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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

Boueiz se prononce en faveur d'une zone de paix à Jezzine Le chef de la diplomatie se déchaîne implicitement contre Hariri et l'accuse de disloquer toutes les institutions du pays (photo)

Le ministre des Affaires étrangères Farès Boueiz a exposé hier un plan en quatre points en faveur de Jezzine et des «repentis» de l’Armée du Liban-Sud (ALS), prévoyant notamment de «ne pas étendre la zone des combats» à cette région chrétienne. M. Boueiz a d’autre part lancé une véritable diatribe contre la politique du chef du gouvernement Rafic Hariri, qu’il n’a toutefois à aucun moment nommé.
«Il était de notre devoir de rouvrir le passage de Kfarfalous, en tenant compte du principe qu’il nous faut soutenir la résistance des habitants de Jezzine, empêcher leur exode et refuser de livrer une quelconque région aux Israéliens», a déclaré M. Boueiz au cours d’un entretien accordé au président du syndicat des rédacteurs Melhem Karam.
Il a ajouté: «Partant de ces considérations, j’ai demandé l’application de ces quatre points:
1. «Renforcer la présence militaire sur le point de passage de Bater (Chouf) de sorte à faciliter le déplacement des personnes et des marchandises et permettre ainsi aux habitants des régions occupées d’exporter leurs produits (vers le reste du pays). De cette manière, nous maintiendrions les liens économiques et les contacts entre eux et nous.
2. «Rouvrir le point de passage de Kfarfalous pour les mêmes motifs et pour faciliter les contacts entre les habitants de Jezzine et leurs proches à l’est de Saïda. Si c’est Israël qui refusait la réouverture de ce passage, cela se saurait et ainsi, on ne pourrait plus accuser l’Etat libanais de vouloir éloigner ses fils et de les empêcher de venir chez lui. Or, il est clairement apparu que les habitants de Jezzine sont les victimes d’Israël et non de l’Etat libanais.
3. «Encourager les départs volontaires de la milice de Lahd en s’abstenant de traduire systématiquement et automatiquement tout déserteur de l’ALS devant le tribunal militaire. Pour cela, une commission militaire et des services de renseignements serait formée pour examiner le cas de chaque déserteur. S’il apparaissait que celui-ci a quitté l’ALS volontairement et pour des considérations personnelles, des poursuites ne seraient pas engagées contre lui. Si, au contraire, des soupçons persistaient autour de sa personne ou autour des facteurs qui l’ont poussé à se rendre à l’intérieur, il serait alors traduit en justice.
4. «Dessiner une politique consistant à ne pas étendre la zone des combats à Jezzine, dans le but de permettre à ses habitants de rester sur leurs terres. La plus grande victoire serait que les Libanais demeurent chez eux, alors que les voir quitter leurs maisons et devenir des réfugiés dans leur propre pays constituerait la plus grosse défaite».
Sur le point de savoir si le Liban avait entamé des contacts internationaux pour permettre la réouverture du passage de Kfarfalous, M. Boueiz, éludant quelque peu la question, a répondu: «Je répète qu’il est du devoir de l’Etat libanais de rouvrir le passage de Kfarfalous et de désigner ainsi celui qui assume la responsabilité de sa fermeture».
«L’Etat libanais a réussi à clarifier la situation en plaçant Israël face à l’opinion internationale comme responsable. Alors, que les Etats qui prétendent être nos amis et qui affirment de temps à autre qu’ils appuient le Liban et sont pour le retrait d’Israël du Sud commencent à bouger», a-t-il ajouté.

