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Actualités - CHRONOLOGIE

France : cohabitation dans la dignité et le respect mutuel Jospin s'engage à respecter les prérogatives de Chirac (A.E., Défense, Intérieur ) (photos)

Coincé entre une cohabitation inconfortable et la guerre des chefs au sein de son parti — ce qui pourrait compromettre un éventuel second mandat présidentiel —, Jacques Chirac a présidé hier un premier Conseil des ministres du gouvernement Jospin placé sous le signe «de la dignité, du respect mutuel et d’un souci constant des intérêts de la France», ainsi que l’a affirmé le chef de l’Etat à l’ouverture de la réunion. D’ores et déjà, le parti socialiste a fait savoir qu’il n’y avait eu aucun problème dans l’attribution des ministères régaliens (Affaires étrangères, Défense, Intérieur), le premier ministre s’engageant à respecter les prérogatives du président.
«Le premier ministre s’est engagé à travailler dans le respect des hautes prérogatives constitutionnelles du président de la République française, dans la sérénité et dans la rigueur qui sied à la conduite des affaires du pays, au-delà de la différence des conceptions politiques», a rapporté Catherine Trautmann, porte-parole du gouvernement.
«A ma connaissance, il n’y a eu aucun problème, c’est-à-dire que ce gouvernement a été fait dans un délai très court (...). Aucun conflit de quelque nature que ce soit n’a été enregistré à l’Elysée», a dit de son côté, sur France Inter, François Hollande, premier secrétaire p.i. du PS, soulignant par ailleurs que la ligne de conduite du gouvernement serait «le réalisme dans l’application des promesses».
«Il faut appliquer les promesses, les engagements que l’on a adressés au pays et le rôle, par exemple, du parti socialiste, c’est de rappeler un certain nombre d’engagements qui ont été pris et de voir qu’il y a un calendrier, qu’on ne peut pas faire tout, tout de suite, qu’on n’est pas là pour 40 jours», a-t-il dit.
Rien n’a filtré sur le bref (30 minutes) Conseil des ministres, sauf l’annonce par M.Jospin lui-même qu’il participerait aux côtés de M. Chirac, le 13 juin, à son premier sommet franco-allemand face au chancelier Helmut Kohl, à Poitiers (centre-ouest).
«Naturellement, c’est la règle», a assuré M. Jospin, avant son départ à Malmoe, en Suède, au congrès des partis socialistes européens, qui sont au pouvoir ou y participent dans 13 des 15 pays de l’Union européenne.
Le sommet franco-allemand, qui précède le Conseil européen d’Amsterdam, les 16 et 17 juin, sera scruté à l’étranger après les propos de campagne, mais qui correspondent à des convictions très ancrées chez M. Jospin, sur une «réorientation de la politique européenne».
Avant la réunion, le chef de l’Etat s’est fait présenter par Lionel Jospin chacun des 26 membres de ce gouvernement pluraliste de gauche.
En ouvrant les travaux, M. Chirac a repris un visage grave pour déclarer: «La France vient de se prononcer. Elle a élu une nouvelle majorité. Vous êtes le gouvernement issu de cette majorité».
«Nous voilà à nouveau en période de cohabitation», a poursuivi le président.
M. Jospin a consacré l’essentiel de son intervention aux méthodes de travail de sa nouvelle équipe. Il a donné pour consignes à ses ministres d’œuvrer en collégialité et de respecter les prérogatives présidentielles, répondant ainsi au vœu de M. Chirac d’une cohabitation sans affrontements.
Réputé pour sa rigueur morale toute protestante, M. Jospin a également mis en garde ses ministres en les invitant à travailler «dans le respect des intérêts et de l’impartialité de l’Etat».
La sortie du Conseil des ministres, au milieu d’une foule compacte de journalistes, s’est transformée en tohu bohu, les ministres cherchant leurs voitures de fonction et les gardes du corps cherchant leurs ministres.
Quatre d’entre eux étaient d’ailleurs arrivés à pied, tandis que Catherine Trautmann, chargée de la Culture et d’être le porte-parole du gouvernement, avait opté pour un taxi.
Au moment même où M. Chirac inaugurait le premier Conseil des ministres, Philippe Séguin annonçait officiellement qu’il briguerait la succession d’Alain Juppé à la présidence du RPR.
A la tête du premier parti de la droite, M. Séguin pourrait acquérir une stature suffisamment importante pour pouvoir se présenter en position de force à la prochaine élection présidentielle en 2002, contrecarrant une éventuelle candidature de M. Chirac à un second mandat.
Un éventuel émiettement de la droite après l’hécatombe de dimanche préoccupe les états-majors comme les analystes, qui brandissent l’épouvantail de l’extrême droite.
L’écrivain et économiste Guy Sorman estime dans le quotidien conservateur «Le Figaro» que «si la guerre des chefs continue, les militants de droite pourraient se volatiliser. Ou rejoindre le FN» (Front national — extrême droite).
Le parti de Jean-Marie Le Pen, fort de ses 15% des suffrages aux législatives, se veut déjà le «noyau» de la recomposition de la droite.
L’UDF semble avoir évité l’écueil, donnant l’impression d’un pôle de stabilité dans une droite en effervescence.
Son patron, l’ancien ministre de la Défense François Léotard, avait pris les devants dès le lendemain de la défaite. Il a proposé le centriste influent François Bayrou à la présidence du groupe parlementaire et réintégré l’ancien ministre ultra-libéral Alain Madelin au Parti républicain, l’une des cinq formations qui composent l’UDF, en lui cédant sa place. M. Madelin avait annoncé, le soir du second tour, qu’il reprenait sa liberté.
(AFP, Reuter)
Coincé entre une cohabitation inconfortable et la guerre des chefs au sein de son parti — ce qui pourrait compromettre un éventuel second mandat présidentiel —, Jacques Chirac a présidé hier un premier Conseil des ministres du gouvernement Jospin placé sous le signe «de la dignité, du respect mutuel et d’un souci constant des intérêts de la France», ainsi que l’a...