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Actualités - CONFERENCES DE PRESSE

Greenpeace sonne le tocsin et l'état s'empresse d'ouvrir une enquête Nouveau désastre écologique : des millions de m3 de déchéts jetés dans la vallée du Monteverde Les détritus menacent d'empoisonner l'eau potable de Beyrouth (photo)

Il a fallu encore une fois que le mouvement écologique «Greenpeace», intervienne pour que l’Etat songe à bouger pour empêcher un nouveau désastre écologique: «Des millions de mètres cubes de déchets dangereux» provenant du dépotoir de la Quarantaine sont déchargés dans la vallée du Monteverde et risquent de polluer les eaux souterraines du Metn et par conséquent l’eau potable acheminée à Beyrouth. «Greenpeace» avait entrepris une série de démarches auprès des autorités concernées, attirant leur attention sur la présence de stations de pompage qui distribuent l’eau de la capitale, à quelques kilomètres en contrebas de la nouvelle décharge ainsi que sur le risque de la pollution des eaux souterraines. Mais sans succès: les camions faisant la navette entre le dépotoir de la Quarantaine et le Metn continuaient de déverser leur poison dans une des plus belles vallées du Liban.
En désespoir de cause, le porte-parole de «Greenpeace», M. Fouad Hamdane, a tenu hier une conférence de presse pour exposer les dangers découlant de l’installation arbitraire d’un nouveau dépotoir en zone résidentielle et près de sources d’eau.
Sans cette initiative, «Greenpeace», serait vraisemblablement toujours en train d’exhorter les responsables concernés à arrêter «le crime écologique» contre Monteverde. M. Hamdane avait été alerté au début de la semaine de la présence d’un nouveau dépotoir qu’il appelle «Quarantaine II» dans une zone résidentielle dans le Metn. Il a aussitôt entrepris des contacts avec les responsables concernés pour faire cesser le désastre mais ses interlocuteurs l’exhortaient toujours à patienter le temps d’ouvrir une enquête qui se faisait attendre. Lassé d’attendre, le représentant de «Greenpeace» à Beyrouth a convoqué les médias locaux jeudi dans l’après-midi à une conférence de presse. En début de soirée jeudi il a reçu un appel du bureau du chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, l’informant que le président du Conseil a demandé au ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, de donner l’ordre de faire cesser le transfert des détritus vers le Metn. Les interlocuteurs de M. Hamdane lui ont assuré qu’«une enquête sera ouverte» et que «plus un seul camion de déchets ne se rendra désormais» à Monteverde.

Réunion Hariri-Chehayeb

Auparavant, M. Hariri avait convoqué le ministre de l’Environnement, M. Akram Chehayeb, à une réunion urgente durant laquelle la décision de faire cesser le transfert des immondices avait été prise. M. Chehayeb devait également prendre contact avec le porte-parole de «Greenpeace» et adresser au mohafez du Mont-Liban, M. Mohamed Yamout, une note lui demandant d’ordonner la suspension du transfert de déchets à Monteverde. «De vieilles ordures ménagères décomposées provenant du dépotoir de la Quarantaine sont transférées au Monteverde, défigurant le paysage, obstruant le cours d’eau qui traverse la vallée et menaçant de polluer à l’avenir l’eau superficielle et souterraine», souligne un communiqué publié par le ministre de l’Environnement. Les remarques du ministre sont fondées sur une série de rapports et de photos adressés par «Greenpeace» à son département: La municipalité de Beit Méry a ensuite pris contact avec le ministère pour l’informer de l’arrêt des travaux à Monteverde. Le transfert des détritus devait effectivement cesser dans la nuit de jeudi à vendredi. Les habitants de la région de Monteverde ont constaté avec soulagement qu’aucun camion n’a pris à partir de minuit, dans la nuit de jeudi à vendredi, le chemin menant au site verdoyant devenu un immense monceau d’ordures décomposées.

«Ni vus, ni connus»

A «L’Orient-Le Jour», M. Hamdane a expliqué que c’est durant la nuit que les camions transportaient les immondices de la Quarantaine à «Quarantaine II». «Ni vus, ni connus». Il nous a précisé que le dépotoir de la Quarantaine comprenait quelque quatre millions de mètres cube d’immondices. «Il n’en reste plus que le quart. Les trois-quarts ont été transférés à Monteverde, progressivement depuis un mois et demi», a-t-il ajouté.
Aujourd’hui, le problème de la pollution des eaux du Metn et de l’eau potable de Beyrouth se pose avec acuité. «Les détritus sont encore secs. Le problème se posera dangereusement en hiver quand les pluies entraîneront les immondices dans le cours d’eau», a-t-il noté. Rappelons que ce sont les rivières de Nahr el-Kalb et de Beyrouth qui fournissent l’eau potable de Beyrouth. Si le cours de Nahr Beyrouth est pratiquement sec en été, c’est parce que toute l’eau est pompée vers Beyrouth, essentiellement à partir de stations installées dans le Metn.

