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Actualités - ANALYSE

Les ministres-opposants décidés à aller de l'avant

«Un ministre qui n’est plus d’accord avec son gouvernement ferme sa gueule ou démissionne», déclarait avec verdeur en 1991 Jean-Pierre Chevènement en claquant la porte du ministère de la Défense...
Un point de vue que les ministres-opposants d’ici, un quart du Cabinet, ne partagent pas du tout. Encouragés sans doute par l’attitude critique du chef de l’Etat (qui souligne cependant que l’opposition ne propose aucun programme), ils se disent résolus à aller de l’avant, sans renoncer à des postes qui leur permettent de mieux mener leur combat contre le camp haririen et de marquer facilement des points. L’un d’eux, répondant aux contre-critiques fondées sur le manquement à la cohésion ministérielle et aux engagements pris, affirme que «cette cohésion est battue en brèche au départ par un pouvoir qui passe outre à des impératifs bien plus essentiels, à savoir le respect des institutions et du Conseil des ministres. Nous sommes tenus à la cohésion quand c’est vraiment le Conseil des ministres qui décide et agit, ce qui n’est pas le cas. Nous devons loyauté au Conseil, pas à une personne déterminée. Si le chef du gouvernement n’est pas satisfait, il peut toujours demander notre révocation...»
Après ce défi, le ministre indique qu’avec ses collègues opposants, il est en train d’étudier «la possibilité de boycotter les séances du Conseil des ministres qui ne sont plus que des réunions de routine destinées à avaliser des décisions prises en dehors de l’institution, où se discutent d’ailleurs toutes les questions d’importance, au mépris de la Constitution. Nous venons au Conseil sans rien savoir, on nous remet des papiers à approuver sans nous avoir consultés auparavant, même pour des questions concernant nos propres départements. Nous n’admettons plus ces pratiques despotiques, ce pouvoir abusif que s’arroge M. Hariri qui veut décider seul de tout».
Et de promettre «une prochaine séance orageuse du Conseil des ministres. Nous allons en effet nous y dresser pour déverser tout ce que nous avons sur le cœur, mettre les points sur les i et exiger qu’on mette fin au règne individuel de M. Hariri ainsi qu’aux abus commis par son équipe. Devant la Chambre, lors du débat de politique générale, le président du Conseil, tout en reconnaissant qu’il y a crise, en a fait assumer la responsabilité en partie aux députés eux-mêmes, en insistant sur les hauts faits de sa gestion... Nous ne voyons pour notre part ni où la Chambre a fauté ni où sont ces fameuses réalisations. Mais même s’il fallait reconnaître à M. Hariri quelques mérites, son comportement quasi dictatorial reste injustifiable et inadmissible. Nul ne devrait se permettre de sauter par dessus les institutions, de contourner et de violer la Constitution. En outre, l’opinion, qui se débat dans des difficultés croissantes, ne peut vraiment pas se laisser distraire par des gesticulations, des conflits provoqués à dessein sur de faux problèmes comme l’appellation de la Cité sportive et elle ne se laisse pas duper par les certificats de bonne gestion que s’octroient généreusement les haririens. Les gens veulent du pain, c’est aussi simple que cela et pas des discours ronflants. Si M. Hariri peut le leur donner, nous serions prêts à lui pardonner... Le reste ne rime à rien», dit ce poète qui s’ignore.
Le fait est cependant que, pendant que les tenants du pouvoir se chamaillent de la sorte, la tension sociale ne cesse de monter et la crise, contrairement aux politiciens, ne connaît pas de vacances. Le fait est également que, sur le plan politique, l’émergence d’une opposition infragouvernementale ne présage évidemment pas d’une correction générale de ligne allant dans le sens de l’entente nationale...
Il faut donc craindre une rentrée de septembre qui serait doublement chaude, politiquement et surtout socialement.

Ph.A-A.
«Un ministre qui n’est plus d’accord avec son gouvernement ferme sa gueule ou démissionne», déclarait avec verdeur en 1991 Jean-Pierre Chevènement en claquant la porte du ministère de la Défense...Un point de vue que les ministres-opposants d’ici, un quart du Cabinet, ne partagent pas du tout. Encouragés sans doute par l’attitude critique du chef de l’Etat (qui...