Baalbeck : Rahbani polémique avec le comité (photo)

Les Rahbani et Feyrouz absents du Festival de Baalbeck. Aux explications du Comité qui avait indiqué ne pas disposer des 750.000 dollars requis par le programme envisagé, Mansour Rahbani a répondu, hier.
Il a estimé, dans une conférence de presse, qu’il y avait une contradiction dans les différentes prises de position du Comité. «D’abord, le chiffre de 850.000 dollars avancé n’est pas exact, et le devis détaillé que je vous présente en est la preuve». Et il a révélé avoir signalé à Feyrouz son intention d’être présent à Baalbeck, «mais pas dans un nouveau spectacle. Il y aurait des reprises de «Jisr el-Kamar», «Ayyam Fakhreddine», «Jabal Assouan», «Natourat al-mafatih», ainsi qu’une nouvelle chanson composée spécialement pour l’occasion». Mansour Rahbani indique avoir communiqué son programme au Comité «qui s’est déclaré ravi». Par la suite, selon lui, «le Comité a tenté de justifier l’absence de Feyrouz. La presse a rapporté que ces dames avaient estimé que le temps était trop court pour permettre aux Rahbani de préparer un nouveau spectacle. Elles nous auraient proposé de reprendre d’anciennes scènes et le problème aurait été les cachets mirobolants que nous demandions».
Et Rahbani de poursuivre, «Mme May Arida s’est, par la suite, contredite en déclarant que les Rahbani, faute de temps, étaient dans l’incapacité de présenter un nouveau spectacle». Le Comité ne veut pas de reprise. «Le problème est là», aurait elle assuré. Quant aux assertions sur le prix «élevé» demandé par Feyrouz, Mme Arida aurait déclaré, «nous aurions pu nous arranger. Mais la vérité est que nous voulions du nouveau».
Mansour Rahbani a souligné ensuite que si la reprise d’anciennes œuvres est «interdite à Baalbeck, que dire de toutes les prestations qui y ont été exécutées: Karajan a interprété des œuvres centenaires. Béjart, Margot Fonteyn et La Comédie-Française n’ont jamais rien présenté qui n’ait déjà été joué ailleurs. Le festival de Baalbeck ne s’est démarqué que grâce à Feyrouz, aux frères Rahbani et à d’autres Libanais».
Mansour Rahbani a répondu par ailleurs aux propos tenus par Mme Arida, qui faisait remarquer, selon lui, que Feyrouz et les Rahbani devaient leur célébrité au festival. «Nous étions déjà célèbres», rectifie-t-il. «Le mérite en revient à Radio-Liban, Radio-Damas et Radio-Orient. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le Comité nous a conviés en 1957».
Abordant plus précisément la question des émoluments de Feyrouz, Rahbani a souligné que «si Feyrouz a demandé pour quatre représentations 300.000$ comme il a été rapporté, soit 75.000$ par spectacle, ce n’est pas excessif en regard du cachet que touche le plus petit chanteur pour animer une soirée de mariage».
Et Mansour Rahbani de s’interroger en conclusion: «Pourquoi exige-t-on de Feyrouz qu’elle offre ses prestations? Pourquoi le pays n’est-il avare qu’envers ses artistes? Que ne demande-t-on aux commerçants et aux industriels de baisser le prix des denrées alimentaires?»
M. Rahbani a ensuite communiqué le devis détaillé des quatre représentations envisagées: acteurs, danseurs, techniciens, costumes et production, auraient coûté 300.000$. «J’ai demandé un cachet de 100.000$ pour la composition de la nouvelle chanson, le remixage des reprises, la supervision de la production», a souligné M. Rahbani.
«J’ai accepté de ramener ce chiffre à 60.000$. Mais rien n’y a fait».
Y aurait-il complot contre Feyrouz? «Quand même pas», répond Mansour Rahbani.
A.G.