Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Les réactions aux mesures protectionnistes décidées par le gouvernement Les associations et commerçants et les importateurs de voitures se mobilisent

Les associations économiques concernées par les dernières mesures protectionnistes prises mardi par le Conseil des ministres ont entamé hier leurs démarches en vue de mettre en échec les décisions du gouvernement portant sur l’augmentation des taxes sur les voitures et l’interdiction de l’importation d’une vaste gamme de produits agricoles et agroalimentaires. Les responsables de l’association des importateurs de voitures ont conféré hier matin sur ce plan avec le ministre d’Etat chargé des Affaires financières, Fouad Siniora, et de son côté le conseil du syndicat des importateurs de produits alimentaires a tenu une réunion avec le ministre de l’Agriculture, Chawki Fakhoury.
Ces deux rencontres n’ont abouti à aucun résultat tangible, de sorte que dans les milieux des organismes concernés, le climat était hier à l’escalade. Celle-ci n’aurait lieu toutefois que de manière progressive, les responsables économiques désirant, manifestement, faire preuve de prudence (dans l’immédiat) afin de maintenir le dialogue avec le pouvoir. Le climat qui règne sur ce plan a été mis en évidence au cours d’une conférence de presse que le vice-président de l’association des importateurs de voitures, M. Samir Homsi, a tenue hier en début d’après-midi à Antélias.
Un même ton de contestation est apparu parallèlement dans deux communiqués publiés par l’Association des commerçants — à l’issue d’une assemblée générale extraordinaire tenue à 16 heures — et par le syndicat des importateurs de produits alimentaires. Une appréhension commune apparaît d’une manière à peine voilée dans ces trois prises de position publiques: la crainte que le gouvernement se soit engagé sur la voie d’une remise en question de l’économique libérale qui a constitué, depuis l’Indépendance, l’une des spécificités du Liban.
Au cours de la conférence de presse tenue à 15 heures 30 au siège de l’association des importateurs de voitures, à Antélias, M. Homsi devait notamment affirmer que les mesures prises mardi soir par le cabinet Hariri portent préjudice à l’économie libérale ainsi qu’à d’autres secteurs d’activité, tels que le tourisme. Soulignant que les importateurs de voitures rejettent les dernières décisions du Conseil des ministres, M. Homsi a déclaré qu’une augmentation de taxes dans une proportion de 35 ou 50 pour cent est concevable. «L’augmentation de 100 et 200 pour cent imposée à certaines catégories de voitures est inconcevable et ne s’est vue dans aucun autre pays», a déclaré M. Homsi.
«Cette taxation de 100 et 200 pour cent revient à éliminer purement et simplement l’importation de voitures haut de gamme, a souligné M. Homsi. Si le gouvernement ne revient pas sur ses décisions, nous serons obligés de licencier du personnel et certaines agences seront peut-être contraintes de fermer leurs portes. En tant que sociétés importatrices, nous avons près de 20.000 familles à notre charge. Les décisions du gouvernement se répercuteront en définitive sur la situation de ces familles».
M. Homsi a, d’autre part, souligné que la mise en application des mesures prises par le Conseil des ministres signifie que dans quelques années, il n’y aura plus dans le pays que des voitures usagées ou de bas de gamme. «Cela portera un grave préjudice à l’image du Liban à l’étranger, a déclaré M. Homsi. Le mouvement touristique ne pourra que s’en ressentir d’autant que les prix de location de voitures augmenteront d’une façon substantielle». En conclusion, M. Homsi a indiqué que les responsables de l’association des importateurs de voitures poursuivront, au cours des prochains jours, leurs contacts avec les responsables concernés afin d’amener le gouvernement à revenir sur ses décisions protectionnistes.

