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Actualités - INTERVIEWS

Lors d'une interview télévisée organisée par Orbit Hariri se prononce pour le maintien du système confessionnel

Le premier ministre Rafic Hariri s’est prononcé samedi pour le maintien du système confessionnel dans le pays, et notamment de la répartition des trois présidences entre les communautés maronite, sunnite et chiite, tout en se disant ouvert à un développement de la loi électorale. Il a en outre défendu son bilan économique et social et invité les Libanais à profiter de la visite du pape en mettant en pratique le principe de la coexistence.
M. Hariri était interrogé par le journaliste égyptien Imadeddine Adib, de la chaîne séoudienne par satellite Orbit. Son interview, diffusée simultanément par Télé-Liban, Future et Orbit, était la dernière de la série d’entretiens réalisés au Liban par M. Adib.
Voici des extraits des propos du chef du gouvernement:
— «La situation économique et sociale: «Afin de pouvoir évaluer la situation, il faut revenir un peu en arrière. Je suis arrivé au gouvernement il y a cinq ans. A l’époque, la monnaie nationale était en pleine dégringolade et les gens n’avaient pas d’espoir dans l’avenir. Il est vrai que les gouvernements antérieurs avaient commencé à désarmer les milices et avaient franchi des pas considérables sur cette voie, mais en revanche, aucune personne déplacée n’avait pu encore regagner son foyer, l’inflation galopait à 20%, les destructions étaient encore partout et il était même impossible de nettoyer les rues. La situation était très mauvaise. L’infrastructure était détruite, le courant électrique distribué quelques heures par jour, les lignes téléphoniques coupées, le chômage généralisé, et l’émigration importante.
«Voilà où en étaient les choses il y a cinq ans. Depuis que nous sommes au pouvoir, la monnaie s’est stabilisée et repris de la force, ce qui a permis de faire baisser les taux d’intérêt. Nous avons aussi réussi à rendre la confiance aux Libanais dans leur pays et à rétablir celle de l’étranger dans le Liban. Les capitaux ont alors commencé à affluer, et nous avons pu entamer un programme géant de réédification de l’infrastructure du pays.
«Il y a une chose dont on ne parle pas beaucoup, c’est la lutte que nous avons menée contre l’économie parallèle. Il y avait par exemple la contrebande des armes, et la culture et le trafic de drogue. tout cela existait durant la guerre. Maintenant, cette économie parallèle n’existe plus, ce qui veut dire que les rentrées dans ce domaine se sont définitivement arrêtées.
«Nous essayons de relever le niveau de vie de tous les Libanais. Je défie quiconque de me contredire: les budgets que nous consacrons aujourd’hui à l’éducation et à la santé sont de loin les plus importants de l’histoire du pays. Le revenu annuel moyen par habitant distribué de manière égale. 3.600 dollars, ce n’est pas beaucoup si on le compare aux pays riches qui ont un revenu moyen de dix, quinze ou vingt mille dollars, mais c’est le plus élevé des pays arabes, à l’exception des pays pétroliers. Cela ne signifie pas que je suis satisfait. Je voudrais que l’Etat puisse faire plus sur le plan social et sur celui de l’emploi. Mais c’est une grande injustice de dire que les prestations sociales reculent dans ce pays. C’est injuste et c’est faux».
— «La corruption: «Je veux être franc. Je ne dirais pas qu’il n’y a pas de corruption et que l’administration est réglée comme une horloge. Mais affirmer que tous les fonctionnaires de l’Etat sont corrompus est une calomnie. Il y a effectivement des fonctionnaires qui ne se comportent pas comme ils le devraient, mais je ne peux pas dire que toute l’humanité est pourrie. Quoi qu’il en soit, ma réponse est que l’administration n’est pas propre à 100%.
«Aucun des hauts responsables n’est corrompu. Nul n’a jamais pu démontrer quoi que ce soit de précis contre tel ou tel ministre. Des accusations de corruption, on en fait dans tous les pays, mais peut-être un peu plus chez nous.
