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Actualités - ANALYSE

Cité sportive : la petite histoire et la grande...

Le président du Conseil, M. Rafic Hariri, a-t-il vraiment baissé les bras dans l’affaire de la Cité sportive qui a suscité tant de protestations... Accepte-t-il de gaieté de cœur qu’on y laisse le nom de Camille Chamoun comme l’indique cheikh Roucheid el-Khazen, ou fait-il le dos rond en attendant de pouvoir en douce changer le label, une fois que les remous se seront apaisés...
Pour le moment, le chef du gouvernement prend en compte les innombrables démarches, les visites comme les coups de fil, des pôles chrétiens politiques ou autres qui lui ont remontré la gravité de la question, les retombées psycho-politiques de ce qui serait ressenti à l’Est comme un affront délibéré au patrimoine national même...
Selon un député «il a fallu rappeler aux haririens, qui ont parfois la mémoire très courte, qu’ils ont fait des pieds et des mains pour la visite du pape, pour ensuite nous exhorter avec une lourde insistance à nous conformer à l’exhortation apostolique... Or ce texte rassembleur, voici qu’ils en oublient les préceptes, pour se lancer étourdiment dans un carrousel de provocations extrêmes à caractère confessionnel, camouflé ou ouvert. Ils ont de la sorte attaqué le monde des affaires qui échappe à leur contrôle par des premières mesures douanières visant le commerce. Puis ils s’en sont pris frontalement à un symbole de la cause nationale telle que nous sommes en droit de l’entendre. Soyons clair: du moment que de toute évidence le Liban n’aurait jamais vu le jour en tant qu’entité autonome sans sa composante chrétienne, et du moment aussi que la coexistence est un impératif vital pour ce pays, l’Etat libanais ne peut tout simplement pas, sans se renier lui-même, larguer une Histoire qui se nourrit de ces réalités. Camille Chamoun c’était le Liban arabe vu par ses fils chrétiens et qui de son côté ne niait pas qu’il devait y avoir aussi le Liban arabe vu par ses fils mahométans. C’est à ce titre qu’en pleine guerre, l’ancien président, placé à la tête du Front libanais, était l’interlocuteur incontournable pour toutes les parties. Le dialogue, la quête de la paix ont été ses marques distinctives autant que la lutte pour la survie nationale-chrétienne. Dans son propre camp, Camille Chamoun était probablement aussi incompris, si l’on y regarde de près, que dans le camp adverse. Preuve en est que c’est pour le pacte conclu avec lui, et qui allait être proclamé incessamment, que Rachid Karamé a été assassiné. Ces épisodes, nous les revendiquons pour Chamoun, figure historique, autant que sa participation à l’Indépendance ou que sa présidence. De plus M. Hariri, qui a racheté Saadyate aux Chamoun qui devaient régler des dettes anciennes, sait mieux que personne que l’ancien chef de l’Etat nonobstant les mauvaises langues n’était pas un profiteur enrichi».

L’unité des rangs

«A part cela conclut cette personnalité de l’Est, il nous faut également souligner que cette nouvelle bataille vise à marginaliser encore plus une population chrétienne qui pensait que la visite papale avait eu le meilleur effet sur le pouvoir...»
Toujours est-il qu’à l’Ouest, des députés retour de Damas affirment qu’on s’y est étonné de cette nouvelle affaire et qu’on estime que ce n’est pas le moment de provoquer tant d’agitation pour une question si mineure, de caresser à rebrousse-poil une partie de l’opinion alors qu’il faut au contraire s’efforcer de renforcer l’unité des rangs libanais face aux périls de la conjoncture régionale et aux visées israéliennes. Ces politiciens supposent pour leur part que «M. Hariri n’a pas bien réalisé que lorsqu’un mythe comme Chamoun entre en jeu, même les taëfistes chrétiens les plus éloignés de l’Est politique sont obligés de se démarquer de lui... Il semble l’avoir compris et, concluent ces sources, les conseils probables des décideurs ne seraient sans doute pas étrangers à son revirement. Il est également vraisemblable que l’étonnement manifesté par les Américains, dont le chargé d’affaires Ron Schliker se serait demandé en privé pourquoi on se fourvoie dans de tels faux problèmes, a aidé le pouvoir à changer de décision. Et ce qui a sans doute le plus compté, c’est que les Séoudiens aussi ont laissé entendre qu’ils s’en voudraient que les Jeux panarabes et la visite du prince Abdallah à Beyrouth pour inaugurer la Cité sportive soient la cause de nouveaux déchirements interlibanais...»
Déchirements, peut-être pas car à cette occasion les haririens étaient un peu trop seuls. Ainsi à part M. Walid Joumblatt, fils du
Chouf, on note que M. Michel Murr, entre autres, avait exprimé dans un message son appui dans cette affaire à M. Dory Chamoun...

Ph. A.-A.
Le président du Conseil, M. Rafic Hariri, a-t-il vraiment baissé les bras dans l’affaire de la Cité sportive qui a suscité tant de protestations... Accepte-t-il de gaieté de cœur qu’on y laisse le nom de Camille Chamoun comme l’indique cheikh Roucheid el-Khazen, ou fait-il le dos rond en attendant de pouvoir en douce changer le label, une fois que les remous se seront...