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Actualités - CHRONOLOGIE

A la veille des partielles du nord et de Jbeil Plaidoyer pour la moralisation de la vie publique "Les problèmes du Liban sont ceux de la caste politique avant d'être ceux du peuple lui-même , reconnaît le chef de l'état

La visite du prince hériter séoudien au Liban ainsi que certaines échéances, comme la polémique sur l’appellation de la Cité sportive et les élections à la Ligue maronite, ont relativement éclipsé, ou du moins relativisé, l’importance des élections partielles qui se tiendront, demain, dans les circonscriptions du caza de Jbeil et du mohafazat du Liban-Nord.
Pour limités que soient les enjeux, ces élections n’en seront pas moins, d’une certaine façon, un témoin de la liberté de choix des électeurs et du fonctionnement d’une démocratie qui boîte de bien des côtés. Que ce soit au Akkar ou à Jbeil, elles échauffent les esprits des populations concernées, qui les préparent dans la fièvre .

Loin des échéances électorales, et pourtant proches d’elles d’une certaine façon, on relevait des propos tenus sans façon, hier soir, par le chef de l’Etat, dans le cadre d’un hommage rendu à Michel Asmar, pour le cinquantenaire de la fondation du Cénacle libanais, cercle de réflexion où se sont formées beaucoup des idées — et des nobles idéaux — de la Première République. La cérémonie oratoire s’est tenue au siège de la Faculté des sciences médicales de l’Université libanaise, à Sin el-Fil.
L’évocation des «années cénacle» par certains de ceux qui les ont vécues a été l’occasion pour le chef de l’Etat de quitter les lieux communs pour un langage plus caustique. De la question «Où en est la culture de la paix nationale?», M. Hraoui est passé à une affirmation: «Nous voulons une tribune qui nous sorte du mensonge réciproque», une tribune qui, selon lui, mettra clairement en évidence que les problèmes du Liban «sont ceux de la caste politique influente avant d’être ceux du peuple lui-même».
Evoquant le hiatus entre les affirmations de principe et l’action, et prenant à cet égard, pour exemple-type, le cas du confessionnalisme politique, dont tout le monde déclare vouloir sortir mais que tous s’emploient à enraciner, M. Hraoui a dénoncé «la politique vidée de sa dimension culturelle, se transformant en intrigues et débouchant sur la faillite». Les deux grands moyens dont disposent les intellectuels pour défendre «la participation» de tous à la décision nationale sont «le respect des lois, des tradition libanaises, de l’entente nationale» et «l’attachement à la démocratie», a-t-il ajouté.
Le président de la République a pris la parole à l’issue d’une série d’allocutions prononcées, successivement, par M. Assaad Diab, recteur de l’Université libanaise, Mme Renée Asmar Herbouze, fille de Michel Asmar, MM. Hussein Husseini, ancien président de l’Assemblée nationale, Fouad Boutros, ancien ministre des A.E., et Mounah Solh, penseur et écrivain. Les orateurs étaient présentés par M. Ghassan Tuéni.
Comparant l’époque actuelle à l’âge d’or du Cénacle, M. Boutros n’a pas mâché ses mots et a déclaré: «Il ne fait pas de doute que le Liban, à cette époque, passait pour un modèle de culture et de liberté (...) mais aujourd’hui, à voir la réalité politique, il semble que notre société, après l’accord de Taëf, souffre d’un état de confusion, en raison de la dérive dans l’exercice de la démocratie et dans la façon de comprendre les libertés, l’égalité et l’Etat de droit; en raison aussi de ce qui entrave notre indépendance de décision (...) l’entente nationale restant au stade de vocable théorique».Et M. Boutros d’appeler de ses vœux la formation d’une intelligentsia qui, «loin des compromissions flatteuses et de l’hypocrisie, nous aidera à purifier notre mémoire nationale et culturelle des succédanés empoisonnés laissés par la guerre».

Pour conclure son intervention, M. Boutros a conseillé aux responsables, «au cas où ils ne seraient pas capables de lever les obstacles à un dialogue libre, à la franchise et à la communication, du moins à ne pas tenter de domestiquer l’opinion et de faire pression sur la société civile, au service d’une politique retorse et futile, dénaturant ainsi les deux grands concepts de politique et de culture, et empêchant la société civile de jouer son rôle».

Bien qu’elle fut préparée, certains des passages de l’allocution du chef de l’Etat devaient faire écho aux inquiétudes exprimées par M. Boutros.

De fait, le président Hraoui devait inviter les intellectuels à se faire, comme au temps, du cénacle de Michel Asmar, «l’élite, pensante» de la nation rappelant que pas un sujet intéressant la vie publique n’est absent des causerie du cénacle; dialogue islamo-chrétien, économie, questions sociales, éducation, administration, développement, justice, liberté, démocratie, arabité et droits des Arabes.
Appelant à la formation d’une «culture de la paix nationale», le président Hraoui a dénoncé tout ce qui œuvre contre cette culture: le «mensonge» politique, la démagogie, l’exacerbation de la fibre confessionnelle, le clientélisme, le sectarisme qui fait échec aux compétences et à la solidarité nationale. Et d’inviter les Libanais à développer cette «culture de la paix» par «l’éducation, l’information et les choix politiques et sociaux adéquats». M. Hraoui devait particulièrement mettre en garde contre la tentation de «mettre la politique au service de l’intérêt personnel», ce qui, selon lui, débouche «sur l’oppression et la dictature».
Enfin, M. Hraoui a invité les intellectuels et les politiciens à conjuguer leurs efforts pour «édifier leur destin au sein de leur environnement». «Il nous faut élever la voix pour dénoncer le relâchement culturel dans notre Orient arabe comme dans le monde. a-t-il déclaré. C’est ce relâchement culturel et politique mondial qui est derrière la partialité dans l’application de la légalité internationale (...) les manœuvres d’Israël sont flagrantes. Le Liban ne sera pas une scène pour le règlement des divisions israéliennes. Puisque nous avons la résolution 425, pourquoi le monde nous laisse-t-il nous débattre avec une terre occupée et une souveraineté bafouée?».
La visite du prince hériter séoudien au Liban ainsi que certaines échéances, comme la polémique sur l’appellation de la Cité sportive et les élections à la Ligue maronite, ont relativement éclipsé, ou du moins relativisé, l’importance des élections partielles qui se tiendront, demain, dans les circonscriptions du caza de Jbeil et du mohafazat du Liban-Nord.Pour limités...