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Actualités - CHRONOLOGIE

Entre un socialisme rénové et un libéralisme tempéré de social La France demain devant un choix de société

Les Français sont appelés à faire demain un choix de société entre un socialisme rénové incarné par Lionel Jospin et un libéralisme tempéré de préoccupations sociales présenté in extremis avant le deuxième tour des élections législatives par le nouveau chef de file de la droite, Philippe Séguin. Une victoire de la gauche pronostiquée par les derniers sondages se traduirait par une forme de «cohabitation» politique inédite avec un président de droite et un chef du gouvernement de gauche.
«La gauche sent le parfum d’une victoire dont elle hésite à préparer la fête», titrait hier le quotidien Le Monde.
M. Jospin a affirmé que la France était «au bord d’un événement qui va stupéfier l’Europe», lors d’un dernier grand meeting jeudi soir. «C’est le cours, l’équilibre de l’Europe qui va être modifié si nous l’emportons après la victoire de nos amis travaillistes britanniques», a-t-il estimé.
Pour tenter de remonter leur handicap, les dirigeants de la majorité sortante ont proposé un nouveau «pacte de confiance» aux Français, fustigeant la gauche et son programme dirigiste.
Hier, alors que la campagne électorale s’achevait à minuit, deux sondages ont prédit une victoire confortable de la gauche, l’un de l’institut Sofres suggérant même une courte majorité absolue au PS de M. Jospin sans l’appui encombrant du parti communiste.

Un sondage CSA publié dans le quotidien suisse La Tribune de Genève — et repris malgré l’interdiction légale en France par le quotidien Le Parisien — donne au PS et à ses alliés non communistes 283 sièges sur 577 dans la future Assemblée, 6 de moins que la majorité absolue, la majorité sortante RPR-UDF (gaullistes/droite libérale) étant créditée de 260 sièges et les communistes de 32.
Après leur sévère échec du 1er tour et le «hara-kiri» immédiat du premier ministre
gaulliste Alain Juppé, les dirigeants de la droite ont confié leurs chances à un tandem inattendu.
Sous l’impulsion du président Jacques Chirac, ils ont intronisé nouveau chef de campagne le «gaulliste social» et «euro-prudent» Philippe Séguin, le désignant à l’opinion comme le futur premier ministre en cas de victoire. Il est flanqué d’un «ultra-libéral», l’ancien ministre des Finances Alain Madelin, un «mariage de la carpe et du lapin», selon l’opposition.

L’emploi du coeur

Président de l’Assemblée nationale sortante, M. Séguin (54 ans) offre une image à l’opposé de celle de l’impopulaire M. Juppé. Ce bon vivant né en Tunisie, au large sourire mais aux colères célèbres, plaide pour une troisième voie entre libéralisme et socialisme. Selon lui, «les Français veulent une priorité absolue à la lutte contre le chômage, une Europe démocratique qui ait l’emploi au cœur».
Le pari de M. Chirac pour se doter d’une majorité stable de droite pendant les cinq prochaines années avait viré au cauchemar au soir du 25 mai, la coalition sortante RPR-UDF accusant 4 points de retard sur la gauche avec seulement 36,1% des suffrages exprimés.
A l’inverse, la gauche a regagné 9 points (40,2%) par rapport à ses résultats calamiteux de 1993. Confiant dans ses chances de victoire, M. Jospin prépare déjà la constitution d’un gouvernement qui sera, a-t-il dit, «ramassé», ce qui est «gage d’efficacité et de cohérence» selon lui.
Au jeu des devinettes, le quotidien de gauche Libération a publié vendredi la liste de 15 ministrables de gauche, avec Jacques Delors, l’ex-président de la Commission européenne, en favori pour les Affaires étrangères.
Le PCF a indiqué qu’en cas de victoire de la gauche, il déciderait par une «large consultation» de ses militants lundi de participer au nouveau gouvernement ou de seulement le soutenir.
La droite devra subir le handicap de 75 élections triangulaires avec la gauche et le Front national (FN, extrême-droite) de Jean-Marie Le Pen, qui risquent de lui coûter une cinquantaine de sièges.
Cette fin de campagne a été marquée par des incidents sérieux entre M. Le Pen et des contre-manifestants vendredi à Mantes-la-Jolie, près de Paris, où se présente une de ses filles.
Le FN, encore en lice dans 132 circonscriptions, pourrait faire son retour à l’Assemblée nationale avec un ou deux députés.
Le second tour devrait aussi voir l’élection des premiers députés écologistes français, conséquence d’un accord conclu entre les Verts et le PS.
Les Français sont appelés à faire demain un choix de société entre un socialisme rénové incarné par Lionel Jospin et un libéralisme tempéré de préoccupations sociales présenté in extremis avant le deuxième tour des élections législatives par le nouveau chef de file de la droite, Philippe Séguin. Une victoire de la gauche pronostiquée par les derniers sondages se...