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Actualités - CHRONOLOGIE

Trêve politique ... place au sport

Le week-end sportif auquel ont eu droit les Libanais à la faveur du coup d’envoi, samedi soir, des huitièmes Jeux panarabes, a éclipsé quelque peu l’actualité politique locale. Il aura permis par la même occasion de clore deux dossiers qui n’ont pas manqué de ternir l’organisation des Jeux: l’affaire du label de la «Cité sportive Camille Chamoun», que M. Rafic Hariri désirait modifier mais qui a été officiellement confirmé, en définitive, par le président Elias Hraoui dans son discours d’ouverture des Jeux; et le problème de la participation des athlètes irakiens, qui ont été interdits de séjour au Liban.
Ces Jeux panarabes ne se seront donc pas tenus sans grincement de dents. De surcroît, plusieurs pôles d’influence locaux, tels que le ministre Walid Joumblatt et l’ancien chef du gouvernement Omar Karamé, n’ont pas manqué de faire preuve de sarcasme à l’égard de l’événement sportif de samedi soir (M. Joumblatt l’a qualifié de «cérémonie d’hébétement sportif»). Et il aura fallu de graves failles au niveau de l’organisation de la cérémonie d’ouverture pour compléter (et assombrir) le tableau. Dans la bousculade générale, marquée par un comportement très peu «courtois» des forces de l’ordre, des centaines, voire des milliers, d’invités — munis pourtant de billets d’invitation officiels — n’ont pu pénétrer dans la Cité Camille Chamoun pour assister au coup d’envoi des Jeux. L’accès au stade était, en effet, totalement chaotique et désorganisé.
Il reste qu’au delà de leur portée médiatique et de l’acquis certain que constitue la reconstruction de la Cité Camille Chamoun en dépit des moyens modestes disponibles, les Jeux panarabes auront eu pour avantage de favoriser une pause temporaire, une trêve, dans les tiraillements politiques internes. Les élections municipales ont été renvoyées aux calendes grecques et le débat de politique générale (qui a eu lieu dans le sillage de la session extraordinaire de la Chambre) s’est achevé, comme à l’accoutumée, en queue de poisson. En outre, la visite officielle de trois jours que M. Hariri entamera aujourd’hui à Madrid contribuera à braquer momentanément, dans une certaine mesure, les feux de l’actualité sur... les compétitions sportives.
Dès samedi soir, en réalité, l’intérêt des Libanais s’était porté sur la cérémonie d’ouverture des Jeux panarabes. Comme prévu, et conformément à l’engagement qu’il avait pris à ce propos, le président Hraoui devait trancher le litige ( irrationnel) sur le label de la Cité sportive, reconstruite au cours des derniers mois. «De la Cité sportive Camille Chamoun, je déclare ouverts les Jeux panarabes», a proclamé le chef de l’Etat. Cette petite phrase — anodine pour un observateur étranger — a revêtu une importance symbolique pour une large frange de l’opinion en raison de l’inexplicable obstination de M. Hariri à vouloir gommer le nom de Camille Chamoun du label de la Cité sportive.

