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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Au congrès des laïcs catholiques du Moyen-Orient Une pastorale des jeunes au seuil du troisième millénaire (photo)

Deux discours complémentaires, celui des jeunes eux-mêmes, et celui de la hiérarchie, ont marqué hier la troisième journée du premier congrès des laïcs catholiques du Moyen-Orient, qui réunit depuis mardi plus de 300 personnes au couvent Notre-Dame du Mont, à Fatka. «Nous craignons de rencontrer une Eglise réservée aux adultes et qui ne nous fait pas confiance (...), une Eglise soucieuse de l’apparat extérieur au dépens de la vie chrétienne». Par la voix de Tanios Chahwan, responsable de la commission des jeunes au sein du Conseil pour l’apostolat des laïcs, c’est toute une génération qui s’exprimait. Et comme pour répondre à cette attente, est venu l’intervention de Mgr Renato Boccardo, responsable du secteur jeunes du Conseil pontifical pour les laïcs: «La jeunesse d’aujourd’hui représente pour l’Eglise un défi qu’elle ne peut pas perdre». En jeu, une «pastorale des jeunes» au seuil du troisième millénaire.
Dans son témoignage, Tanios Chahwan a brossé à larges traits le portrait d’un réel morose aussi sur le plan politique que sur le plan social et même sur le plan ecclésial. «Les jeunes ne sentent pas qu’ils participent librement aux décisions qui engagent leur avenir dans des systèmes pseudo-démocratiques», a-t-il notamment relevé, ajoutant: «S’ils ont fini par se convertir à l’inutilité de la violence, qui se charge de leur pastorale pour purifier leur mémoire et les faire passer de la dynamique de la mort à la dynamique de l’amour et de la vie?» Et de dénoncer, également — «ne vous fiez pas aux apparence» —, un pays «en voie de sous-développement» caractérisé par «une mauvaise répartition des biens», une crise du logement, un manque d’orientations professionnelles et la tentation latente de l’émigration».
Sur le plan ecclésial, les jeunes réclament «un véritable renouveau en profondeur, et non un simple nettoyage de surface», poursuit Tanios Chahwan. Ce renouveau, c’est «une renaissance» que seule rend possible «une rencontre personnelle avec le Christ». «Les jeunes, martèle-t-il, ont besoin de faire l’expérience de cette rencontre, de cette rencontre personnalisée».
«Nous sommes dans l’expectative urgente d’une Eglise qui nous interpelle; une Eglise qui connaît les réalités des jeunes, qui les attire, une Eglise où l’autorité signifie le service», enchaîne Tanios Chahwan. Non pas l’Eglise de l’«avoir», ni celle du «savoir» ou du «pouvoir», mais l’Eglise «experte en humanité, profondément habitée par le Christ (...) soucieuse d’une nouvelle évangélisation et qui se propose d’aller aux jeunes en faisant sa cible privilégiée».
Et de conclure sur un appel passionné à l’engagement dans «la chose publique», et à surmonter «le dégoût de certaines pratiques politiciennes» et la tentation de l’indifférence. «Nous refusons, là où notre existence et notre avenir sont en jeu, de laisser les minorités agissantes mettre la main sur le pouvoir et sur notre autonomie de décision».

Lucidité

Sur le thème «Défis pour la pastorale des jeunes», Mgr Boccardo, principal organisateur des Journées mondiales des jeunes, a répondu avec lucidité à cet appel des jeunes:
«Si les jeunes interpellent la société adulte, ils interpellent de façon particulière l’Eglise. En réalité, les jeunes et leur éducation à la foi sont l’un des plus urgents et graves problèmes de l’Eglise d’aujourd’hui. L’Eglise ne peut pas perdre les jeunes sans compromettre le futur de l’évangélisation du monde. Elle est ainsi appelée à trouver de nouvelles voies pour l’évangélisation du monde des jeunes. Ce qu’elle accomplit déjà à ce sujet représente beaucoup et les fruits récoltés permettent d’espérer beaucoup pour l’avenir. Jamais peut-être dans son histoire, l’Eglise n’a eu une jeunesse aussi engagée que pendant ces dernières décennies. Cependant, les jeunes touchés par sa proposition de foi représentent une infime minorité, la grande masse est encore «éloignée». En cela consiste la grande préoccupation et l’angoisse du moment: comment communiquer le Christ aux jeunes? La jeunesse d’aujourd’hui représente pour l’Eglise un défi qu’elle ne peut pas perdre».
Mais qu’est-ce que la jeunesse, aux yeux de l’Eglise? Pour répondre à cette question qui peut paraître rhétorique, Mgr Boccardo cite Jean-Paul II:
«Qu’est que la jeunesse? Certainement pas une période quelconque de la vie, située entre l’enfance et l’âge adulte; je pense au contraire que c’est un temps privilégié que la providence donne à chaque être humain pour trouver sa vocation; le temps où chacun cherche comme le jeune homme de l’Evangile, une réponse à ses questions fondamentales, bien entendu sur le sens de son existence, mais aussi, plus concrètement, sur ce qui pourra construire sa vie au jour le jour. Voilà ce qui distingue de tous les âges le temps de la jeunesse».
Toutefois, la mise en œuvre d’une pastorale des jeunes se heurte à de grands obstacles, dont la «sclérose» de l’appareil ecclésiastique. Mgr Boccardo jette sur cette réalité un regard lucide, affirmant à ce propos:
«Les jeunes dans l’Eglise, malgré les affirmations de principe, ont peu et comptent peu. Ainsi face à leur marginalisation de fait, ils finissent par se convaincre qu’ils sont peu, qu’ils peuvent peu. Mais une Eglise sans jeunes et une Eglise sans avenir, elle est condamnée à la sclérose et à l’auto-conservation».
«Il sera nécessaire de passer d’une conception dans laquelle les jeunes sont les destinataires d’un parcours ecclésial «classique» et figé qui se réduit à l’administration des sacrements à une conception dans laquelle le processus éducatif voit les jeunes comme sujet actif du développement et de la croissance dans la vie de foi. Jean-Paul II insiste sur cette idée que chaque jeune «doit contribuer de quelque façon à la richesse de la communauté, surtout par ce qu’il est».
On le voit bien, sur la jeunesse comme sur bien d’autres sujets, il souffle, du Vatican, un vent d’une étonnante nouveauté.
Le congrès des laïcs du Moyen-Orient se poursuivra aujourd’hui et demain.
Deux discours complémentaires, celui des jeunes eux-mêmes, et celui de la hiérarchie, ont marqué hier la troisième journée du premier congrès des laïcs catholiques du Moyen-Orient, qui réunit depuis mardi plus de 300 personnes au couvent Notre-Dame du Mont, à Fatka. «Nous craignons de rencontrer une Eglise réservée aux adultes et qui ne nous fait pas confiance (...), une...