Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Haïm Cohen a expliqué l’annulation de la visite de M. Lévy par «les développements politiques dans le pays». C’est que mardi prochain, un vote doit intervenir à la Knesset sur une motion de censure déposée par l’opposition travailliste contre le premier ministre, après les remous suscités par le départ de Méridor.
Le Likoud a appelé jeudi tous les députés de la coalition à être présents pour assurer la défaite de la motion de censure.
La coalition est fragilisée car deux petites formations dont M. Netanyahu a besoin au Parlement pour gouverner, le parti russophone Israël Be Alya et le parti de centre-droit Troisième voie, ont agité la menace d’élections anticipées pour tenter de convaincre M. Netanyahu à pratiquer un peu plus le consensus.
Cependant, M. Netanyahu qui s’appuie sur une majorité de 66 députés sur 120 au Parlement, dispose encore d’une marge de manœuvre et sa position ne semble pas véritablement menacée, au moins dans l’immédiat, soulignent les commentateurs.
Le ministre du Commerce et de l’Industrie Nathan Chtcharansky, chef d’Israël Be Alya, a sommé M. Netanyahu de prouver qu’il était capable de mieux gouverner. «Nous
avons déjà un pied hors du gouvernement et toutes les options sont ouvertes», a-t-il déclaré à la télévision, en soulignant la «sérieuse crise de confiance» qui l’oppose au premier ministre.
M. Chtcharansky a affirmé que son parti (sept députés) ne se sentait plus tenu par la discipline de vote au Parlement «en raison des manquements de M. Netanyahu à sa parole».
Shamir mécontent
«Notre confiance en Netanyahu s’effrite de jour en jour», a renchéri le fondateur de la Troisième Voie (quatre députés), le député Yehuda Harel. «Il nous est de plus en plus difficile de rester au gouvernement», a-t-il déclaré en prônant «à titre personnel» des élections anticipées.
Au sein même du Likoud, l’éviction de M. Méridor qui est membre du parti, a suscité des remous. L’ancien premier ministre Yitzhak Shamir, qui jouit d’une certaine autorité morale, même s’il s’est retiré de la vie politique, a affirmé qu’il n’accordait «plus aucun crédit» à M. Netanyahu.
Le ministre de la Défense Yitzhak Mordehaï a demandé pour sa part au ministre des Finances de revenir sur sa décision, lors d’un entretien téléphonique. Selon ses proches, M. Mordehaï a été offusqué de n’avoir pas été consulté par le premier ministre, qui a profité de sa présence à l’étranger pour mettre M. Méridor en minorité au gouvernement.
Pour le quotidien «Haaretz», Dan Méridor, qui fait figure de modéré, donnait une «légitimité» précieuse au gouvernement de M. Netanyahu. «Ce gouvernement ne tiendra pas jusqu’au bout» de la législature en l’an 2000, prédit le journal.
La démission de M. Méridor, 50 ans, doit devenir effective vendredi. Il a claqué la porte mercredi pour protester contre une réforme monétaire que M. Netanyahu a voulu faire passer contre son avis.
M. Méridor a reproché au premier ministre d’avoir délibérément prôné une politique monétaire inacceptable pour lui afin de le forcer à démissionner.
M. Netanyahu a affirmé qu’il trouverait «rapidement» un successeur à son ministre démissionnaire. Selon les journaux, il pourrait s’agir du chef de file des «durs» de la droite, Ariel Sharon, ou de l’ancien ministre de la Justice, Yaakov Neeman.
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