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Actualités - CHRONOLOGIE

Khaddam et Chareh attendus demain à Beyrouth Affaire Abou Rizk : la contestation se politise

C’est demain, et non pas aujourd’hui comme annoncé d’abord, que M. Abdel Halim Khaddam, vice-président syrien, est attendu au Liban, dernière escale d’une tournée arabe qui l’a menée en Egypte, au Maghreb, en Jordanie et dans les pays du Golfe. M. Khaddam, qui est accompagné de M. Farouk el-Chareh, ministre syrien des Affaires étrangères, informera les hauts responsables des résultats de sa tournée, principalement axée sur le blocage du processus de paix et les risques que fait courir au monde arabe l’axe israélo-turc.
Mais le dossier libanais, et notamment la dégradation des rapports entre le chef de l’Etat et le président de l’Assemblée nationale, ne sera pas absent de ses entretiens au Liban. Voici en effet deux mois que M. Berry n’adresse pas la parole au chef de l’Etat, et annonce que «la troïka est morte». En prévision d’un possible raccommodage de ces rapports, ne serait-ce que sur le plan des politesses d’usage, le président du Conseil a rencontré hier M. Berry, en sa résidence de Aïn el-Tineh. C’est la seconde rencontre entre les deux hommes en deux jours, et l’un et l’autre gardent à ce sujet le mutisme le plus total.

La sûreté de l’Etat, dans une situation régionale qui évolue dangereusement, ne sera pas absente non plus des entretiens de M. Khaddam avec les responsables. Présidé par le ministre de l’Intérieur, le Conseil de sécurité a examiné en particulier les retombées possibles, sur le plan local, du conflit aux frontières de la Turquie, de l’Irak et de la Syrie. Le Liban prend au sérieux les menaces proférées, à partir de Beyrouth, par le chef de Parti des travailleurs du Kurdistan (séparatiste kurde turc), Abdallah Ocalan, contre les «intérêts américains» dans la région .
Pour importantes, ces considérations ne doivent pas faire oublier l’apparente dérive de la vie politique vers un surcroît de répression. Le Conseil des ministres se penchera aujourd’hui sur un ordre du jour parmi les points duquel figure un projet dangereux pour l’avenir de la presse écrite libanaise, francophone ou anglophone. Ce projet autorise l’impression de publications étrangères au Liban, et leur accorde le droit d’y collecter des publicités. Il est à peine besoin de souligner le risque qu’il représente pour une presse indépendante qui vit principalement de ses recettes publicitaires.
Par ailleurs, la dérive autocratique des pouvoirs publics est cristallisée par l’inquiétante affaire Elias Abou Rizk. Le responsable syndical est toujours placé en garde à vue, quoique dans des conditions moins humiliantes, en attendant une décision de justice, où une «approbation morale» venant du siège de l’OIT, à Genève, tranchant le conflit de légitimité qui l’oppose à M. Ghanim Zoghbi, au sujet de la présidence de la CGTL (L’ENSEMBLE DE NOTRE INFORMATION, PAGE 4).
A mesure que les jours passent, l’affaire Abou Rizk prend du reste de l’ampleur. Après les milieux syndicaux, ce sont les milieux politiques de l’opposition qui commencent à réagir à une situation considérée comme «anormale» et comme contraire au «bon sens».
L’affaire Abou Rizk a fait l’objet d’un communiqué, hier, de la «Rencontre nationale parlementaire», le bloc d’opposition composé de MM. Sélim Hoss, Omar Karamé, Hussein Husseini, Mohammed Beydoun, Boutros Harb et Nassib Lahoud. Ces derniers ont placé en tête du communiqué publié à l’issue de leur réunion, l’affaire Elias Abou Rizk, dont ils ont réclamé la «libération immédiate».
Les députés de l’opposition se sont déclarés «de plus en plus inquiets pour les libertés publiques, et en particulier les libertés syndicales, et l’arrestation de M. Abou Rizk pour usurpation de qualité, alors même que la Justice n’a pas encore tranché au sujet des élections syndicales, et donc au sujet de la qualité de M. Abou Rizk».
En outre, les parlementaires ont fait assumer à «la politique partiale» des responsables de la responsabilité de «l’éclatement du mouvement syndical».
Ouvrons une parenthèse, ici, pour signaler que le président de l’Ordre des avocats, M. Chakib Cortbawi, aurait protesté, de Tunis où il se trouve, au sujet du communiqué de l’Ordre consacré à l’affaire Abou Rizk, publié lundi en son absence. Selon l’ANI, M. Cortbawi a communiqué son mécontentement au ministre de la Justice. Dans le communiqué, l’Ordre des avocats avait demandé la libération de M. Abou Rizk et affirmé que l’opinion est quasi-convaincue que le pouvoir judiciaire est «sous l’influence» des autorités politiques.
La rencontre parlementaire nationale a également évoqué, dans son communiqué, la séance parlementaire qui vient d’être consacrée aux interpellations et questions des députés. Le groupe parlementaire d’opposition a estimé que «ce qui nuit à l’image du Liban à l’étranger ou à l’intérieur, c’est le mésusage, par l’autorité, de ses prérogatives, et non la prestation positive de ceux qui ont su demander des comptes et réclamer que la Constitution et les lois soient respectées».
Par ailleurs, le bloc parlementaire de la Rencontre nationale s’est «étonné» du retard qui affecte les demandes d’obtention de licences d’exploitation présentées par des médias audiovisuels. «Le statu quo, a-t-il déclaré, consacre la répartition des parts du paysage audiovisuel entre les différents pôles du pouvoir, et porte atteinte au droit des citoyens à une information objective et permet aux responsables de déformer la réalité des faits».
Sur un autre plan, le bloc d’opposition a affirmé que le projet de loi électorale que M. Hariri essaie de mettre en avant, est «contraire aux dispositions de l’accord de Taëf», en ce qu’il préconise le Liban circonscription unique, alors que selon l’accord de Taëf, c’est le mohafazat qui constitue cette circonscription. «L’idée de la circonscription unique non seulement sort du cadre de l’accord de Taëf avant son application complète, mais ne saurait être valide que si elle s’accompagne du système de la proportionnelle, ainsi que d’autres conditions similaires. Autrement, elle constituerait une menace pour le régime démocratique et au principe de la convivialité».
Enfin, le bloc parlementaire a fait sienne une question écrite de M. Husseini relative à la constitutionnalité du Haut comité des secours, dans sa formule actuelle, et s’interrogeant sur la destination des dons et fonds que cet organisme distribue.
C’est demain, et non pas aujourd’hui comme annoncé d’abord, que M. Abdel Halim Khaddam, vice-président syrien, est attendu au Liban, dernière escale d’une tournée arabe qui l’a menée en Egypte, au Maghreb, en Jordanie et dans les pays du Golfe. M. Khaddam, qui est accompagné de M. Farouk el-Chareh, ministre syrien des Affaires étrangères, informera les hauts...