Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Mesures protectionnistes : l'opposition parlementaire prend de l'ampleur Fakhoury doit répondre jeudi aux interrogations des députés

Les commissions parlementaires mixtes poursuivront la semaine prochaine l’examen des nouvelles mesures protectionnistes du gouvernement, auxquelles la majorité parlementaire semble aujourd’hui opposée. Il est en effet intéressant de noter l’évolution de l’attitude des députés entre la première réunion qu’ils ont tenue la semaine dernière pour examiner le dossier agroalimentaire et celle d’hier.
La semaine dernière, les députés étaient nombreux à se féliciter de l’initiative du gouvernement de protéger la production locale, mais depuis, ils ont manifestement eu le temps de l’examiner plus en profondeur, ce qui explique la majorité parlementaire qui s’est exprimée hier contre la nouvelle politique agricole jugée comme étant «improvisée».
Il faut toutefois préciser que la quarantaine de députés qui ont participé dans la matinée à la deuxième réunion conjointe des commissions parlementaires de l’Administration et de la Justice, des Finances et du Budget, de l’Economie et du Commerce, de l’Agriculture et du Tourisme ne contestent pas le principe qui a dicté à l’Exécutif ses nouvelles orientations agricoles. Ce qu’ils rejettent, en revanche, c’est le dirigisme préconisé dans la mesure où il est en contradiction avec le système économique libanais. Et même ceux qui estiment que les nouvelles orientations agricoles. Ce qu’ils rejettent, en revanche, c’est le dirigisme préconisé dans la mesure où il est en contradiction avec le système économique libanais. Et même ceux qui estiment que les nouvelles mesures protectionnistes peuvent être justifiées craignent qu’elles n’aboutissent à des résultats opposés à ceux qui sont souhaités, vu leur caractère «orphelin».
Les députés que nous avons interrogés au terme de la réunion étaient unanimes à affirmer que les mesures préconisées et défendues farouchement par le ministre de l’Agriculture, M. Chawki Fakhoury, doivent faire partie d’un plan général de développement de l’agriculture et qu’à elles seules, elles ne peuvent pas contribuer à redresser ce secteur. A sa sortie de l’hémicycle avant que la réunion ne prenne fin, M. Ghassan Matar nous a déclaré que de nombreuses questions ont été posées au ministre qui avait au préalable expliqué que le gouvernement n’a fait que «consacrer une politique qu’il suivait depuis quelques mois». «Mais si cette politique protectionniste est en vigueur depuis quelque temps sans que la situation des agriculteurs ne s’améliore ou que les prix des produits agricoles ne baissent, comment pourra-t-elle être aujourd’hui à l’origine d’un changement quelconque?», s’est-il interrogé. Selon lui, le gouvernement s’est attaqué au problème «à l’envers, arbitrairement, ce qui démontre l’inexistence d’un plan de développement agricole». «Comment l’Exécutif fera-t-il pour éviter les monopoles ou assurer un contrôle des prix?» s’est-il encore interrogé avant d’indiquer qu’à l’heure actuelle, le kilo de pommes de terre est vendu sur le marché à 1500 LL alors qu’il est livré à 300 livres par l’agriculteur.
M. Estéphan Doueyhi a jugé, pour sa part, nécessaire que toutes les mesures décidées soient reconsidérées en se disant persuadé que les produits dont l’importation est interdite à partir du 1er octobre trouveront leur chemin aux marchés libanais, «comme c’est le cas aujourd’hui avec les bananes de Somalie». Mme Nayla Moawad a catégoriquement rejeté les mesures protectionnistes, estimant qu’elles constituent une atteinte au principe de la liberté consacré par la Constitution, ajoutant qu’«aucun des points préconisés par le ministre n’est susceptible d’aider les agriculteurs». Pour elle, les nouvelles décisions agricoles ne feront qu’ouvrir grand les portes devant la corruption et la contrebande.
Même les députés du Hezbollah et ceux de la Békaa, qui appellent pourtant régulièrement le gouvernement à accorder une attention particulière au secteur de l’agriculture, ont exprimé des réserves. M. Ibrahim Amine el-Sayed a ainsi indiqué que les nouvelles mesures protectionnistes ne sont pas du tout suffisantes pour développer le secteur de l’agriculture.
M. Fakhoury a assisté à la réunion mais n’a pas pu intervenir parce que trois heures durant, les députés ont pris la parole tour à tour pour formuler diverses remarques et critiques à l’encontre de la nouvelle politique. Et s’il a été décidé de poursuivre la semaine prochaine les délibérations, c’est parce que six d’entre eux, dont Mme Nayla Moawad, M. Jamil Chammas, Hussein Yatim et Nazih Mansour, doivent encore prendre la parole, et que M. Fakhoury doit répondre aux questions des députés.
Le président de la commission de l’Administration et de la Justice, M. Chaker Abou Sleiman, en a cité quelques-unes, dans la conférence de presse qu’il a tenue au terme de la réunion: «Est-ce que les décisions protectionnistes sont fondées sur des études exhaustives et lesquelles? Constituent-elles une partie d’un plan agricole général? Comment ce plan se traduira-t-il? Ont-elles pour but de protéger l’agriculture et les agriculteurs et quelle catégorie d’agriculteurs? Est-ce que des mesures sont envisagées pour éviter des charges supplémentaires au consommateur? Pourquoi, si l’on veut développer le secteur de l’agriculture, ne crée-t-on pas la banque du crédit agricole? Comment le gouvernement pourra-t-il s’assurer que les Etats avec lesquels il avait conclu des accords d’échanges agricoles ne fermeront pas à leur tour leurs frontières devant les produits libanais? Quelles sont les mesures envisagées pour garantir que les récoltes libanaises seront écoulées d’autant que la récolte de raisins de l’année dernière est toujours dans les frigos?...».
M. Chaker Abou Sleiman a ajouté que le ministre de l’Agriculture a distribué aux députés la liste des produits dont l’importation va être interdite ou soumise à des conditions précises. Il a annoncé que M. Fakhoury répondra après-demain à toutes les questions posées et c’est à la lumière de ses réponses que les commissions prendront la décision qui s’impose, entendre adopter — encore une fois — une recommandation invitant le gouvernement à revoir sa nouvelle politique agricole s’ils ne sont toujours pas convaincus du bien-fondé des nouvelles mesures agricoles. Les parlementaires n’oublient toutefois pas que l’Exécutif a passé outre la recommandation l’invitant à réexaminer ses nouvelles taxes douanières sur les voitures. D’ailleurs, certains parmi eux croient savoir que la question sera posée durant la réunion parlementaire qui s’ouvrira le 7 juillet à la Chambre et s’étalera sur trois jours.
T.A.
Les commissions parlementaires mixtes poursuivront la semaine prochaine l’examen des nouvelles mesures protectionnistes du gouvernement, auxquelles la majorité parlementaire semble aujourd’hui opposée. Il est en effet intéressant de noter l’évolution de l’attitude des députés entre la première réunion qu’ils ont tenue la semaine dernière pour examiner le dossier...