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Actualités - REPORTAGE

La cimenterie nationale ouvre la voie de l'industrie non polluante (photo)

Les pollutions industrielles dans la région de Chékka ont été le sujet régulièrement de polémiques entre les industriels, le gouvernement et certaines ONG. Toutefois, preuve que les choses peuvent avancer rapidement au Liban, un dialogue s’est instauré entre toutes ces parties visant à préserver la santé des citoyens et l’environnement libanais. Symbolique, a donc été l’inauguration, hier, sous le patronage du ministre de l’Environnement, M. Akram Chéhayeb, d’une installation ultra-moderne réalisée par la «Cimenterie Nationale» afin de traiter un composant du ciment, le Klinker, accusé des principales pollutions de la région.
Dans son allocution, M. Zahi Abou Mansour, conseiller du ministre et représentant celui-ci, a insisté sur l’importance du dialogue entre le ministère de l’environnement, les ONG (Greenpeace et d’autres organisations) et les industriels libanais. Cette volonté de dialogue a été d’ailleurs confirmée par MM. Jacques Sarraf, président de l’Association des Industriels Libanais et Fouad Hamdane, représentant de Greenpeace», lors de la visite de l’usine organisée par M. Pierre Doumet, directeur général de la «Cimenterie Nationale». M. Abou Mansour a précisé à cette occasion les objectifs du ministère de l’Environnement: une bonne gestion des ressources naturelles du Liban, un développement des industries libanaises dans le respect de cet environnement, de la sécurité et de la santé publiques, par la mise aux normes internationales des installations industrielles du pays.
En fait, la première impression de cette visite est certainement celle d’une nette amélioration de l’air ambiant à Chekka. Ensuite, l’opération portes ouvertes de la «Cimenterie Nationale» a démontré très clairement la volonté de ses actionnaires de moderniser l’entreprise en respectant l’environnement, mais surtout en humanisant l’outil de production. Les grandes transformations des installations et notamment la construction de cet énorme hangar où est stocké le Klinker est l’une des phases finales de la modernisation de l’une des plus importantes cimenteries du Liban. Après la mise en place de filtres modernes, ont été acquises des machines qui produisent avec le moins de bruit possible, l’énergie électrique nécessaire pour faire fonctionner l’usine (l’EDL ne servant que 2 des 15 MégaWatts prévus au contrat avec l’usine). L’ensemble de ces travaux représente un surcoût d’installation de quelque 12 millions de dollars; mais le plus important est certainement l’effort produit par la direction de cette cimenterie pour rendre plus humain la production industrielle. De la nouvelle infirmerie équipée d’une ambulance autonome, aux multiples espaces prévus et aménagés pour le repos et l’hygiène des ouvriers en passant par les centaines d’arbres et arbustes plantés à travers l’usine, tout prouve que cet établissement pourrait bien servir d’exemple, parmi d’autres, pour le monde industriels libanais. L’exemple tient dans la démonstration que l’on peut produire industriellement au Liban, en respectant les travailleurs et leur environnement, tout en étant compétitif. La Cimenterie «Nationale» n’a d’ailleurs pas été affectée par les dernières baisses des ventes de ciment en 1996 alors quelle fournit environ 34% du marché. Pour M. Pierre Doumet, «respecter l’environnement et assurer une meilleure considération au personnel induit non seulement une industrie plus productive, plus performante, plus rentable, mais aussi créatrice d’emplois». En effet, dans cette entreprise, les pouvoirs ont été délégués par secteur; pas moins de 14 directeurs ont la responsabilité de quelque 600 employés. Le personnel est d’ailleurs de plus en plus qualifié et est envoyé en stage régulièrement en Europe.

Une installation
ultra-moderne

S’agissant de l’installation inaugurée hier, il faut noter que le klinker est le produit des roches broyées et chauffées afin de produire du ciment; un peu de gypse sera ensuite ajouté à ce produit, il est vrai poussiéreux, dans la dernière phase de fabrication. C’est donc ce produit dont émane l’acide d’azote qui créé de l’acide nitrique au contacte de l’eau, des pluies acides dues à la teneur en SO2et de la poussière lors des différents transvasements de cette matière. Des normes internationales ont été fixées et la «Cimenterie Nationale» les a adoptées. Si les dites normes prévoient pour le NOX, un taux de 1300 mgrs par m2, de 100 mgrs de poussière par m2 et de 500 mgrs de SO2 par m2, l’usine de Chekka n’en produit que 250 mgrs pour le NOX, 45 pour les poussières et 250 pour le SO2. La nouvelle installation (quelque deux millions de dollars d’investissement) est composée de quatre compartiments souterrains qui absorbent par le bas un immense tas de Klinker recouvert d’un dôme hermétique circulaire. Ainsi, cette matière incriminée arrive par des tunnels couverts de taules, directement du four, sans voir le jour et est stockée en vue d’être transformée en ciment dans cet immense réservoir. Autour, des arbres sont déjà plantés et un gazon serait en préparation (à suivre...)!

Le point de vue de «Greenpeace»

Dans un communiqué, «Greenpeace» a donné un compte rendu de sa visite dans l’usine de la «Cimenterie Nationale». Les responsables de cette ONG ont rencontré M. Pierre Doumet notamment au sujet des pollutions dues au KlinKer. M. Doumet a, à cette occasion, assuré que la cimenterie n’utilisait que du pétrocoke et non d’autres carburants plus dangereux et que celui-ci étant brûlé à quelque 2400 °C les éléments polluant gravement ne pouvaient résister. Par ailleurs, les responsables de l’usine se sont engagés à être aux normes internationales, concernant le respect de l’environnement, en 1998. Toutefois, d’ores et déjà, Fouad Hamdane lui-même n’a pu que constater les premiers efforts très importants produits par l’ensemble de la cimenterie; cela a bien sûr encouragé nettement le dialogue entre l’ONG, la «Cimenterie Nationale» et le ministère de l’environnement d’une part, mais peut être surtout, avec la population locale qui se voit enfin considérée au-delà des joutes politiciennes.

Gérard de
HAUTEVILLE
Les pollutions industrielles dans la région de Chékka ont été le sujet régulièrement de polémiques entre les industriels, le gouvernement et certaines ONG. Toutefois, preuve que les choses peuvent avancer rapidement au Liban, un dialogue s’est instauré entre toutes ces parties visant à préserver la santé des citoyens et l’environnement libanais. Symbolique, a donc été...