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Actualités - CONFERENCES DE PRESSE

Il a quitté pour Genève après avoir tenu une conférence de presse Abou Rizk : je suis le chef de la CGTL, le seul légal "le gouvernement , arrivé dans la foulée du 6 mai 1992, ne partira qu'avec de nouvelles manifestations", affirme le leader syndical (photo)

C’est avec 13 jours de retard qu’Elias Abou Rizk a pris son avion hier pour Genève. Vendredi 30 mai, il devait s’envoler pour cette ville via Copenhague avec d’autres syndicalistes, mais pour cause de «détention préventive», il a dû rester au Liban après avoir emprunté le téléphone de l’avocat de M. Zoghbi pour reporter son voyage. C’était d’ailleurs son dernier contact d’homme libre, avant sa relaxation, samedi dernier...
Il a donc rejoint hier, le 85e congrès de l’OIT dont les travaux se prolongent jusqu’au 19 juin. Auparavant, il a tenu — comme il l’avait promis — une conférence de presse, pour réaffirmer ses positions et déclarer: «Je suis le chef de la CGTL, le seul légal, et mon problème est avec le gouvernement non avec les syndicalistes». Entouré des membres du bureau exécutif de la centrale qu’il préside, il a aussi affirmé que depuis le 6 mai 1992, les gouvernements successifs de M. Hariri avaient un objectif stratégique: neutraliser la CGTL pour empêcher une réédition de la révolte populaire. Il a ensuite ajouté: «Ce gouvernement, arrivé dans la foulée du 6 mai 1992, ne partira qu’avec de nouvelles manifestations».
Pour sa première apparition officielle depuis son arrestation, Abou Rizk n’a donc nullement mis de l’eau dans son vin ou atténué ses positions. Au syndicat des rédacteurs hier, il a réaffirmé sa détermination à poursuivre la lutte pour les «libertés et le gagne-pain», tout en précisant qu’aucune négociation n’a précédé sa remise en liberté qui, selon lui, a eu lieu grâce aux pressions locales et internationales.

D’étranges coïncidences

Devant les journalistes qui l’attendaient, Abou Rizk est apparu un peu fatigué, mais sûr de lui. Entouré des syndicalistes Yasser Nehmé (secrétaire général), Sleimane Hamdane et Khaled Atab (vice-présidents), Halim Mattar, Mersel Mersel et Ali Mohieddine (membres du bureau exécutif) ainsi que de son avocat, Me Naji Boustany, et de M. Antoine Chidiac, du syndicat des rédacteurs, Abou Rizk a avoué aux journalistes se poser des questions sur certaines coïncidences étranges. Il s’est demandé par exemple pourquoi, à sa sortie de l’hôpital, mardi, le pouvoir lui a retiré les gardes du corps qu’il lui avait accordés il y a plus de deux ans, «alors que les raisons qui ont motivé leur présence existent toujours», a-t-il dit. M. Abou Rizk a aussi fait état d’un coup de fil anonyme qu’il aurait reçu mardi matin à l’Hôpital Orthodoxe. Son interlocuteur voulait savoir si Abou Rizk était encore à l’hôpital et lorsque le chef de la centrale opposante a décliné son identité, la ligne s’est coupée.
En réponse à une question, Abou Rizk a précisé que s’il n’en a rien dit à la justice — comme on le lui avait précédemment reproché, allant même jusqu’à engager des poursuites contre lui pour atteinte au prestige de l’Etat parce qu’il avait confié quelques-unes de ses craintes à l’OIT —, c’est parce qu’il n’a pas d’éléments concrets à fournir.
Interrogé sur la déclaration du président du Conseil, M. Rafic Hariri, dans laquelle ce dernier avait affirmé que la justice est indépendante et que lui-même n’y intervient nullement, Abou Rizk a répondu sur un ton ironique: «Qu’à Dieu ne plaise, le président du Conseil n’intervient jamais dans le cours de la justice. Même si je le vois de mes yeux, je ne le croirai pas...»

