Une prudence verbale qui n’empêche pas les premières manœuvres de se déployer en coulisses. Car on reparle de prorogation, certains haririens et nombre de hraouistes (le principal intéressé lui-même ne semblant toutefois pas... intéressé pour l’heure) faisant valoir en substance que «les circonstances régionales qui avaient imposé la reconduction du mandat présidentiel en 95 ayant visiblement très peu de chances de changer d’ici fin 98, il faudra nécessairement une nouvelle rallonge...».
«Faudra-t-il attendre que la paix se fasse? Cela risque de prendre de longues années, voire de ne jamais se produire», rétorque le camp d’en face pour qui «on ne peut vraiment pas rester ainsi les bras croisés, à maintenir le statu quo de crise et le système qui l’entretient. Il faut réactiver l’Etat et donc penser en terme de changement dans tous les domaines. On ne fait que du neuf avec l’ancien et c’est pour ne pas l’avoir compris que la droite a perdu les législatives en France...».
La querelle bat
son plein
La querelle entre taëfistes bat donc son plein en coulisses. Les contempteurs de la prorogation se défendent de lutter contre des moulins à vent. «Si on n’agit pas dès maintenant, si on ne marque pas une ferme volonté de court-circuiter toute nouvelle tentative de prorogation, en dernière minute les décideurs pourraient estimer plus commode de l’imposer. Or ce sera sans doute la solution la plus facile pour eux mais la plus désavantageuse à notre avis pour le pays politique. Car elle signifierait la prolongation de tout un système de pouvoir, débordant le cadre de la présidence de la République qui a causé beaucoup de tort au pays. Un système qui parfois prend la forme de la troïka et parfois d’autres aspects mais qui, en tout cas, est une entrave à la normalisation de la vie politique, au rééquilibrage requis, à la démocratie et à un sain redressement économique. En outre, qu’il y ait la paix ou qu’il y ait la guerre, chaude ou froide, il faudra dans les années à venir être en mesure de s’adapter à la situation régionale et pour cela il faudra impérativement changer de système, donc d’équipe. On devra commencer par l’élection d’un nouveau président de la République qui inspire large confiance à l’ensemble de la population, qui jouisse d’un renom solide de compétence comme d’intégrité et qui soit assez impartial pour superviser des législatives anticipées en base d’une loi électorale assurant la saine représentation de toutes les parties. Il faudra donc ensuite installer un gouvernement fiable de véritable entente nationale, avec la participation de tous. Un pouvoir qui soit en mesure de nettoyer les écuries d’Augias aussi bien parmi la caste politique que dans l’Administration. Pour redonner l’espoir aux Libanais, même en cas de blocage prolongé au niveau du processus régional».
C’est en effet demander là beaucoup de changements. Et on se demande si les autorités, les véritables ou les déléguées, en voudront...
E.K.
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