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Actualités - ANALYSE

Prorogation du mandat présidentiel : les députees circonspects

Chat échaudé craint l’eau froide. Cette fois-ci on ne les y reprendra plus: les députés évitent comme la peste toute discussion sur une nouvelle prorogation du mandat du président Elias Hraoui en 98. En 95, ils avaient poussé les hauts cris et déclaré à 95% qu’ils ne laisseraient pas la prorogation se faire. Et c’est à 95% qu’ils l’ont votée quand d’un claquement de doigts on leur en a donné l’ordre.
Alors ce coup-ci ils veulent au moins sauver la face et se cantonnent dans un silence prudent: on verra bien, le moment venu, ce que les décideurs voudront...
Mais bien entendu les parlementaires, pour expliquer leur discrétion, invoquent d’autres raisons: «Parler de prorogation, qu’on soit pour ou contre, équivaudrait à ouvrir dès à présent la bataille des présidentielles» dit l’un d’eux. «Ce serait bien trop prématuré et on dresserait pour de longs mois les Libanais les uns contre les autres, les partisans du renouvellement s’opposant avec acharnement à ses adversaires...», ajoute-t-il. Un point de vue qui étend un peu abusivement à l’ensemble de la population l’intérêt que les politiciens portent à ce genre de questions. Il n’en est pas moins exact qu’en circuit fermé le débat peut provoquer de fortes tensions et raviver l’hostilité qui marque ces derniers temps les relations entre différents pôles du pouvoir. L’instabilité politique chronique en serait démultipliée et, comme en 95, la polémique sur la prorogation aggraverait la crise socio-économique en affaiblissant la Livre que la Banque centrale avait dû protéger il y a deux ans en engageant ses réserves monétaires à hauteur d’un bon milliard de dollars... Ce facteur étant comme on sait tout à fait prioritaire aux yeux de M. Rafic Hariri, il avait alors proposé d’avancer la date des présidentielles pour abréger l’effet des tensions qu’elles suscitaient. Faisant aujourd’hui écho aux députés, mais pour d’autres raisons, les haririens recommandent de leur côté qu’on n’ouvre pas de sitôt le dossier de la prorogation et qu’on attende de voir comment la situation régionale va évoluer car c’est d’elle que dépendra en définitive le choix entre maintenir M. Elias Hraoui ou lui trouver un successeur...
Un Conseil d’autant plus sage que de l’aveu de parlementaires qui ont posé la question à Damas et à la diplomatie U.S. «les grands électeurs extérieurs ont pour le moment bien d’autres chats à fouetter pour s’intéresser à des présidentielles libanaises encore très éloignées dans le temps. Elles devront en effet intervenir dans 16 mois et, d’ici là, beaucoup d’eau peut couler sous les ponts, beaucoup de choses arriver ou changer... Grosso modo, estiment ces sources, le maintien du blocage actuel pourrait nécessiter celui du régime. Une reprise par contre des pourparlers syro-iraéliens pourrait impliquer le choix de tel ou ou tel nouveau chef de l’Etat libanais, les critères à retenir dépendant sans doute de l’orientation qu’on aura empruntée sur le plan des négociations. A telle forme de paix correspondait tel personnage et à telle autre, tel autre...» Et d’ajouter mezza voce que «peut-être nos dépendances seraient plus fortes, et peut-être seraient-elles plus relâchées... Il faut attendre et voir...» Sur quoi les puissances vont s’entendre, le cas échéant.
Toujours est-il que ces députés, qui ne veulent donc pas «discuter car c’est trop tôt» indiquent quand même qu’à leur avis «une éventuelle prorogation pour M. Hraoui entraînerait comme en 95 une prorogation de la mission confiée au général Emile Lahoud». Une manière subtile de laisser entendre que, toujours à leur avis, si M. Hraoui devait être remplacé un jour cela devrait être par le commandant en chef de l’armée dont on garderait la place au chaud en le maintenant en active. Ce qui, soit dit entre parenthèses, ne devrait pas en principe être beaucoup du goût des haririens, toujours à couteaux tirés pour le moment avec les supporters de Yarzé. Lesquels rappellent non sans malice qu’en 95, «certains dirigeants», on devine facilement lesquels, voulaient que le renouvellement pour le commandement se fasse année après année, mais que les décideurs leur avaient donné tort en liant la durée de cette rallonge à celle apportée au mandat de M. Hraoui...

E.K.
Chat échaudé craint l’eau froide. Cette fois-ci on ne les y reprendra plus: les députés évitent comme la peste toute discussion sur une nouvelle prorogation du mandat du président Elias Hraoui en 98. En 95, ils avaient poussé les hauts cris et déclaré à 95% qu’ils ne laisseraient pas la prorogation se faire. Et c’est à 95% qu’ils l’ont votée quand d’un...