L’affaire des Irakiens

Autre dossier qui a embarrassé les responsables officiels à l’occasion de la tenue des Jeux panarabes à Beyrouth: la participation de la délégation sportive irakienne. Sur insistance des Séoudiens et des Koweitiens — qui ont contribué au financement des travaux de reconstruction de la Cité Camille Chamoun — les autorités locales ont refusé jusqu’à la dernière minute d’octroyer des visas d’entrée aux 95 athlètes irakiens qui étaient bloqués depuis jeudi dernier à la frontière libano-syrienne.
Les sportifs irakiens sont repartis samedi soir, près d’une heure seulement avant l’ouverture des Jeux, pour Bagdad via la Syrie. Avant de quitter la frontière libano-syrienne, ils ont égorgé des moutons et scandé des slogans à la gloire du président irakien Saddam Hussein. Ils ont brandi des banderoles sur lesquelles ont pouvait lire, notamment: «Le sport unit, mais on nous a empêchés de rencontrer nos frères».
«Nous partons avec beaucoup d’amertume dans le coeur en raison de ce revirement inhospitalier et du fait que nos frères libanais aient été victimes du chantage koweitien», a déclaré le chef de la délégation irakienne, Acil Tabra. «C’est d’autant plus regrettable, a-t-il souligné, que nous avions reçu une invitation en bonne et due forme de la part de la direction officielle libanaise des sports, du comité organisateur des Jeux et de la Ligue arabe».
Cet épisode ne manquera sans doute pas d’entraver le réchauffement des relations entre Beyrouth et Bagdad qui semblait poindre à l’horizon depuis quelque temps, et qui s’était amorcé à la faveur d’un échange de visites de délégations économiques entre les deux pays.
Reflétant le climat qui prévaut sur ce plan à Bagdad, la presse irakienne a violemment pris à partie le gouvernement libanais tout en évitant soigneusement de s’en prendre à la Syrie. Le quotidien «Babel» a notamment souligné que «le fait que les autorités libanaises ont interdit l’entrée aux athlètes irakiens en échange de futiles avantages matériels signifie que ce gouvernement ne respecte pas l’indépendance du Liban et qu’il a vendu sa décision à bas prix».
En agissant de la sorte, «le gouvernement libanais a porté un coup à la dignité du Liban et a mis en doute sa capacité à représenter son pays et incarner son indépendance et sa liberté», ajoute «Babel», journal dirigé par le fils aîné du président Saddam Hussein, Oudaï, également président du Comité olympique irakien.
«Ceux qui ont vendu leur décision peuvent-ils convaincre qui que ce soit qu’ils sont des dirigeants et des hommes?», demande le journal.
Le quotidien officiel irakien «Al-Qadissiya» est tout aussi virulent. «Les agissements de la racaille au Koweit et Arabie Séoudite et de ceux qui leur ont emboîté le pas, en salivant à la vue des dollars, resteront marqués à jamais du fer rouge de la honte», écrit-il.
Le journal gouvernemental «As-Saoura» accuse également le gouvernement libanais de «faire fi de l’indépendance du Liban et de sa souveraineté».
Estimant que l’attitude des autorités de Beyrouth «est contraire à la charte de la Ligue arabe et viole la décision de cette organisation d’inviter l’Irak aux Jeux panarabes», il demande à la Ligue arabe «d’adopter l’attitude qui s’impose face aux agissements du gouvernement libanais».
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Autre dossier qui a embarrassé les responsables officiels à l’occasion de la tenue des Jeux panarabes à Beyrouth: la participation de la délégation sportive irakienne. Sur insistance des Séoudiens et des Koweitiens — qui ont contribué au financement des travaux de reconstruction de la Cité Camille Chamoun — les autorités locales ont refusé jusqu’à la dernière minute d’octroyer des visas d’entrée aux 95 athlètes irakiens qui étaient bloqués depuis jeudi dernier à la frontière libano-syrienne.
Les sportifs irakiens sont repartis samedi soir, près d’une heure seulement avant l’ouverture des Jeux, pour Bagdad via la Syrie. Avant de quitter la frontière libano-syrienne, ils ont égorgé des moutons et scandé des slogans à la gloire du président irakien Saddam Hussein. Ils ont brandi des banderoles sur lesquelles ont pouvait lire, notamment: «Le sport unit, mais on nous a empêchés de rencontrer nos frères».

Beaucoup
d’amertume

«Nous partons avec beaucoup d’amertume dans le coeur en raison de ce revirement inhospitalier et du fait que nos frères libanais aient été victimes du chantage koweitien», a déclaré le chef de la délégation irakienne, Acil Tabra. «C’est d’autant plus regrettable, a-t-il souligné, que nous avions reçu une invitation en bonne et due forme de la part de la direction officielle libanaise des sports, du comité organisateur des Jeux et de la Ligue arabe».
Cet épisode ne manquera sans doute pas d’entraver le réchauffement des relations entre Beyrouth et Bagdad qui semblait poindre à l’horizon depuis quelque temps, et qui s’était amorcé à la faveur d’un échange de visites de délégations économiques entre les deux pays.
Reflétant le climat qui prévaut sur ce plan à Bagdad, la presse irakienne a violemment pris à partie le gouvernement libanais tout en évitant soigneusement de s’en prendre à la Syrie. Le quotidien «Babel» a notamment souligné que «le fait que les autorités libanaises ont interdit l’entrée aux athlètes irakiens en échange de futiles avantages matériels signifie que ce gouvernement ne respecte pas l’indépendance du Liban et qu’il a vendu sa décision à bas prix».


Un coup à la dignité
du Liban

En agissant de la sorte, «le gouvernement libanais a porté un coup à la dignité du Liban et a mis en doute sa capacité à représenter son pays et incarner son indépendance et sa liberté», ajoute «Babel», journal dirigé par le fils aîné du président Saddam Hussein, Oudaï, également président du Comité olympique irakien.
«Ceux qui ont vendu leur décision peuvent-ils convaincre qui que ce soit qu’ils sont des dirigeants et des hommes?», demande le journal.
Le quotidien officiel irakien «Al-Qadissiya» est tout aussi virulent. «Les agissements de la racaille au Koweit et Arabie Séoudite et de ceux qui leur ont emboîté le pas, en salivant à la vue des dollars, resteront marqués à jamais du fer rouge de la honte», écrit-il.
Le journal gouvernemental «As-Saoura» accuse également le gouvernement libanais de «faire fi de l’indépendance du Liban et de sa souveraineté».
Estimant que l’attitude des autorités de Beyrouth «est contraire à la charte de la Ligue arabe et viole la décision de cette organisation d’inviter l’Irak aux Jeux panarabes», il demande à la Ligue arabe «d’adopter l’attitude qui s’impose face aux agissements du gouvernement libanais»
Le week-end sportif auquel ont eu droit les Libanais à la faveur du coup d’envoi, samedi soir, des huitièmes Jeux panarabes, a éclipsé quelque peu l’actualité politique locale. Il aura permis par la même occasion de clore deux dossiers qui n’ont pas manqué de ternir l’organisation des Jeux: l’affaire du label de la «Cité sportive Camille Chamoun», que M. Rafic...