouvement de cheikh Soubhi Toufayli, qu’il désigne comme un hors-la-loi (sans utiliser exactement ce terme)... tout en indiquant que le pionnier de la Békaa — dont Chahhal ne veut pas au Akkar — serait à tout moment le bienvenu au Kesrouan!
Politiquement, il reste toutefois évident que les deux lignes, étant justement parallèles, ne se rejoignent pas. Même si l’on excepte les considérations d’allégeance, pour essentielles qu’elles restent, on trouve en effet, comme M. el-Khazen le souligne, que cheikh Toufayli veut renverser tout le système alors que le député du Kesrouan élu, donc rallié au taëfisme, n’y songe pas un seul instant. Il n’empêche que cette légalité qu’il respecte, M. el-Khazen estime qu’elle n’accomplit pas son devoir à l’égard de la population et que par conséquent cette dernière pourrait vouloir corriger la trajectoire du pouvoir, le cas échéant, par la force des armes!
Il reste que M. el-Khazen, c’est un fait, n’appelle pas comme cheikh Toufayli à l’insubordination civile et ne demande pas à ses concitoyens de ne plus hésiter à construire où il leur plaît, surtout sur les biens de l’Etat, de ne plus aller au travail s’ils sont fonctionnaires, de ne plus payer impôts, taxes et quittances... Donc, M. el-Khazen évite tout recours à l’insubordination civile, quoiqu’une telle demande dans une région qui paie pour d’autres, notamment l’électricité, serait certainement très populaire... Dans un certain sens, le mouvement de M. el-Khazen est plus «politique» que celui de cheikh Toufayli car il se fonde non pas tant sur des considérations ou des revendications strictement matérielles que sur des droits spoliés ou négligés par le pouvoir. Ce dernier pour sa part fait la sourde oreille aux protestations des uns comme aux récriminations des autres. Mais tôt ou tard il lui faudra inévitablement réagir car Toufayli qui a fait à Baalbeck un superbe pied de nez au décret gouvernemental interdisant toute manifestation, tout rassemblement public extérieur, compte bien récidiver dans des sites distincts, au Nord, au Sud, de nouveau dans la Békaa et même, s’il parvient à s’entendre avec les autres pôles chiites, dans la banlieue-sud de Beyrouth. Si le cheikh arrive, çà ou là, à faire bouger la rue, il faudra bien que le gouvernement, qui a flanqué Abou Rizk en prison pour moins que cela, bouge... Et il pourra difficilement se cacher encore une fois derrière son doigt en sacrifiant un officier de gendarmerie comme bouc émissaire, comme il l’a fait à Baalbeck. On s’étonne du reste déjà, et certains ministres sont les premiers à le faire, que l’Etat laisse Toufayli continuer ses diatribes et ses appels subversifs qui sont autant de crimes — dans l’acception juridique du terme — en regard du code pénal. «La révolte des affamés, ce n’est pas une marche de revendications sociales, car ce n’est pas en privant le Trésor de ressources qu’on peut aider les gens, mais bel et bien une tentative ouvertement déclarée de renverser l’ordre établi», dit un ministre qui estime que «M. Hariri, qui monopolise si volontiers le concept même d’Etat, est donc visé en premier et il ne doit plus fermer les yeux, sinon on va droit dans le mur, la suite pouvant être tragique. Déjà, conclut ce responsable, on se demande comment interdire des manifestations que l’Est voudrait organiser. Et s’il faudra aussi débourser pour cette région 150 milliards de L.L. comme on l’ a fait pour Baalbeck-Hermel, sans même obtenir qu’elle se taise...».

Ph. A-A.
Le Kesrouan région déshéritée (ou plutôt discriminée, car il ne faut rien exagérer), qui l’eût dit du temps de Chéhab ou des F.L... Mais les temps chantent, la roue tourne et aujourd’hui Roucheid el-Khazen, tout en s’en défendant, s’inspire de Toufayli, pour organiser une contestation appelée à connaître son premier moment fort au meeting populaire de Maïrouba,...