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Actualités - CHRONOLOGIE

Hong Kong : ce soir , le grand saut dans l'inconnu (photo)

Ce soir à minuit Hong Kong reviendra à la Chine, après 156 années de souveraineté britannique qui ont transformé ce «rocher stérile» en une brillante capitale cosmopolite dont le retour à la mère patrie est célébré dans le monde chinois comme la fin d’une profonde humiliation .
Dans la population, pour la plupart fils et filles de réfugiés venus du nord au fil de l’histoire mouvementée de la Chine, ce sentiment nationaliste parvient même à estomper les menaces que le changement fait peser sur leurs libertés individuelles et sur le système semi-démocratique dont ils jouissent.
Les habitants de Hong Kong n’ont de toute façon pas eu grand-chose à dire dans le grand marchandage auquel Londres et Pékin se sont livrés de 1982 à 1997. Qu’il s’agisse de passeports (que les Britanniques leur ont refusé), d’institutions (Londres et Pékin n’ont jamais consulté les habitants de Hong Kong sur ce point) ou de dirigeants (Pékin leur a imposé leur nouveau chef de l’exécutif et une assemblée législative cooptée), ils ont été jusqu’au bout uniquement spectateurs de l’affrontement dont dépendait leur destin.
Ils n’en ont pas moins continué à développer leur ville jour et nuit pour la préparer à devenir du jour au lendemain la capitale financière du pays le plus peuplé du monde. Le symbole en est le superbe Palais des congrès construit en un temps record sur le port pour accueillir les milliers d’invités de marque qui, dans la nuit de lundi à mardi, seront les témoins de l’événement. Ils n’ont pas oublié également que le vrai moteur de Hong Kong est l’argent: la Bourse a fermé ses portes vendredi dernier sur un record, et le marché de l’immobilier est au plus haut.
Partout sur ce petit territoire de 6,4 millions d’habitants à l’extrême pointe sud de la Chine, les uniformes, les dragons multicolores, les drapeaux et les guirlandes ont été déployés pour l’occasion.
Les Britanniques ont décidé de partir avec panache, pour bien souligner que seule l’Histoire les a forcés à abandonner leur dernier petit morceau d’empire en Asie. Ils laissent derrière eux l’un des territoires les plus prospères du monde dans lequel ils conservent des intérêts financiers très importants. Ils se retirent de Hong Kong avec élégance et en douceur.

La vraie fin de la
«guerre de l’opium»

Les Chinois célèbrent sans retenue la vraie fin de la «guerre de l’opium», dont tous les petits écoliers chinois ont appris depuis des générations qu’elle s’était terminée à l’époque par des «traités inégaux», imposés par les canonnières occidentales à une dynastie corrompue et affaiblie. La victoire chinoise ne sera complète cependant qu’après le retour de Macao (programmé pour 1999), mais surtout de Taiwan, dont le rattachement à la Chine reste l’objectif ultime de Pékin.
Emportée par son élan patriotique, la propagande chinoise n’a même pas imaginé qu’en faisant entrer à Hong Kong de façon spectaculaire 4.000 soldats et leurs transports de troupe aux petites heures du 1er juillet, elle risquait de raviver parmi la population des craintes à peine enfouies. L’armée chinoise avait utilisé les mêmes engins blindés pour écraser dans le sang la révolte étudiante de juin 1989 à Pékin.
Pour Tung Chee-hwa, sur qui reposera à partir du 1er juillet la responsabilité du «haut degré d’autonomie» octroyé par Pékin à Hong Kong, il est «normal» que la Chine affirme ainsi sa souveraineté nouvelle sur l’île retrouvée. Le nouveau patron du territoire aura cependant beaucoup à faire dans les semaines qui viennent pour rassurer une population habituée à une presse libre, à une société d’où la corruption est quasi absente, et à un niveau de vie parmi les plus élevés du monde.
Les démocrates de Hong Kong, élus chassés du pouvoir par une assemblée qu’ils jugent «illégitime», ont déjà tiré la conclusion que la démocratie fera un grand pas en arrière dans la nuit de lundi à mardi.
Mais la majorité des habitants réservent encore leur jugement. Beaucoup ne doutent pas que ce sont eux qui changeront une Chine désormais ouverte à la modernité, et non l’inverse.
Ce soir à minuit Hong Kong reviendra à la Chine, après 156 années de souveraineté britannique qui ont transformé ce «rocher stérile» en une brillante capitale cosmopolite dont le retour à la mère patrie est célébré dans le monde chinois comme la fin d’une profonde humiliation . Dans la population, pour la plupart fils et filles de réfugiés venus du nord au fil de...