La politique
gouvernementale

Interrogé sur sa position d’«opposant» au sein du gouvernement, le chef de la diplomatie n’y est pas allé de main morte pour dénoncer la politique de M. Hariri, usant de termes virulents, sans pourtant le nommer expressément.
M. Boueiz a ouvert le feu en évoquant le projet de réorganisation des Forces de sécurité intérieure (FSI), cher au premier ministre. «Ce projet, nous le considérons à l’heure actuelle comme un facteur d’explosion de l’unité et de l’entente nationales», a-t-il lancé, estimant qu’il y a, «derrière ce projet, l’intention d’établir une hégémonie sur une institution telle que les FSI et de la placer en situation de confrontation avec d’autres institutions».
«Nous pensons que la situation régionale exige de nous beaucoup de sagesse dans l’exercice de la politique intérieure, et non de tomber dans la précipitation en prenant des décisions aveugles», a souligné le ministre des Affaires étrangères.
«Certains dossiers, comme la question de la Cité sportive, la réorganisation des FSI et la loi électorale visaient à provoquer l’explosion de la situation intérieure. Mais nous n’accepterons plus désormais d’être les seuls responsables du calme et de la stabilité politique dans ce pays, alors que d’autres font de la provocation», a-t-il dit.
«Le Conseil des ministres doit assumer pleinement ses responsabilités et refuser d’être écarté par quiconque, car Taëf a reconnu le pluralisme politique au Liban. D’où la nécessité de renforcer les prérogatives des ministres pour qu’ils deviennent membres d’un conseil d’administration dont le pouvoir est entier», a-t-il noté.
Insistant sur ce point, M. Boueiz a rappelé que «ce que Taëf a retiré à la présidence de la République, il ne l’a attribué qu’au Conseil des ministres, en tant qu’institution».
«Celui qui croit pouvoir accaparer la décision et disloquer toutes les institutions du pays se trompe énormément. Alors, au lieu de prétendre que le Liban «va bien» (comme l’assure M. Hariri), il vaut mieux se demander «où va-t-il?», a-t-il ajouté.
«Si certains continuent à nourrir cette politique dans leur esprit, alors je crains que nous n’allions vers l’abîme politique et économique», a-t-il averti.

Les Irakiens

Interrogé sur le refus du Liban d’accueillir les athlètes irakiens qui désiraient participer aux 8es Jeux panarabes, refus qui a conduit Bagdad à accuser le Liban de «s’être vendu pour quelques millions de dollars» aux monarchies arabes du Golfe, M. Boueiz a répondu en suggérant qu’il n’était pas lui-même responsable de l’issue à laquelle cette affaire avait débouché.
«Cette affaire aurait dû être traitée d’une autre manière et il est regrettable que nous n’ayons été avertis de la question que trois jours avant l’ouverture des Jeux», a-t-il affirmé.
«Je pense que nous étions en mesure de parvenir à un compromis susceptible de satisfaire tout le monde, et basé sur une proposition (du secrétaire général de la Ligue arabe) Esmat Abdel Méguid. Il s’agissait de permettre à l’Irak de participer à la cérémonie d’ouverture des Jeux sans prendre part aux compétitions elles-mêmes», a expliqué le ministre.
«Hélas, il semble que certains n’ont rien épargné pour faire échec à tous les efforts de compromis, empêchant ainsi le Liban de réaliser une victoire politique en unifiant les Arabes et sacrifiant des intérêts économiques sûrs en gelant tout le dossier des relations économiques avec l’Irak. Dieu leur pardonne», a-t-il souligné.
Le chef de la diplomatie a par ailleurs réaffirmé la position libanaise à l’égard du blocage du processus de paix au Proche-Orient, reprochant notamment aux Etats-Unis d’avoir «abandonné leur rôle de moteur de ce processus et de courtier juste».
Selon lui, sur le plan bilatéral, les relations entre Beyrouth et Washington «ne souffrent d’aucun problème particulier». C’est «d’un point de vue régional» que le problème se pose. «Nous avons tenté d’approfondir les liens avec les Etats-Unis, mais toujours nous nous heurtons à l’obstacle israélien», a-t-il dit.
Il a par ailleurs estimé que «le moins qu’aurait pu faire le secrétaire d’Etat américain Mme Albright était de visiter la région dès sa désignation ou d’entreprendre des contacts intensifs afin de se familiariser avec la réalité complexe» au Proche-Orient.
Le ministre des Affaires étrangères Farès Boueiz a exposé hier un plan en quatre points en faveur de Jezzine et des «repentis» de l’Armée du Liban-Sud (ALS), prévoyant notamment de «ne pas étendre la zone des combats» à cette région chrétienne. M. Boueiz a d’autre part lancé une véritable diatribe contre la politique du chef du gouvernement Rafic Hariri, qu’il...