Empêcher toute
contestation

Le président de la centrale opposante a commencé sa conférence de presse par des remerciements aux médias, à ses compagnons syndicalistes, au syndicat des rédacteurs et à son président Melhem Karam ainsi qu’aux leaderships politiques et spirituels. Il a ensuite expliqué comment depuis les manifestations du 6 mai 1992 — qui avaient abouti au départ du gouvernement Karamé et préparé le terrain au premier gouvernement Hariri —, l’actuel président du Conseil avait une stratégie constante: neutraliser la CGTL afin d’empêcher une réédition de ces événements. Sachant que les circonstances sociales désastreuses avaient provoqué les manifestations du 6 mai et sachant aussi qu’il est incapable de résoudre les problèmes sociaux, le gouvernement a donc voulu mettre la main sur la centrale syndicale pour empêcher toute contestation sociale. «Il a d’abord utilisé divers moyens mais face à leur échec, il a commencé par recourir à la force, en envahissant les locaux de la CGTL et en intervenant directement dans les affaires syndicales, avant de décider d’emprisonner les responsables opposants». M. Abou Rizk a ajouté qu’aujourd’hui la situation sociale est bloquée et le gouvernement ne peut plus se maintenir qu’en imposant de nouvelles taxes, puisque l’endettement public ne cesse d’augmenter. Il lui faut donc vider la scène de toute contestation afin de pouvoir prendre les mesures nécessaires pour assurer son maintien au pouvoir. «Mais, a-t-il déclaré, un gouvernement formé dans la foulée du 6 mai ne partira que dans des circonstances similaires».
Est-il ainsi en train d’annoncer une réédition des événements du 6 mai 1992? «Ce n’est pas moi qui peut annoncer cela. Ce sont les circonstances qui provoquent la contestation ou les manifestations, et nul ne peut les planifier ou les prévoir».
Au sujet d’éventuelles négociations avec le chef de la centrale reconnue par le pouvoir, M. Ghanim Zoghbi, M. Abou Rizk a répondu: «Notre problème est avec le gouvernement et non avec les syndicalistes. Il faut que le pouvoir cesse d’intervenir dans les affaires syndicales et laisse les gens libres de leur choix».

Le verdict de
la justice

M. Abou Rizk a encore dit que le conflit syndical est entre les mains de la justice et que le tribunal de première instance devrait trancher la question de la représentativité des deux bureaux exécutifs. Mais il a refusé de dire s’il acceptait la décision du tribunal si elle est en faveur de son rival. (Il est vrai que la décision du tribunal est passible d’un recours devant la Cour d’appel).
Le responsable syndical a ensuite annoncé qu’il se rend à Genève pour participer au congrès de l’OIT, en sa qualité de membre du conseil d’administration de cette instance. Il a précisé que son mandat expire le 20 juin 1999. Il a aussi expliqué que le 30 mai, il devait se rendre au sommet des travailleurs qui s’est tenu à Copenhague pour rejoindre ensuite le congrès de l’OIT, auquel participent 175 Etats.
A ce sujet, il a rappelé que ce congrès regroupe des délégations formées de représentants du gouvernement, du patronat et des travailleurs de chaque pays qui y participe. Par conséquent, ce sont les gouvernements des pays participants qui forment les délégations. «Mais le congrès dure 15 jours, alors que nos rapports avec l’OIT sont permanents et le groupe des travailleurs au sein de cette organisation a décidé de traiter avec Elias Abou Rizk en tant que président de la CGTL».
M. Abou Rizk a d’ailleurs estimé, à cet égard, que son arrestation au moment où devaient s’ouvrir les deux congrès internationaux, n’est sans doute pas une simple coïncidence, tout comme il pense qu’on a tenté de lui faire payer certaines positions politiques. «Résultat: mon arrestation est devenue le premier point à l’ordre du jour des deux congrès».

Le responsable syndical a enfin annoncé qu’après Genève, il doit se rendre au Canada pour assister au mariage de son neveu — dont il est le témoin — et il a précisé qu’il rentrerait très bientôt au Liban.
C’est avec 13 jours de retard qu’Elias Abou Rizk a pris son avion hier pour Genève. Vendredi 30 mai, il devait s’envoler pour cette ville via Copenhague avec d’autres syndicalistes, mais pour cause de «détention préventive», il a dû rester au Liban après avoir emprunté le téléphone de l’avocat de M. Zoghbi pour reporter son voyage. C’était d’ailleurs son...