Les affrontements d'hier ont fait 37 blessés parmi les palestiniens La poudrière de Hébron au bord de l'embrasement (photos)

Hébron est depuis une semaine le théâtre d’affrontements quotidiens entre Palestiniens et Israéliens, qui ont encore fait 37 blessés hier parmi les manifestants et menacent de dégénérer alors que le processus de paix est au point mort. Depuis samedi dernier, plus de 170 manifestants palestiniens ont été blessés, dont sept sérieusement par des balles caoutchoutées tirées par des soldats israéliens, tandis que huit militaires étaient touchés par des jets de pierres, selon un bilan hospitalier.
Les militaires utilisent des billes d’acier enrobées de caoutchouc pour mener la répression face aux jeunes Palestiniens qui les bombardent de pierres et de bouteilles incendiaires pour protester contre l’occupation des territoires et l’extension de la colonisation israélienne.

Les échauffourées ont pris hier un tour plus grave que les jours précédents, notamment parce que le jour de la grande prière hebdomadaire musulmane est l’occasion pour beaucoup de jeunes de manifester. Au total 37 manifestants ont été blessés à Hébron et dans sa région, dont deux ont été opérés dans un état critique après avoir été atteint à la tête par des balles caoutchoutées, selon des sources hospitalières.

Dans la Ville des Patriarches, les affrontements se sont limités pour le moment à la zone qui sépare le réduit où sont installés quelque 400 colons israéliens et le reste de la ville passé sous contrôle palestinien.
Des heurts se sont également produits dans la localité proche de Beit Fajjar, où des soldats sont entrés en pourchassant des jeunes qui avaient jeté des pierres sur des colons. Les militaires ont été accueillis par une pluie de pierres et ont riposté avec des gaz lacrymogènes, blessant sept Palestiniens, selon des témoins.
Plusieurs manifestants avaient la tête voilée de keffieh pour éviter d’être identifiés par des soldats qui filmaient la scène avec des caméras vidéos depuis des toits, selon des témoins.
Les policiers palestiniens déployés à Hébron ne sont pas intervenus pour empêcher les manifestants de se rapprocher des positions israéliennes. Mais des responsables militaires israéliens cités par la radio redoutent une escalade. En septembre 1996, des batailles rangées entre militaires israéliens et policiers palestiniens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza avaient fait plus de 80 morts en trois jours.
Selon le commandant des forces d’occupation en Cisjordanie, le général Uzi Dayan, qui s’est rendu hier à Hébron, les militaires ont reçu l’ordre de «faire preuve de retenue».
Il s’est félicité du fait qu’il n’y ait pas eu de manifestant palestinien tué, tout en affirmant que l’armée était «prête à faire face à d’éventuels désordres qui pourraient se propager dans le reste de la ville».
Le regain de violence fait suite à l’échec des efforts diplomatiques, menés essentiellement par l’Egypte et l’Union européenne depuis que les Etats-Unis ont pris leurs distances, pour tenter de ramener Israéliens et Palestiniens à la table des négociations.
Celles-ci sont suspendues depuis qu’Israël a entamé, il y a trois mois, la construction d’une onzième colonie juive à Jérusalem-Est occupée, ce qui a déclenché la fureur des Palestiniens.
Le président palestinien Yasser Arafat devait s’entretenir hier dans la nuit avec la direction de l’OLP et les membres de son gouvernement pour étudier la tactique à suivre après l’échec des entretiens israélo-égyptiens cette semaine au Caire, a indiqué son porte-parole, M. Marouane Kanafani.