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Actualités - CHRONOLOGIE

Turquie : Erbakan et Ciller tentent un tour de passe-passe Mais le chef de l'état pourrait renvoyer dos à dos les deux alliés et nommer un nouveau premier ministre (photo)

Un premier ministre s’en va; un autre premier ministre le remplace: c’est ce tour de passe-passe politique que Necmettin Erbakan et son alliée Tansu Ciller tentent depuis hier, le succès n’en étant pas pour autant garanti. Pour preuve: le chef de l’Etat Suleyman Demirel a affirmé, en recevant la démission du premier ministre: «Je ne peux accepter qu’on m’impose quelqu’un pour former un gouvernement. Je veux consulter les chefs des partis avant de prendre une décision».
Selon les analystes, cette petite phrase indique que rien ne garantit que M. Demirel acceptera de jouer le jeu de M. Erbakan et de Mme Ciller.
M. Erbakan, chef du Parti (islamiste) de la prospérité (Refah), a démissionné après un an à la tête du pays, afin de céder son poste à Mme Ciller, chef du Parti de la juste voie (DYP, droite), qui doit reformer la même coalition pour mener le pays à des élections anticipées, à une date restant à fixer mais en principe avant la fin de l’année.
L’usage veut que le chef de l’Etat charge de former un gouvernement le chef du premier parti en sièges à l’Assemblée. Ce parti est le Refah, qui détient 158 sièges sur 550 au Parlement. Son chef se désistant, M. Demirel pourrait se tourner vers le leader du deuxième parti au Parlement, qui n’est pas Mme Ciller, mais son rival de droite Mesut Yilmaz, dont le Parti de la mère patrie (ANAP) compte 129 élus contre 116 au DYP.
M. Demirel pourrait être encouragé dans ce choix par les militaires, qui ont fait clairement connaître leur souhait de voir les islamistes quitter le pouvoir, car ils les considèrent comme un danger pour la laïcité de la république dont ils sont les garants.

Mais M. Erbakan et Mme Ciller se sont assurés du soutien au Parlement d’une petite formation de l’extrême-droite religieuse, le Parti de la gauche union (BBP) de Muhsin Yazicioglu.
M. Erbakan, en présentant sa démission au président Demirel, lui a remis une lettre signée par eux trois et déclarant leur intention de soutenir une coalition DYP-Refah dirigée par Mme Ciller.
M. Demirel a accepté la démission de M. Erbakan et a indiqué qu’il commencerait dès jeudi matin ses consultations avec les chefs des partis politiques représentés au Parlement.
L’armée, qui depuis quatre mois exerçait une pression intense sur le gouvernement Erbakan pour le faire tomber, ne risque guère de se satisfaire d’une poursuite de la coalition avec un simple échange de postes entre M. Erbakan et Mme Ciller.
D’ailleurs, selon plusieurs analystes, les militaires rejettent tout autant Mme Ciller que les islamistes, car c’est elle qui leur a permis d’accéder au pouvoir.
M. Demirel pourrait donc donner à M. Yilmaz une chance de former lui-même une coalition qui ne pourrait être qu’une large alliance des forces laïques excluant le Refah.
Mais une telle solution ne serait viable que si M. Yilmaz peut rassembler autour de lui une majorité absolue de 276 voix, ce qui pourrait se révéler difficile.

En effet, sur le papier, c’est le trio Erbakan-Ciller-Yazicioglu qui détient cette majorité, l’addition des 158 sièges du Refah, des 116 du DYP et des 8 du BBP donnant un total de 282.

Mais il existe au sein du DYP des députés dissidents, qui ont exprimé leur opposition à la poursuite de la coalition avec le Refah.

De son côté, le Refah a obtenu hier la démission de deux de ses députés dont les prises de positions antilaïques avaient suscité des réactions, a rapporté l’agence Anatolie.
La démission de Sevki Yilmaz et Hasan Huseyin Ceylan intervient après l’ouverture d’une procédure d’interdiction du Refah.

Le parquet de la Cour de cassation turque avait ouvert cette procédure le 21 mai. L’acte d’accusation estimait que le parti était «devenu un foyer d’activité incompatible avec l’article de la Constitution sur la laïcité de l’Etat», se basant notamment sur les prises de positions antilaïques de MM. Yilmaz et Ceylan.

M. Yilmaz avait provoqué récemment un tollé en Turquie, après qu’il eut déclaré que le Parlement turc était «composé de proxénètes» et que la religion de l’Etat turc était «le christianisme».
Un premier ministre s’en va; un autre premier ministre le remplace: c’est ce tour de passe-passe politique que Necmettin Erbakan et son alliée Tansu Ciller tentent depuis hier, le succès n’en étant pas pour autant garanti. Pour preuve: le chef de l’Etat Suleyman Demirel a affirmé, en recevant la démission du premier ministre: «Je ne peux accepter qu’on m’impose...