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Actualités - ANALYSE

L'opposition se frotte - partiellement - les mains

Selon un député opposant, «les partielles du Nord et de Jbeil ont apporté la meilleure réfutation possible, par des résultats concrets, de la théorie haririenne dite «Liban circonscription unique». Les chiffres que nous présente le pouvoir lui-même, bien obligé il faut dire, prouvent que si l’on veut parler en termes de représentativité, c’est le caza qui l’emporte de loin sur le mohafazat et a fortiori sur la circonscription unique».
Enfonçant encore plus le clou, cet aimable parlementaire affirme qu’en proposant un système d’élections au niveau du pays tout entier, «M. Rafic Hariri trahit en réalité l’esprit comme la lettre des accords de Taëf, dont il avait été pourtant l’un des artisans les plus en vue. Un changement d’optique et de cap qui n’est pas sans gravité car Taëf, après tout, c’est un traité d’entente nationale. On veut lui substituer le brassage, sans se rendre compte que si on ne prend pas d’abord la précaution d’abolir le confessionnalisme au niveau des mentalités, un tel mélange serait absolument explosif».
Il reste que M. Hariri, pour qui la formule électorale globaliste doit permettre de préserver les droits de base des chrétiens comme des mahométans, en a discuté avec le patriarche Sfeir, lui exposant en détail son point de vue. Il a insisté sur l’argument de la fusion nationale et le prélat lui a , de son côté, répondu en réclamant encore une fois une entente nationale, dans l’esprit du pacte de Taëf, en précisant que toute option doit faire l’objet d’un vrai consensus entre les Libanais... C’est donc une position très nette que Bkerké, qui a toujours penché pour une représentativité pointue, entendre pour le caza, a communiquée, en termes diplomatiques, au chef du gouvernement. Ce dernier ne s’est pas découragé pour autant et a envoyé plusieurs de ses conseillers à tour de rôle au patriarcat en tant que faiseur d’opinion, pour tenter de le gagner à ses vues, avant de les soumettre au Conseil des ministres puis à la Chambre.
Du côté de M. Nabih Berry, qui pourtant défendait pendant la guerre l’idée du Liban circonscription unique, on se montre aujourd’hui nettement réticent. Et un ministre membre du mouvement «Amal» comme du bloc parlementaire du chef du Législatif explique que «les circonstances sont loin de se prêter à une telle expérience. Il est trop tôt, et on peut même estimer qu’en l’état actuel des choses, une telle proposition peut apparaître comme une provocation pure, susceptible de provoquer de graves discordes entre les Libanais. En effet, c’est comme si on voulait plonger encore plus dans le désenchantement politique qui affecte la fraction chrétienne de l’Est qu’il s’agit au contraire de tenter de ramener dans le giron des institutions. Certes, comme l’a souligné par le passé M. Berry, le projet d’une circonscription unique est objectivement promoteur de fusion nationale, mais à la condition évidente qu’on ait d’abord gommé les barrières confessionnelles, lesquelles, il faut bien le reconnaître, se sont encore renforcées après Taëf. Partant de ce constat, M. Berry pense maintenant qu’au lieu de servir la cause de l’entente nationale, l’unification des circonscriptions risquerait de lui porter un coup fatal. Car il est évident que les chrétiens de l’Est y verraient une tentative de les marginaliser encore plus, ce qui ne peut être l’objectif d’aucun bon Libanais...», souligne ce ministre... Dont un opposant de l’Est approuve les propos, non sans remarquer que «les différents tenants du pouvoir, au lieu de gloser avec éloquence sur l’entente nationale, et au lieu de se contenter comme le font certains de rejeter les propositions qui pourraient la rendre encore plus difficile à réaliser, devraient prendre des initiatives positives pour dialoguer avec toutes les parties, notamment avec les exclus que nous sommes. Mais nous sommes prêts à parier qu’ils n’en feront rien tant qu’ils n’auront pas reçu un signal dans ce sens de la part des décideurs. Or cela semble hors de question pour le moment et nous en voulons d’ailleurs pour preuve aussi bien la proposition Hariri que le projet de Baabda — mis sous le boisseau il est vrai depuis quelque temps — d’élections en deux temps, le premier au niveau du caza pour la sélection des candidats et le deuxième au niveau de la nation tout entière... Ce plan, comme celui de M. Hariri du reste, peut convenir aux décideurs qui par idéologie préfèrent les formules aconfessionnelles. Point de vue que dans le fond tout le monde doit partager objectivement; mais les réalités, comme le souligne M. Berry, sont encore trop différentes et si on devait l’oublier, on risquerait l’implosion...», conclut cette personnalité.
Ph.A.-A.
Selon un député opposant, «les partielles du Nord et de Jbeil ont apporté la meilleure réfutation possible, par des résultats concrets, de la théorie haririenne dite «Liban circonscription unique». Les chiffres que nous présente le pouvoir lui-même, bien obligé il faut dire, prouvent que si l’on veut parler en termes de représentativité, c’est le caza qui l’emporte...