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Actualités - OPINION

Le feu sacré

Le 29 mai 1995 s’éteignait subitement Joseph Moghaïzel qui venait d’être nommé ministre de l’Environnement. Deux ans plus tard, presque jour pour jour, Laure Moghaïzel a rejoint hier son fidèle compagnon de route. Quoi de plus symbolique que cette similitude dans le timing du dernier voyage pour clôturer une vie conjugale commune consacrée presqu’entièrement à la lutte pour la défense de l’homme et l’édification d’un Etat de droit réellement laïc.
Tout comme son défunt époux, Laure Moghaïzel s’est constamment distinguée par un fervent engagement au service d’un idéal politique, d’un modèle de société. Aux côtés de Joseph Moghaïzel, elle a mené une vie de militantisme actif, d’abord dans les rangs du parti Kataëb, puis dans le cadre du Parti démocrate dont elle fut l’un des principaux fondateurs, au début des années 70, avec Joseph Moghaïzel, l’ancien ministre Emile Bitar, et MM. Bassem Jisr, Toufic Moawad, Sami Nassar...
Les longues années de guerre et ses multiples retombées complexes n’ont pas eu raison du feu sacré qui a entretenu l’infatigable engagement de Laure Moghaïzel. Elle n’a cessé de déployer, après le déclenchement de la crise libanaise, des efforts inlassables afin de défendre les droits de la femme et, d’une manière plus globale, certaines valeurs morales. Faisant preuve d’une persévérance et d’un suivi peu communs au Liban, elle ne répugnait jamais à assaillir députés et ministres afin d’obtenir l’amendement ou l’abolition de textes de lois jugés inacceptables pour les conditions de la femme libanaise dans un monde moderne, à l’orée du troisième millénaire.
Son dévouement sans pareil et son total désintéressement lui ont valu un crédit et un estime qui lui ont permis d’exprimer ce don de soi à l’étranger, à la demande de nombreux organismes arabes et internationaux.
Fait rare — non seulement au Liban mais également dans le monde d’aujourd’hui, en général — Laure Moghaïzel a su concilier entre sa vie professionnelle active, son engagement continu et les impératifs de la cellule familiale. Ses multiples activités n’ont pas occulté son rôle de mère de famille et ne l’ont pas empêchée d’être proche de son époux et aussi de ses enfants, devenus rapidement des «amis», puis des partenaires précieux dans la vie active. C’est, en définitive, ces rapports familiaux fondés sur le respect et l’estime qui auront, en quelque sorte, parachevé en beauté l’œuvre indéniable accomplie par Laure Moghaïzel.

Michel TOUMA
Le 29 mai 1995 s’éteignait subitement Joseph Moghaïzel qui venait d’être nommé ministre de l’Environnement. Deux ans plus tard, presque jour pour jour, Laure Moghaïzel a rejoint hier son fidèle compagnon de route. Quoi de plus symbolique que cette similitude dans le timing du dernier voyage pour clôturer une vie conjugale commune consacrée presqu’entièrement à la...