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Actualités - CHRONOLOGIE

L'armée turque veut régler ses comptes avec Tansu Ciller

L’armée turque semble de plus en plus déterminée à régler ses comptes avec l’ancien ministre des Affaires étrangères Tansu Ciller, dont l’avenir paraît aujourd’hui menacé et dont le Parti de la juste voie vient de perdre encore un député, résultat d’un lent et implacable travail de sape entrepris depuis des semaines et destiné à affaiblir la coalition formée avec le Refah de l’ancien premier ministre Necmettin Erbakan.
Les forces prolaïques turques, qui s’étaient liguées dans le sillage des militaires contre le gouvernement à dominante islamiste d’Erbakan, ne pardonnent pas à Mme Ciller de les avoir trahies en amenant les islamistes au pouvoir.
«Ils me réservent un sort comparable à celui de Benazir Bhutto», aurait confié Mme Ciller à son entourage, selon une agence de presse locale. Elle faisait allusion à de multiples accusations de corruption qui circulent contre elle et son mari Ozer Ciller et rappellent celles qui avaient été dirigées contre l’ancien premier ministre pakistanais Benazir Bhutto et son époux.
Homme d’affaires richissime, Ozer Ciller a depuis longtemps la réputation en Turquie d’avoir profité des fonctions de premier ministre de sa femme pour accumuler une fortune considérable et d’avoir ensuite soutenu financièrement les desseins politiques de celle-ci.
Ces accusations n’ont jamais été prouvées mais selon des sources bien informées, la justice va commencer à s’intéresser de près aux finances des époux Ciller.
«Ils vont le faire, il faut qu’ils le fassent, il faut assainir la vie politique», a déclaré un parlementaire membre de la nouvelle coalition droite-gauche qui a succédé au gouvernement Erbakan-Ciller.
Mercredi soir, Ozer Ciller a déposé devant un juge, qui l’avait menacé d’un mandat d’arrêt s’il ne se présentait pas, à propos d’accusations selon lesquelles il aurait falsifié des documents concernant les nombreux biens que lui et Mme Ciller possèdent aux Etats-Unis. Il a nié ces accusations, selon l’ensemble de la presse turque.

Watergate turc

Une nouvelle affaire, qualifiée par les journaux de «Watergate turc», pourrait également inquiéter Mme Ciller. Une enquête a été ouverte sur des informations faisant état de la présence d’une organisation au sein de la police qui écoutait notamment les téléphones de l’état-major pour se renseigner sur les plans de l’armée pour lutter contre le fondamentalisme religieux sous l’ancienne coalition.Le témoin numéro un dans cette affaire, l’ancien chef du département des renseignements de la police Bulent Orakoglu, a été envoyé en mission aux Etats-Unis par l’ancien ministre de l’Intérieur Meral Aksener, personnalité très proche de Mme Ciller. Cette décision a été prise après que l’armée, qui se doutait qu’elle était écoutée, eut demandé une enquête au ministère de l’Intérieur.
Orakoglu affirme n’avoir rien commis d’illégal et son successeur, Hanefi Avci, prend sa défense dans les colonnes du journal «Radikal» en soulignant que «s’il y a préparatifs de coup d’Etat, c’est le devoir de la police que de les surveiller».
«L’affaire de la taupe», comme l’a baptisée la presse, intervient dans un contexte de «détricotage» de l’islamisation de la vie politique et sociale entreprise sous Erbakan.
Par ailleurs, les analystes politiques s’accordent à penser que d’anciens dossiers contre Mme Ciller vont ressortir. Celle-ci avait été accusée de malversations diverses, lorsqu’elle était premier ministre, dans la privatisation partielle de Tofas, filiale turque de Fiat, et dans la gestion de Tedas, compagnie de distribution d’électricité.
Des demandes d’enquêtes parlementaires sur ces allégations, ainsi que sur les conditions d’accumulation de la fortune personnelle de Mme Ciller, avaient été faites par le Parti de la prospérité (Refah) de M. Erbakan, menaçant Mme Ciller d’une comparution en Haute Cour. Mais ce parti avait aidé à la blanchir après que Mme Ciller eut conclu son alliance avec lui.
Beaucoup estiment que la coalition laïque du nouveau premier ministre Mesut Yilmaz, ennemi personnel de Mme Ciller, va déterrer ces dossiers et tenter ainsi de précipiter sa fin politique.

Nouvelle défection

Par ailleurs, un autre député du Parti de la juste voie (DYP), de Mme Ciller a démissionné jeudi pour rejoindre la coalition pro-laïque du nouveau premier ministre, renforçant encore les chances de celui-ci d’obtenir la confiance du Parlement.
Cemal Alisan, élu de Samsun (nord), a quitté le DYP et rejoint le Parti pour une Turquie démocrate (DTP), un parti de droite formé essentiellement de transfuges du DYP et qui fait partie de la coalition tripartite de M. Yilmaz, a annoncé l’agence Anatolie.
M. Alisan est le treizième député à démissionner du DYP depuis la nomination de M. Yilmaz le 20 juin.
Le gouvernement Yilmaz, qui tentera d’obtenir la confiance du Parlement le 12 juillet, est techniquement minoritaire car les partis le composant n’ont pas la majorité. Mais grâce au soutien d’autres formations qui n’en font pas partie, il contrôle actuellement 280 députés sur 550 à l’assemblée. (AFP, Reuter)
L’armée turque semble de plus en plus déterminée à régler ses comptes avec l’ancien ministre des Affaires étrangères Tansu Ciller, dont l’avenir paraît aujourd’hui menacé et dont le Parti de la juste voie vient de perdre encore un député, résultat d’un lent et implacable travail de sape entrepris depuis des semaines et destiné à affaiblir la coalition formée...