A moins de 15 jours de la révolte des affamés Les députés de la Békaa se mobilisent contre le sous-développement de leur région (photo)

Est-ce pour tenter de court-circuiter ou d’étouffer dans l’œuf la «révolte des affamés» à laquelle cheikh Sobhi Toufayli a appelé pour le 4 juillet, ou est-ce la peur de voir l’ancien secrétaire général du Hezbollah gagner en popularité, qui explique cet intérêt général pour les régions défavorisées de la Békaa?
Dix-sept députés de ce mohafazat ont tenu hier une réunion au sérail de Baalbeck pour plancher sur les multiples problèmes de la région qu’ils représentent et plus particulièrement du caza de Baalbeck-Hermel, le plus pauvre de leur mohafazat. Ils ont pris une série de décisions devant déboucher sur un développement substantiel de la région et ont été même jusqu’à «lier (leur) relation avec le gouvernement avec la satisfaction de (leurs) revendications». Peu de temps auparavant, le chef du Parlement, M. Nabih Berry, soulignait la nécessité d’un développement de la région, dans un meeting oratoire organisé à Nabi Chit, dans le caza de BaalbeckC’est sous la présidence de M. Hussein Husseini et en présence du vice-président de la Chambre, M. Elie Ferzli, des ministres-députés Nicolas Fattouche, Chawki Fakhoury, Mahmoud Abou Hamdane et Mohsen Dalloul et des députés Robert Ghanem, Ibrahim Amine el-Sayyed, Sami Khatib, Abdel Rahim Mrad, Fayçal Daoud, Georges Kassargi, Ismaël Succarieh, Assem Kanso, Marwan Farès, Hussein Hajj Hassan et Ammar Moussaoui que la réunion s’est tenue.
Interrogé sur un éventuel lien entre cette assemblée et l’appel à la désobéissance civile de cheikh Toufayli, le président Husseini s’est contenté de répondre: «Nous faisons partie du «Mouvement des déshérités» dont cheikh Toufayli est l’un des piliers. Cheikh Toufayli est un homme d’une autre envergure et nous tenons à remercier tous les leaderships qui ont compati avec les souffrances et les besoins de la population. Il n’y a aucune contradiction avec le mouvement (du responsable de l’aile dure du Hezbollah). Au contraire, nos deux actions sont complémentaires: des pressions sérieuses sont nécessaires pour obliger les responsables à accomplir leurs devoirs».
Selon M. Husseini, ce genre de réunions était prévu depuis longtemps, mais leur organisation butait par moments sur des obstacles d’ordre politique. «Aujourd’hui, il faut remarquer que les députés de la Békaa se sont entendus pour lier leur relation avec le gouvernement et leurs positions à son égard avec la satisfaction de leurs demandes», en ce sens qu’en cas de réponse négative ou de réaction indifférente de la part de l’Exécutif, les députés demanderont que la question de confiance soit posée. «Pas moi, puisque j’ai refusé à l’avance d’accorder ma confiance au gouvernement», a ajouté M. Husseini.
L’ancien président de la Chambre a annoncé la formation d’un comité de suivi qu’il doit diriger et qui est composé de MM. Elie Ferzli, Ibrahim el-Sayyed, Sami Khatib, Elie Skaff et Khalil Hraoui. Alors que les députés de la région tiendront une réunion d’évaluation par mois, le comité de suivi se réunira une fois par semaine pour suivre l’application du dossier socio-économique établi par les parlementaires. «Nous avons joint à ce dossier des études remontant à plusieurs années et des textes de lois, puisque certains projets commandent l’élaboration de lois», a expliqué M. Husseini.
En effet, les parlementaires ont préconisé l’établissement de séries de lois-programmes pour le financement de la vingtaine de projets dont ils demandent le mise en œuvre: l’établissement d’une banque de crédit agricole avec un capital de non moins de 100 millions de dollars, l’exécution de projets d’irrigation dans la Békaa, l’adjudication des travaux de percement de l’autoroute Beyrouth-Masnaa et Chtaura-Kaa, l’organisation de l’enseignement agricole technique et professionnel et l’ouverture d’écoles d’agronomie dans la Békaa et le Akkar, l’adduction de l’eau potable à tous les villages de la région, la mise en application du projet de décentralisation administrative, l’organisation des municipales dans les plus brefs délais et le déboursement des fonds appartenant aux municipalités et retenus par le ministère des Finances, le développement des hôpitaux et des dispensaires de la région, le règlement du problème de la pollution des eaux du Litani et du lac de Qaraoun, la généralisation du réseau téléphonique dans la Békaa, la construction d’écoles techniques et professionnelles, la réception des récoltes de tabac et de blé, l’établissement d’une loi amnistiant jusqu’en 1993 les crimes de trafic de drogue, le don de graines de blés, de betteraves et autres aux agriculteurs...