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Actualités - CHRONOLOGIE

Les sectes sataniques : une affaire qui fera encore couler beaucoup d'encre

Satan a-t-il réellement des «adorateurs» au Liban et les sectes sataniques sont-elles vraiment aussi fortement implantées dans notre pays et parmi notre jeunesse que certains tendent à le croire et à l’affirmer?
Telle est la question qui se pose aujourd’hui dans divers milieux à l’heure où l’arrestation de jeunes adeptes présumés de sectes sataniques suscite l’inquiétude de nombre de responsables malgré les non-lieux prononcés par les autorités judiciaires.
A deux reprises ces dernières semaines, la police a annoncé l’arrestation par dizaines de membres de ces sectes qui ont toutefois été libérés à chaque fois par les juges faute de preuves tangibles.
Ces arrestations ont provoqué des tollés dans divers milieux et notamment auprès des universitaires qui ont critiqué, dans ce cadre, «l’étroitesse d’esprit» des services de sécurité «qui considèrent, ont-ils affirmé, comme satanique tout comportement hors des normes traditionnelles et toute musique bruyante comme le hard rock par exemple».
Il reste que l’affaire continue d’être source de craintes, d’inquiétude et de préoccupations comme l’avait été avant elle l’affaire du «nirvana» et des suicides d’une quinzaine d’adolescents enregistrés entre 1993 et 1996.
«Je suis très inquiet du développement de ces courants, en particulier les bandes d’«adorateurs de Satan», a déclaré à l’AFP le père Benoit Succar, président de l’association «Jeunesse antidrogue».
Un responsable des services de sécurité chargé du dossier demeure convaincu de la prolifération de ce phénomène et a affirmé à l’AFP et à notre chroniqueur judiciaire Bahjat Jaber que la secte avait des adeptes à Beyrouth et dans plusieurs localités du nord du pays.
L’affaire est «étouffée» du fait que des enfants d’hommes politiques ou de diplomates étrangers gravitent autour de ces groupes, a ajouté cet officiel sous couvert de l’anonymat.
«Ces sectes sont dangereuses», a estimé le père Succar. «Elles ont recours aux associations religieuses pour couvrir leurs activités et attirent les jeunes au moyen de la drogue et de la musique hard rock, pour qui le démon est un sauveur, les incitant au crime, au vol et au suicide», a-t-il ajouté.
Dix jeunes gens, accusés d’être des «adorateurs de Satan», avaient été appréhendés le 14 mai à Kfar Hazir (Nord), alors que, selon la police, ils dansaient autour de la tombe de Jihad Akar, un étudiant de 19 ans mort trois jours plus tôt en plongeant d’un rocher de 25 mètres de haut.
Selon les témoignages alors recueillis par la police, ils encourageaient leur ami en tapant des mains et en criant «Buoy, Buoy», à l’instar des fans américains de natation.
L’enquête de la justice relève de son côté que la bande avait tenté, en vain, de l’empêcher de plonger.
Toujours selon la police, l’un d’eux, Hanna Yammine, qui porte un tatouage jugé «satanique», avait en outre reconnu avoir fait partie de la secte, mais l’avoir abandonnée il y a un an.
Il a été le seul à être déféré à la justice qui l’a relâché après six jours sous condition d’élection de domicile, reportant au 2 juin la poursuite de l’enquête.
«Rien ne prouve l’appartenance à une secte prohibée. Il est vrai que leur tenue était indécente et leurs pratiques inhabituelles, mais cela ne signifie pas que ce sont des adorateurs de Satan. Ils n’ont pas porté atteinte au rituel religieux et il n’y a pas eu de sacrilège», a expliqué le juge d’instruction Salah Moukheiber.
Les amis de Jihad Akar avaient tracé un dessin étrange sur le cercueil, sous lequel ils ont écrit le mot «Alive» (vivant). Ils avaient mis plus tard de la musique pop dans le cimetière en s’enlaçant «de manière lascive», selon des habitants de Kfar Hazir, un village de la région de Koura.
«Je n’avais jamais assisté à pareilles pratiques et j’ignore leur signification. Elles sont étrangères à nos traditions et certaines vont à l’encontre des enseignements de l’Eglise», a déclaré le curé du village, le père Toufic Fadel.
«C’était la musique préférée de Jihad: une chanson de Eddie Vedder du groupe Pearl Jam et une partition de Nasrat Fatih Ali Khan», ont expliqué ses amis.
De tout ce qui précède, il apparaît donc clairement que l’affaire n’est pas encore tirée au clair.
Et c’est peut-être là que se situe le nœud le plus inquiétant.
Nombre de parents vivent dans la psychose et la panique et ont déjà entrepris d’interdire à leurs enfants d’écouter toute musique bruyante ou de se rendre dans des lieux sûrement pas sataniques mais dont les noms suffisent à rappeler de près ou de loin tout ce qui se rapporte aux adorateurs de Satan.
Ainsi donc, l’affaire est sûrement grave. Mais elle continuera de faire couler encore beaucoup d’encre.
Satan a-t-il réellement des «adorateurs» au Liban et les sectes sataniques sont-elles vraiment aussi fortement implantées dans notre pays et parmi notre jeunesse que certains tendent à le croire et à l’affirmer?Telle est la question qui se pose aujourd’hui dans divers milieux à l’heure où l’arrestation de jeunes adeptes présumés de sectes sataniques suscite...