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Actualités - ANALYSE

Kfarfalous : mission pleine d'embûches pour l'armée

L’unité de l’armée libanaise envoyée à Kfarfalous pour nettoyer et dégager le passage travaille dans des conditions difficiles, sous les bombardements de Lahd et des Israéliens. A Beyrouth, les officiels soulignent qu’ils n’ont fait que leur devoir le plus élémentaire en décidant de relier de nouveau Jezzine, effroyablement isolée après les attentats intégristes de juin «à l’aveugle» sur les routes de cette région, à la région de Saïda via Kfarfalous. Le ministre des Affaires étrangères, M. Farès Boueiz, souligne ainsi que l’Etat ne pouvait faire autrement qu’ouvrir la voie de jonction précitée, pour que les Libanais de Jezzine ne se sentent plus otages, captifs ou réfugiés sur leur propre sol. Et il accuse Israël de chercher à entraver délibérément cet effort de dégagement si nécessaire. Après les dures épreuves subies par la population ces derniers mois et en réponse à ses appels, le chef du gouvernement M. Rafic Hariri avait approuvé l’idée de la réouverture de Kfarfalous et confié à l’armée le soin de prendre les mesures à cet effet. De fait le bataillon envoyé sur place a entrepris de déminer d’abord le terrain, d’installer des positions et un contrôle, malgré les menaces répétées des Israéliens et de l’ALS qui se sont traduites ensuite en matraquage d’artillerie. Le général Emile Lahoud, commandant en chef de l’armée, avait alors donné en substance aux effectifs l’ordre suivant: «Tenez bon, ne décrochez pas, poursuivez votre tâche pour la réouverture de la voie de jonction. Votre mission est claire et vous devez vous rappeler le caractère national qu’elle revêt....». La troupe a donc persisté mais tous les observateurs s’accordent à souligner que la réouverture effective de cette passe reste problématique, les Israéliens et Lahd continuant à empêcher les gens d’emprunter cette voie par leurs tirs. En fait l’ALS ne prend pas position publiquement et se contente d’indiquer qu’elle attend que son chef, qui vient de retourner d’un séjour à Paris, se prononce. Ce qui n’empêche pas ses hommes de pilonner régulièrement Kfarfalous et les abords des positions prises par l’armée libanaise. Les gens de Lahd s’étonnent, disent-ils, que «Rafic Hariri, après avoir longtemps refusé la réouverture de Kfarfalous sous la pression des Syriens quand nous la proposions nous-mêmes, se soit brusquement ravisé quand les intégristes sont entrés dans la danse... En tout cas ce n’est pas comme cela, sans préparation, sans consensus à travers des contacts par les voies diplomatiques, qu’on peut mettre un terme à un dispositif appliqué par accord tacite entre les parties prenantes sur le terrain. Si on veut jouer avec nous au fait accompli, ajoutent les auxiliaires de l’occupant israélien, nous savons comment nous y prendre. Il n’est pas trop tard, ajoutent ces sources, et les autorités libanaises peuvent toujours charger les Américains, comme cela s’est souvent produit, d’effectuer des contacts pour un nouvel arrangement. Autrement, nous pouvons craindre que la mesure ne cache des visées déterminées servant bien plus les syriens que les autorités libanaises».
Ces sources précisent ensuite leurs conditions:
— Déclarer avant tout Jezzine ville ouverte, ce qui signifie sa neutralisation et l’arrêt des représailles contre les civils exercées par les hezbollahis; mais ce qui s’étend aussi aux gens de Jezzine qui se rendent à l’intérieur du Liban et font souvent l’objet de tracasseries multiples, d’arrestations et d’interrogatoires sous prétexte qu’ils sont automatiquement soupçonnés de collaborer avec l’ennemi.
— Engager, à partir de la réouverture de Kfarfalous, des pourparlers sérieux pour régler la question de la région de Jezzine et commencer à traiter le problème du Sud tout entier, dans le cadre des négociations de paix régionales.
— Entamer le dialogue dans ce même cadre pour fixer d’une manière favorable le sort futur des éléments de l’ALS qui devraient pouvoir, comme les autres ex-miliciens, être intégrés aux forces régulières libanaises.
— Veiller à ce que la réouverture de Kfarfalous représente un engagement de retour au calme et ne serve pas aux hezbollahis à s’infiltrer dans l’enclave pour y organiser de nouveaux attentats.
Pour leur part les notables et représentants de Jezzine dont le ministre de l’Industrie M. Nadim Salem, tirent la sonnette d’alarme en soulignant la gravité de ce qui se passe dans la région et en mettant en garde contre un éventuel exode massif de sa population.
Ph. A-A.
L’unité de l’armée libanaise envoyée à Kfarfalous pour nettoyer et dégager le passage travaille dans des conditions difficiles, sous les bombardements de Lahd et des Israéliens. A Beyrouth, les officiels soulignent qu’ils n’ont fait que leur devoir le plus élémentaire en décidant de relier de nouveau Jezzine, effroyablement isolée après les attentats intégristes de...