«Nous avons essayé de réformer l’administration en limogeant une partie des fonctionnaires. Mais la loi votée à cet effet n’était pas adéquate, et c’est pourquoi le Conseil d’Etat les a réintégrés. Le problème dans ce pays, c’est quand M. Boutros Harb critique le gouvernement en affirmant que ce dernier ne tient pas compte de l’avis du Conseil de la fonction publique. Lorsqu’il était lui-même ministre, il a fait embaucher 350 cadres à l’Université libanaise sans consulter le Conseil de la fonction publique. Ils sont toujours présents, ils viennent d’une région bien déterminée et s’ils ont été nommés, c’est pour des raisons politiques et électorales».
— La visite du pape: «c’est une étape charnière. Il faut que tous les Libanais, et en particulier les chrétiens, en profitent au maximum, parce que cette visite a établi les fondements de la coexistence. A mon sens, le plus important dans le message du pape c’est son appel à abattre les murs entre les Libanais. Cela est d’une grande importance, car nous vivons tous dans une même région, nous sommes entourés des mêmes dangers, nous avons les mêmes aspirations.
«La coexistence doit être traduite en politique. Depuis l’indépendance, on parle beaucoup de coexistence, mais dans la pratique, les Libanais ne l’ont pas trouvée, peut-être parce qu’ils ne l’ont pas bien cherchée».
— Le système confessionnel et la loi électorale: «Il faut reconsidérer le système électoral. Le député élu au Liban-Sud doit pouvoir défendre les intérêts de ses électeurs, mais quand il exerce ses prérogatives, il le fait pour tous les Libanais, à Beyrouth, au Kesrouan, ou dans la Békaa. Cela nécessite donc une remise en question du système actuel, qui n’est pas propice à la coexistence.
«Le député Nassib Lahoud a indiqué qu’il était indifférent à la taille de la circonscription électorale, à condition qu’on adopte la proportionnelle dans les élections. Personnellement, je ne suis pas contre cela et je ne suis pas pour non plus. Mais c’est une question ouverte au débat et il nous faut développer notre système politique par la concertation. Ce n’est pas du tout un interdit. Il faut qu’on en débatte et qu’on parvienne à des solutions dans un avenir proche afin de donner le temps aux gens pour se préparer aux prochaines législatives.
«Il ne s’agira pas d’annuler les communautés, mais il faut parvenir à créer une classe politique nationale et non plus confessionnelle, tout en préservant la parité entre chrétiens et musulmans.
«Il faut maintenir l’égalité dans le nombre des députés chrétiens et musulmans, car cela est nécessaire à la stabilité du pays et il faut aussi maintenir les présidences comme elles sont: le chef de l’Etat doit rester maronite, le chef du gouvernement sunnite et celui du Parlement chiite.
«Il ne s’agit pas d’un partage du pouvoir. Le président de la République est le président de tous les Libanais. Et en effet, le président Elias Hraoui est un homme qui prend en compte l’intérêt de tous les Libanais. Il en est de même pour le premier ministre et le chef du Législatif».
— La troïka: «c’est une expression qui a vu le jour avant mon accession au gouvernement et qui perdure. Mais ce n’est pas non plus un partage du pouvoir. Le chef de l’Etat et le premier ministre doivent toujours être en accord et coordonner leur action. D’autre part, il est aussi naturel qu’il y ait des relations normales entre l’exécutif et le législatif. Des dissensions entre les deux ne peuvent qu’être dommageables au pays. C’est ce qui est arrivé».
— Les relations avec la Syrie et le processus de paix: «La Syrie a joué un rôle déterminant dans l’arrêt de la guerre au Liban et dans le retour à la stabilité. Elle continue aujourd’hui de jouer ce rôle. Voilà pourquoi il est nuisible à la fois pour la Syrie et pour le Liban de mettre en doute ce rôle.
«D’autre part, nous sommes à présent la cible d’une agression israélienne. Le processus de paix est enrayé. Or jusqu’ici, nous n’avons pas encore complété l’édification de nos propres forces armées.
«La situation de ni guerre ni paix nous est imposée. Nous sommes pour la paix, mais nous ne pouvons pas y parvenir tout seuls».
Le premier ministre Rafic Hariri s’est prononcé samedi pour le maintien du système confessionnel dans le pays, et notamment de la répartition des trois présidences entre les communautés maronite, sunnite et chiite, tout en se disant ouvert à un développement de la loi électorale. Il a en outre défendu son bilan économique et social et invité les Libanais à profiter de la...