L’association des
commerçants

Au niveau de l’association des commerçants, une assemblée générale extraordinaire s’est tenue à 16 heures à Sanayeh en présence du président de l’association des commerçants de Beyrouth, M. Nadim Assi, et des responsables de 19 associations de commerçants représentant les différentes régions du pays.
Le ton au cours de cette assemblée générale était nettement à l’escalade. Les délégués présents se sont élevés contre les décisions du Conseil des ministres, soulignant qu’elles constituent une atteinte grave au système d’économie libérale. Plusieurs suggestions ont été avancées afin de faire échec aux mesures du gouvernement, dont notamment l’observation d’une grève générale (symbolique puis ouverte) et l’élaboration d’une pétition qui serait signée par les députés afin de contraindre le Conseil des ministres à revenir sur ses décisions. Certains intervenants ont rappelé à ce sujet le précédent du début des années 70 lorsque l’association des commerçants avait réussi à mobiliser les députés pour obtenir l’abrogation du décret 1943 instaurant, sous le mandat Frangié, des taxes sur plusieurs produits d’importation dits de luxe.
Au terme des débats, décision a été prise d’entreprendre un plan d’action qui irait crescendo et qui devrait déboucher sur une grève générale. Les responsables des associations de commerçants ont décidé sur ce plan d’entamer leur action par des démarches auprès des responsables officiels puis auprès des députés.
La première démarche effectuée dans ce cadre a été la publication, hier soir, d’un communiqué conjoint signé par les représentants des 19 associations de commerçants présentes à l’assemblée générale. Tout en réaffirmant leur appui aux efforts visant à développer les secteurs agricole, industriel et touristique, les signataires du communiqué rappellent que «depuis l’Indépendance, le système économique au Liban a toujours été fondé sur le libéralisme et l’ouverture vers l’extérieur».
«Le monde entier s’oriente aujourd’hui vers un tel système libéral, poursuit le communiqué. Or les décisions prises par le Conseil des ministres, et plus particulièrement les mesures préconisées par le ministre de l’Agriculture, sont contraires au système économique libéral. Les associations des commerçants estiment que ces mesures constituent une atteinte flagrante au système économique libanais. Elles représentent en outre l’amorce d’une orientation vers une économie dirigée. Les participants à la réunion considèrent que la journée du 10 juin constitue une journée noire dans l’histoire de l’économie libanaise».
Le communiqué indique par ailleurs que les associations de commerçants ont décidé d’inviter tous les organismes économiques à une réunion urgente «afin de prendre les mesures qui s’imposent au sujet des décisions du Conseil des ministres». «Les associations de commerçants, ajoute le communiqué, entreprendront des contacts avec tous les responsables et les organismes économiques afin de réclamer avec insistance l’abolition de l’augmentation des taxes et de l’interdiction de l’importation de certains produits». Et le communiqué de conclure: «Les associations se réservent le droit d’adopter la position qui s’impose au cas où la situation ainsi créée (par les décisions du gouvernement) n’est pas remise en cause».

Les importateurs des
produits alimentaires

De son côté, le syndicat des importateurs de produits alimentaires a tenu hier une réunion extraordinaire à l’issue de sa rencontre avec le ministre de l’Agriculture. Au terme de sa réunion, le syndicat a publié un communiqué particulièrement virulent soulignant que les mesures préconisées par le gouvernement, en ce qui concerne les produits agricoles, sont «en contradiction flagrante avec les principes les plus élémentaires de l’économie libérale».
«Les fondements des sciences économiques montrent clairement que l’interdiction de l’importation constitue le plus mauvais moyen de soutenir la production locale et d’assurer la consommation interne à des prix acceptables, souligne le communiqué. Les décisions prises ne contribuent nullement à favoriser une production agricole et industrielle de qualité. Elles ne font qu’ébranler l’activité économique et priver les citoyens des avantages de la concurrence».
Le communiqué souligne, par ailleurs, qu’en s’abstenant de consulter au préalable le syndicat des importateurs de produits alimentaires ainsi que l’association des commerçants, le Conseil des ministres a été amené à prendre des décisions erronées, sur base de données et de statistiques fausses. «Cela aura pour conséquence de provoquer une pénurie au niveau de nombreux produits, souligne le communiqué. Une telle attitude aura en outre un impact négatif sur la qualité des produits disponibles, de même qu’elle provoquera une hausse des prix à la consommation. Le conseil du syndicat entreprendra des contacts avec tous les organismes économiques, dont notamment l’association des commerçants, afin de prendre les décisions qui s’imposent pour faire face aux conséquences néfastes des dernières mesures prises par le gouvernement».
Les associations économiques concernées par les dernières mesures protectionnistes prises mardi par le Conseil des ministres ont entamé hier leurs démarches en vue de mettre en échec les décisions du gouvernement portant sur l’augmentation des taxes sur les voitures et l’interdiction de l’importation d’une vaste gamme de produits agricoles et agroalimentaires. Les...