Le CDR mis en cause

Dans sa conférence de presse, M. Hamdane a souligné que c’est le Conseil de développement et de reconstruction (CDR) qui «assume l’entière responsabilité de la pollution du Metn et de l’empoisonnement de l’eau dans la région de Mansourieh».
M. Hamdane a accusé le CDR d’avoir «autorisé deux firmes espagnoles, «Cubiertas» et «Entracanales» ainsi que leur partenaire libanais, «la société Samir Cheddad», d’exposer les eaux souterraines du Metn au danger de la pollution». Les trois compagnies sont chargées de réhabiliter la décharge de la Quarantaine et d’agrandir le port de Beyrouth, a-t-il ajouté, précisant que c’est le CDR qui finance et supervise l’exécution du projet.
Après avoir souligné que des stations de pompage qui distribuent l’eau potable à Beyrouth se trouvent à quelques mètres en contrebas de la nouvelle décharge, le porte-parole de «Greenpeace» a demandé «l’arrêt du crime écologique qui est en train d’être commis et le transfert immédiat des déchets jetés dans la vallée à la Quarantaine».
«Ce scandale rappelle la gravité et l’ampleur du problème des déchets dans ce pays et met en exergue l’incompétence des responsables en charge du règlement de ce dossier», a-t-il ajouté.

La réponse du CDR

M. Hamdane a affirmé avoir pris contact avec plusieurs responsables du projet pour demander d’y mettre fin, mais sans succès. Il a toutefois précisé avoir obtenu la promesse du ministre de l’Environnement de l’aider à régler le problème: «Depuis lundi, «Greenpeace» appelait tous les jours le président du CDR, M. Nabil el-Jisr, réclamant l’arrêt de cette catastrophe et le retour des déchets transférés à la Quarantaine. Il répondait toujours qu’il était «naturellement désolé pour ce qui se passe». Il évitait toutefois d’assumer toute responsabilité soulignant que «le CDR ne supervise pas le projet de l’élargissement du port de Beyrouth qui relève de la compétence de la direction du port et du ministère des Transports» et que le CDR «se contente de le financer».
Le porte-parole de «Greenpeace» a aussi indiqué qu’il s’était rendu mardi à la Quarantaine où il a évoqué le problème avec le directeur espagnol du projet, M. Eduardo Riquera, ainsi qu’avec son partenaire Samir Cheddad. «Mais tous deux ont refusé de réceptionner une note officielle leur demandant d’arrêter leurs travaux et de renvoyer les déchets transférés à leur lieu d’origine», a-t-il fait valoir avant de préciser qu’il s’était rendu hier en compagnie d’une déléguée du ministère de l’Environnement sur les deux sites de la Quarantaine et de Monteverde.
M. Hamdane a aussi fait état de documents officiels «prouvant que le mohafez du Mont-Liban a autorisé M. Michel Aziz Roumi de bonifier, de remblayer et de reboiser les terrains situés à Monteverde pour une période de deux mois depuis le 12 avril dernier». Les deux firmes espagnoles avaient loué le terrain à Roumi qui avait sollicité du mohafez du Mont-Liban un permis d’exploitation à des fins de bonification du terrain. Dans sa note au mohafez du Mont-Liban, M. Chehayeb avait aussi exigé «la suspension» de ce permis.
M. Hamdane a aussi fait remarquer que les trois sociétés avaient «effectué des analyses fictives sur des échantillons d’ordures enterrées au Metn s’arrêtant sur leur composition naturelle sans essayer de découvrir si elles recèlent des métaux lourds ou des matières nocives et toxiques que toute décharge comprenant des déchets domestiques, industriels et hospitaliers ainsi que la cendre toxique des incinérateurs peut contenir».
M. Hamdane a indiqué que ce sont les habitants de la région qui ont alerté «Greenpeace».
«L’organisation a alors mené une enquête, interrogeant les habitants du secteur et les ouvriers sur les deux sites de la Quarantaine et de Monteverde. Elle a pris des photos» que M. Hamdane a distribuées aux représentants de la presse durant la conférence.

La campagne de
«Greenpeace» se poursuit

En conclusion, le porte-parole de «Greenpeace» a déclaré: «Les trois sociétés sont considérées comme étant responsables de ce scandale écologique. Mais le CDR assume l’entière responsabilité de la pollution du Metn et de l’empoisonnement des eaux souterraines. Les deux firmes espagnoles ont été payées pour réhabiliter le dépotoir de la Quarantaine et non pas pour transférer ses déchets au Metn par les moyens les moins chers. Il est utopique de croire que les ordures peuvent être enterrées et oubliées. Les matières toxiques qui s’en dégagent pollueront assurément l’eau souterraine».
La campagne de «Greenpeace» ne fait toutefois que commencer. L’organisation écologique n’aura de cesse jusqu’à ce que les déchets soient de nouveau transférés à la Quarantaine. La semaine prochaine, M. Hamdane doit entreprendre de nouveaux contacts avec les responsables concernés à ce sujet. Ces derniers ne s’étaient pas engagés à satisfaire sa demande, se contentant de préciser qu’un rapport doit être établi au préalable. «On verra ensuite», s’est-il entendu dire.
Il a fallu encore une fois que le mouvement écologique «Greenpeace», intervienne pour que l’Etat songe à bouger pour empêcher un nouveau désastre écologique: «Des millions de mètres cubes de déchets dangereux» provenant du dépotoir de la Quarantaine sont déchargés dans la vallée du Monteverde et risquent de polluer les eaux souterraines du Metn et par conséquent...